Il y a pile 25 ans apparaissait la plus belle machine à voyager dans le temps du cinéma, la DeLorean DMC-12 modifiée par « Doc » :

C’est l’occasion de faire une petite revue de films montrant des machines à voyager dans le temps, dans le contexte des articles précédents sur la possibilité du voyage dans le temps et les natures du temps en physique.
Dans les « Retour vers le futur » et ses suites, le « convecteur temporel » consomme une puissance de 1.21 GigOwatt (sic…), soit une fraction de la puissance d’un éclair pour faire sauter instantanément la DeLorean et ses passagers à une date pré sélectionnée.
A noter que tous les voyages dans le temps au cinéma se font par « sauts », à une exception notable : la fameuse Machine à explorer le temps de 1960 et son remake de 2002, tirés du roman de H.G. Wells de 1895. Lorsque la machine se déplace dans la 4ème dimension son occupant voit le temps défiler en accéléré où à rebours à l’extérieur de son engin, et la stoppe à la date choisie. Voyez ou revoyez cette magnifique séquence:
Le vaisseau spatial relativiste de La Planète des Singes, version 1968 effectue aussi un voyage continu et sans retour vers l’avenir, ce qui ne pose aucun problème théorique et n’est donc pas un vrai voyage dans le temps.
Par contre, l’excellent « Contact » devrait à mon sens être considéré comme un voyage dans le temps, car la capsule occupée par Jodie Foster traverse un « trou de ver » où s’écoulent quelques heures, puis elle revient exactement à l’emplacement et au moment du départ de sorte que les observateurs ne s’aperçoivent de rien, au point de contester la réalité du voyage. De plus la machine est très belle :
Dans plusieurs films, la machine existe mais n’est hélas pas montrée. Ainsi dans les Terminator on voit un terrible robot du futur apparaître dans un festival d’effets pyrotechniques, mais on ignore pourquoi il doit revêtir la peau du gouverneur de Californie pour voyager dans le temps…
L’ Armée des douze singes ne s’étend pas non plus sur la machine proprement dite, et c’est le seul reproche que je ferai à ce film génial, car l’un des seuls représentant un « univers bloc » avec Prémonitions (sans machine) et Time Crimes (machine ressemblant à un chaudron de fromager vu le budget du film, en attendant le remake). Sans dévoiler la chute de ces excellents films, disons simplement que ce sont les seuls dans lesquels le voyageur ne peut absolument pas modifier le cours des choses, contrairement à tous les autres films dans lesquels les interventions des voyageurs dans le passé influent sur l’avenir, le plus souvent en créant des « univers parallèles » ou des « bifurcations de l’espace-temps ».
Par exemple, je vies de voir à la poursuite du passe (merci Stefano), film intéressant qui débute par la découverte du cadavre d’un voyageur temporel avant que le voyage n’ait lieu. On y voit cependant un prototype de machine envoyer une pomme 4 secondes dans le passé. La pomme apparaît donc « à double » à quelques centimètres de son point de départ avant que l’opérateur n’appuie sur le bouton lançant l’expérience, et lorsqu’il le fait elle disparaît de son point de départ. Mais qu’arriverait-il s’il n’appuyait pas sur le bouton une fois la pomme apparue ? Et bien dans ce cas c’est la pomme voyageuse qui disparaît au moment où il aurait du le faire. Appuyer sur le bouton, ou ne pas appuyer, ce choix binaire crée deux futurs possibles. Simple, non ?
D’ailleurs, il n’y a pas forcément besoin d’envoyer physiquement un voyageur dans le temps pour créer un paradoxe, la transmission d’information suffit. Ainsi dans « Déjà Vu » et « Paycheck« , des machines permettent de voir ce qui va se produire dans l’avenir, et évidemment d’agir pour infléchir ce futur. Dans « Paycheck« , le fonctionnement de la machine est même décrit comme « optique », consistant à observer « des rayons lumineux ayant dépassé la courbure de l’univers »… Inutile de dire que la physique n’est pas le point fort du film.
D’ailleurs, parmi les voyages dans le temps au cinéma, seule une petite moitié fait intervenir une technologie de science-fiction. Beaucoup de films sont plutôt basés sur le magique ou le fantastique, comme
- « Entre deux rives« , où deux personnages vivant à quelques années de différences s’échangent des messages à travers une boîte aux lettres
- « C’est arrivé demain« , où le héros reçoit le journal du lendemain, sans explication
- « Minority Report« , où des mutants voient les crimes qui auront lieu dans un futur proche grâce à un don parapsychologique
- la « tempête électromagnétique » de Nimitz, retour vers l’enfer ou la version de 2001 de La Planète des Singes par exemple.
- la potion magique des « Les Visiteurs » ou la baguette d’ « Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban »
- le pouvoir psychique mystérieux comme dans « L’Effet papillon«
- « Un jour sans fin« , où le héros condamné à revivre sans cesse la même journée par une force surnaturelle
- « Prémonitions », où l’héroïne vit inexplicablement les jours d’une semaine dans le désordre
- etc.
A quand un film basé sur une machine à voyager dans le temps « moderne » comme celle imaginée par Paul Davies par exemple ? Lucas, Spielberg, Cronenberg, Zemeckis, can you read me ?
30 commentaires sur “Les voyages temporels au cinéma”
Minute Physics a consacré une vidéo à la représentation des différents scenaris:
https://youtu.be/d3zTfXvYZ9s
vu Predestination, avec un magnifique paradoxe joliment justifié par l’univers bloc, et une machine temporelle portable
Oui, ‘Predestination’ est un très bon film (et très agréable pour les neurones parce que, comme tu l’as dit, l’univers bloc sert à justifier un superbe paradoxe).
Quant à ‘Primer’, il m’a effectivement fallu le visionner trois fois pour que mon cerveau y voit enfin plus clair.
Pas grand-chose à voir: je veux juste signaler un film que j’ai bien aimé Coherence, presque expérimental, qui exploite l’interprétation multiverselle à la Everett (un des personnages s’appelle d’ailleurs Hugh: simple coïncidence?), la décohérence quantique et le paradoxe du matou Padbol de Schroedinger. Toujours pas compris le lien entre le passage de la comète et l’événement X (inconnu) déclancheur de la superposition temporaire des multivers. En supposant qu’il ne s’agisse pas que d’un artifice narratif. Mais à vrai dire, c’est surtout l’aspect psychologie sociale et « choix éthiques » qui m’a le plus intéressé.
non la plus belle machine à voyager dans le temps après le Tardis c’est un jacuzzi … sisi http://www.youtube.com/watch?v=_TXNEE6SaoI
dans « Primer » nos héros voyagent dans le temps grâce à des caissons… en attendant que le temps passe car quand ces caisses sont isolées le temps passe à l’envers.
j’ai découvert le concept de « hard science fiction » avec ça.
un film qui ne s’embarrasse pas d’effets spéciaux pour rester intéressant.
Enro me signale que le Forum des Images projette toute une série de films sur le temps jusqu’en février à Paris. Voir http://www.ecranlarge.com/article-details-18043.php
J’aimerais retrouver un tout vieux, réalisé par Pierre Tchernia… à partir du roman de Barjavel : « Le voyageur imprudent ».
Je crois que le film contient les termes « diable vert » (qui font référence au scaphandre du voyageur dans le temps…
Un film excellent… mais semble-t-il un peu oublié.
apparemment c’est un téléfilm qui s’appelle aussi « Le Voyageur Imprudent« .
Et voici une infographie retrouvée sur la boite verte avec les principaux voyages dans le temps au cinéma:
http://www.laboiteverte.fr/les-voyages-dans-le-temps-a-la-television-et-dans-les-films/
Oui, elle est chouette en effet (surtout les « ultraparadoxes ») merci.
la source originale était sauf erreur sur informationisbeautiful, un très bon blog à suivre… oui c’est ici
Il y a également Primer, un film indépendant réalisé pour une poignée de dollar mais qui reste très impressionnant, un bel exemple récent de hard science-fiction même si on se perd un peu en route (quoiqu’il me semble que c’est ce que souhaitait le réalisateur).
http://en.wikipedia.org/wiki/Primer_%28film%29
http://xkcd.com/657/large/
oui merci… il a déjà été mentionné dans un commentaire précédent, je l’ai vu (une fois) et c’est effectivement très bon.
Et merci pour le 2ème lien vers les graphiques espace/temps de certains films. J’avais vu puis perdu ce lien, le graphique de « Primer » aurait du m’intriguer 🙂 J’aimerais bien me lancer dans un vrai graphique de ce film, mais il faudrait que je le revoie 2 ou 3 fois…
Dans le genre : un épisode des 4 fantastiques en dessin animé… L’idée est la même que dans Retour vers le futur 2.
Finalement, on a inventé une sacrée machine à remonter le temps, déjà : l’enregistrement photographique, sonore, cinématographique, scriptural,…
Dans le roman L’invention de Morel, de Bioy Casares (un copain de JL Borges), un type atterrit sur une île où il observe discrètement des gens qui vivent la même journée sans fin. En fait c’est un dispositif mécanique (dont le fonctionnement technique ne nous est pas expliqué : hologrammes ?)… Pour finir le type se fond dans la machine, puisqu’il veut faire partie de ce monde
Le 3 ou 4e épisode de la planète des singes revient sur notre terre, c’est assez idiot.
Un film intéressant est Je t’aime, je t’aime, d’Alain Resnais, où la machine à remonter le temps permet juste de se balader dans des souvenirs personnels.
Contact : très bon film dont personne ne parle jamais, dont l’auteur initial est un scientifique puisque c’est une adaptation d’un roman de Carl Sagan…
Mentionnons également Superman, qui pour sauver sa chérie d’un embourbement fatal, vole (c’est sa spécialité) extrêmement vite autour du globe dans le sens anti-horaire et réussi par là à remonter de quelques minute et à intervenir. Là la machine à remonter le temps est un déplacement très rapide!
Il y a vraiment beaucoup de voyages temporels au cinéma, et encore plus dans les séries télévisées. J’ai tenté d’éviter de mentionner les plus ridicules… Quelqu’un a vu « Godzilla vs King Ghidorah » ?
Si mes souvenirs sont bons, il me semble que c’est 2.21 GigoWatt au lieu de 1.21 GigoWatt …
selon la wikipedia : « le convecteur temporel nécessite une puissance de 2,21 gigawatts (1,21 dans la version originale) « . Donc on a raison tous les deux 🙂
En fait il semblerait qu’en VO Doc prononce « GigAwatt » alors qu’en VF on a droit aux « GigOwatt », d’où on pourrait déduire soit que 1 GigOwatt=1.21/2.21 gigAwatt, soit que les traducteurs sont nuls en maths+physique….
Le film l’Armée des Douze Singes est un remake d’une sorte de film composé de photos, réalisé en 1962 par Chris Marker : La jetée. C’est assez court et vraiment bien.
Vous le trouverez ici :
http://www.dailymotion.com/video/xz5cs_la-jetee-1962_creation
Tu peux également citer « The time traveler’s wife » ou le personnage à cause d’un problème génétique fait des sauts dans le temps.
Dans Donnie Darko, le personnage principal revient dans le temps pour sauver sa petite amie.
Enfin l’excellente série anglaise Doctor Who ou le personnage principal utilise une machine (technologie estra terrestre) pour voyager dans le temps.
Je suis étonné de ne pas voir le récent « Primer » http://www.imdb.com/title/tt0390384/ dans cette liste, qui entre autre résout brillamment la question de savoir si voyage dans le temps équivaut à voyage dans l’espace (la Terre se déplaçant dans le temps), ainsi que d’autres problèmes inhérents au voyage dans le temps sur lesquels je ne vais pas m’attarder, en disant simplement qu’on ne peut voyager en arrière que jusqu’au moment où la machine a été allumé ! Ce qui sous-entend qu’il faut placer la machine aux deux points d’espace-temps que l’on souhaite joindre.
c’est tout bêtement parce que je ne le connaissais pas, mais je vais le voir d’urgence car le principe que vous décrivez est bien celui de la machine de Paul Davies. Merci pour le tuyau !
Ouch. J’ai vu « Primer » pour la première fois, mais ça ne suffit pas. Comme le dit un critique cité sur la wikipédia « quiconque prétend avoir compris ce qui se passe dans Primer après ne l’avoir vu qu’une fois est soit un savant, soit un menteur ». Il faut que je le regarde à nouveau en faisant un diagramme inspiré de celui-là pour avoir une chance. Film vraiment étonnant (et à très petit budget, comme quoi c’est possible…) merci beaucoup pour l’info.
Au temps pour moi, je ne l’avais pas vu sous cet angle là.
Bon, ben ce film est définitivement une sombre bouse, alors.
Coïncidence : quelques minutes après avoir bouclé cet article, j’ai reçu le « pour la Science » de Novembre, consacré en grande partie au temps. Il y une quinzaine d’articles sur le sujet, par Etienne Klein, Carlo Rovelli et Paul Davis entre autres. Ne le manquez pas !
Je ne sais pas si tu as vu Terminator 3 (une sombre bouse au passage), mais la seule bonne idée du film tient justement dans le fait que le futur n’a été changé en rien par les actions des protagonistes des films précédents.
Oui Terminator 3 est « univers bloc », mais pour moi c’est la mauvaise idée du film, car elle est incompatible avec les épisodes précédents.
SI un jour on construit une machine à remonter le temps, la première expérience qu’on fera sera de savoir si on est dans un univers bloc (futur non modifiable) ou pas (univers parallèles), comme avec la pomme de « A la poursuite du passé ». Si on est dans un univers bloc, rien ne sert d’essayer d’intervenir dans le passé, et les méchantes machines de Terminator, avec leur logique implacable, n’auraient jamais envoyé le Terminator 1 car il aurait été clair que cette intervention serait la cause de leur problème. Si elle ont envoyé Terminator 1, c’est que les tests préliminaires avaient montré que le futur était modifiable, et donc Terminator 3 est incohérent.
Dans un univers bloc, la seule raison d’effectuer un voyage vers le passé est de « seulement » collecter des informations, comme dans « l’armée des 12 singes »…
Sans oublier le fabuleux Next avec le héros/droopy qu’est Nicolas Cage. Dans lequel le réalisateur nous gratifie d’une scène de parallélisme à couper le souffle de la ménagère de moins de 50 ans. De l’acteur dopé à l’OpenMP 🙂
je vois que je me suis laissé dériver à l’insu de mon plein gré en dehors du thème des machines à voyager dans le temps, sur le terrain dangereux des pouvoirs paranormaux….
Dans ce domaine, « Next » est effectivement pas mal. J’aime bien toute la partie avant la « scène de parallélisme à couper le souffle », que je n’ai pas comprise. Ok, Cage peut voir ce qui va se produire dans quelques minutes, et modifier le futur selon ses actions présentes. Mais dans tout le film, il doit effectivement agir, pas seulement penser aux choix possibles. Et là tout d’un coup il est capable d’explorer tout un arbre de possibilités en parallèle sans sourcilier. C’est d’une beauté toute hollywoodienne en effet, mais au prix d’une certaine cohérence…