En 2018, les Jeux Olympiques d’hiver auront lieu en Corée du Sud à Pyeongchang. Cette petite ville est située vers 37° de latitude Nord, soit au niveau de la Sicile. Quand on sait que la piste de descente[1] est située entre 1370 et 550m d’altitude, on peut comprendre que les organisateurs prennent toutes les précautions pour garantir que les courses puissent avoir lieu si la neige venait à manquer.
Dès 2012, le comité d’organisation a lancé un concours international d’idées à ce sujet. Des résultats concrets ont déjà été obtenus : les canons à neige les plus modernes peuvent désormais produire des flocons lorsqu’il fait +2°C, ou même +20°C avec le tout nouveau modèle réfrigéré d’une petite entreprise québécoise [2]. Une autre possibilité aurait été de réfrigérer toute la piste, comme la piste de bob de la Plagne construite pour les JO d’Albertville de 1992.
Cependant, les besoins en énergie de ces solutions ont été jugés peu compatibles avec des Jeux Olympiques modernes, et après des essais intensifs de différents revêtements synthétiques, c’est finalement l’idée d’un précurseur [3], notre confrère physicien et néanmoins blogueur David Louapre qui a été retenue : les pistes de ski des JO seront recouvertes de gallium .
Ce métal a en effet des propriétés étonnantes que l’on peut voir dans la vidéo ci-dessous, notamment celle de fondre à environ 30°C. Mais il en a une de plus, commune avec la glace : l’augmentation de la pression tend à le faire fondre. Voilà la clé d’une bonne glisse : la pression des skis s’ajoute à l’échauffement produit par le frottement pour faire fondre les flocons de neige ou le gallium, ce qui crée un film liquide lubrifiant.
Les premiers essais effectués secrètement sur des pistes en Chine, principal producteur de gallium, ont été couronnées de succès : les meilleurs skieurs du monde n’ont pas ressenti de grosse différence en skiant sur une fine couche de ce métal déposée sur une mousse élastique absorbant les chocs.
Après Sotchi 2014 et à moins d’une improbable chute de neige vers 1000m en Corée avant février 2018, un pas de plus sera franchi en direction de Jeux Olympiques « 4 saisons » pouvant se tenir vraiment n’importe où.
Références
- La piste olympique de Jeongseon 2018 peu sélective selon les descendeurs, AFP
- De la neige artificielle à 20°C !
- David Louapre « Skier sur du gallium« , 2011, sur Science étonnante
- [altmetric doi= »10.1103/PhysRevB.65.014114″ float= »right »]Comez L, Di Cicco A, Itié J, Polian A, « High-pressure and high-temperature x-ray absorption study of liquid and solid gallium », 2001, Physical Review B, vol: 65 (1) pp: 014114 doi:10.1103/PhysRevB.65.014114
Commentaire sur “Des pistes en gallium aux JO d’hiver 2018 !”
Joli poisson !