Les résultats du concours d’essais scientifiques sur « La Nature du Temps » ont été proclamés il y a quelques semaines, sans trompettes médiatiques hélas.
Le premier prix va a Julian Barbour pour “The Nature of Time”
Le jury a admiré cet essai pour sa présentation attirante et claire comme le cristal d’un problème de dynamique classique, à savoir de trouver une mesure de la durée de la taille d’un intervalle de temps. L’article débat lucidement et d’une manière historiquement bien informée, qu’un choix approprié d’une telle mesure ne peut être trouvée dans la notion Newtonnienne d’un temps absolu pré-existant, mais émerge plutôt sous la forme d’un temps éphémère, des mouvements obsrvables et de l’hypothèse de la conservation de l’énergie. L’article suggère également comment cette émergence de la durée peut s’appliquer aux problèmes de gravité quantique.*
Le second prix va à Claus Kiefer pour“Does Time Exist in Quantum Gravity?”
Un problème fondamental en gravité quantique est que l’équation de Wheeler-DeWitt, probablement notre équantion la plus fiable en gravité quantique, ne se réfère ni même ne suggère quoi que ce soit à propos du temps oude l’évolution. Dans ce contexte le temps doit émerger sous forme de relations entre un système donné et un autre qui pourrait être considéré comme une horloge. Kiefer décrit (reviews) ce problème de façon magnifique et propose comment, grâce à la « décohérence quantique », le temps décrit par l’équation de Schrödinger habituelle en mécanqiue quantique peut émerger d’un substrat dépourvu de temps, via l’imbroglio (entanglement) entre les systèmes physiques de l’espace, et la métrique spaciale qui contrôle le mouvement.*
Le troisième prix est décerné à Sean Carroll pour “What if Time Really Exists?”. (Sean maintient le blog Cosmic Variance grâce auquel j’ai découvert ce concours)
Poursuivant sur des développements récents de la théorie des cordes , Carroll a impressionné le jury par un intéressant (exciting) rapport sur comment un espace-temps gravitationnel pourrait en fait n’être qu’une approximation holographique d’une théorie sans gravitation dans laquelle le temps « existerait vraiement » . Observant les difficultés soulevées par d’étranges récurrences dans un univers éternel, il soutient une forte condition sur l’ensemble des états quantiques permis qui interdirait ces répétition. Carroll termine en tenant de réconcilier cette image avec les observations récentes qui indiquent que l’expansion de l’univers accélère, avec des résultats surprenants.
Le premier prix de la communauté, donné par les votes du public, va à Carlo Rovelli pour « Forget Time« .
On le voit, les conceptions modernes du temps en physique sont assez éloignées de l’intuition, et de profondes divergences et interrogations subsistent. Comme le note le jury:
Notez qu’à cause de la difficulté et la subtilité du sujet, il y a eu de nombreuses divergences au sein du jury sur pratiquement tous les essais. La remise d’un prix signifie que le jury reconnait que le gagnant est un essai intéressant et productif pertinent (relevant) : quelque chose qui est bien écrit, dérangeant, stimulant, amusant, etc. Il ne doit pas être supposé que les membres du jury ont cru que l’approche soit complète, sans faute, exempte de critique etc.
Ma propre conception du temps datant d’environ un siècle, je crois que je vais lire ou relire quelques-uns de ces essais en essayant d’y comprendre quelque chose …
Note* : Les paragraphes en italique sont des traductions effectuées par votre serviteur, qui n’est pas un spécialiste… Les corrections et précisions éventuelles sont les bienvenues.
6 commentaires sur “Les Natures du Temps”
salut
le plus interessant , c est de voir l inpliquation du temps imaginaire dans la rupture de simetrie …..tout est la sos nos yeux et nous ne le voyons pas ….lol
non, effectivement, nous ne voyons pas…
Pourriez-vous être plus explicite, si possible avec une référence, sur le lien entre la rupture de symétrie et le caractère imaginaire du temps ?
« Cerveau et Psycho » de mars+avril 2009 consacre plusieurs articles à notre perception du temps. Voyons s’il existe encore des points d’accroche entre les sciences humaines et la physique sur ce sujet…
Ca fait des lustres que je cherche à démontrer quelques incohérences dans la notion de temps objectif. En cela le fameux chat mort/vivant de Schrödinger reste pour moi une interrogation permanente.
Une conception du temps qui date…
Hmmm… quel joli concept récursif !
🙂
Bon, tu nous traduit tout ces essais en français intelligible et tu nous rappelles, hein !
Mais où va-t-il chercher tout ça….
Je traduirais plutôt relevant par approprié ou pertinent plutôt que par productif.
Sinon, je me garderai bien de juger la pertinence de votre traduction, car même si votre conception du temps date un peu selon vous, la mienne doit dater encore plus, car je suis complètement largué à vous lire 🙂
Vincent