Ainsi donc, le gouvernement Australien vient d’instituer une taxe carbone. Le pays est le 16ème émetteur de CO2 de la planète, et le 11ème par habitant, en bonne partie car 85% de l’électricité y est produite par des centrales thermiques au charbon. Elles n’utilisent pourtant qu’une petite partie des énormes quantités de charbon extraites par l’Australie, dont 75% sont exportés en Asie, principalement au Japon, en Corée, à Taïwan, et même en Chine [1,2].
De fait, l’Australie est le plus grand exportateur de charbon du monde, un secteur employant environ 150’000 personnes, [3] nombre suffisant pour que les politiques se donnent la peine de rassurer, minimisant l’impact de la taxe carbone sur les emplois. Un petit calcul : puisqu’une centrale au charbon dégage environ 1 tonne de CO2 par MWh produit [4], la taxe renchérira l’électricité australienne, une des meilleur marché du monde, de 1,7 centimes d’euro seulement. Mais surtout, cette taxe est inférieure de moitié aux coûts des solutions de captage du CO2 [5] qui étaient jusqu’ici favorisées par le programme « Clean Coal » de l’Australie [6].
Comme le montre J.M. Jancovici [7] sur Manicore (en faveur d’une taxe de l’ordre de 1500 Euros / tonne, 100 fois plus élevée que les taxes carbone introduites jusqu’ici…), une faible taxe n’a aucun effet. Je le rejoins là dessus : des taxes si faibles ne sont que des impôts qui dédouanent les émetteurs de CO2 : « Je paie pour mes émissions, pourquoi devrais-je investir plus pour les éviter ? ». Même avec une taxe carbone à l’australienne, le charbon reste d’assez loin la source d’énergie la meilleur marché.
D’après cette magnifique annonce vue il y a quelques temps déjà dans les journaux australiens [8], les mineurs de charbon ont une autre crainte : « l’énergie nucléaire tuera l’industrie du charbon ».
Même si l’Australie n’a jamais construit de centrale nucléaire, elle m’y a pas non plus définitivement renoncé [9]. Il faut dire qu’elle est aussi le deuxième exportateur mondial d’Uranium, derrière le Canada, et que son territoire est l’un des plus stables de la planète géologiquement… Ses immenses régions désertiques ont même vu quelques champignons atomiques dans les années 1950 [10]. Et le nucléaire, ça ne dégage quasi pas de CO2 et ça coûte à peine plus cher que le charbon. (Si vous voulez compter les risques et les déchets, alors comptez-les aussi les 1500 Euros/tonne de CO2 pour le charbon svp…)
Mais finalement, que l’Australie passe au nucléaire ou pas ne change rien. Comme nous l’a rappelé François Gaille de l’IESE lors du 20ème séminaire de la Comission Energie du CETT il y a quelques jours, les programmes nucléaires dans les BRICKS vont bon train, à peine ralentis par Fukushima/Tsunami (score : toujours zéro morts à 30’000 …). La Chine va terminer ses 27 réacteurs en construction et compte multiplier sa production d’électricité nucléaire par 8 d’ici 2020 [11]. L’Inde, qui a 20 réacteurs en activité, va multiplier sa production par 12 [12]
L’avenir s’annonce donc radieux pour les mineurs australiens, qu’ils piochent dans du charbon ou dans de la pechblende. .. Sinon, les australiens n’ont pas abandonné leur projet de tour solaire d’un km de haut [13], mais il y a un petit problème :
Le kilowatt-heure fourni resterait néanmoins toujours cinq fois plus cher que l’électricité de charbon, qui représente 95% de la production en Australie. Le projet reste donc non rentable au prix actuel des ressources fossiles, poussant les promoteurs du projet à prévoir d’autres sources de revenu annexes : visite touristique, culture sous la serre… [14]
Et c’est vrai que pour voir ça, j’irais volontiers une fois de plus jusqu’en Australie. Mais pour l’énergie, c’est de plus en plus certain : on brûlera tout, vraiment tout. Uranium compris. Peut-être pas en Europe, mais d’autres le feront, et nous vendront les produits faits avec de l’énergie moins chère que chez nous.
Sources:
- Coal in Australia sur Wikipedia
- Coal in Australia sur NewGenCoal
- The Australian Coal Industry – CoalExports
- « Combien de CO2 dégage un 1 kWh électrique ? » sur greenit
- « Paul Broutin (IFP) : quel coût pour le captage de CO2 ? » sur l’Expansion / L’Express
- « Clean Coal » sur Rising Tide Australia
- Jean-Marc Jancovici « Combien plus cher payerions nous les choses avec une taxe carbone ? » sur Manicore
- “Nuclear is bad because it will take out jobs” – Coal Miners sur Depleted Cranium, 27 août 2008
- Nuclear Power in Australia sur Wikipedia
- « Les vieux démons nucléaires de l’Australie. De 1952 à 1957, douze essais britanniques à l’air libre ont contaminé Aborigènes et soldats. » sur Libération
- World nuclear energy production and uranium demand to 2020 sur NextBigFuture
- China and India Rethink Nuclear Power Use after Japan Earthquake sur 2.6 billions
- Technology Overview chez EnviroMission
- « Tour solaire / le projet australien » sur Wikipedia
13 commentaires sur “Charbon ou Uranium ? Les deux, mon kangourou !”
Je suis ingénieur de formation et chercheur. J’aime beaucoup le genre de raisonnement factuels que vous développez sur ce blog. J’avais même tendance à être d’accord, y compris plus d’un mois après que Fukushima I subisse et résiste incroyablement bien à une catastrophe bien au dessus de ce à quoi elle avait été conçue pour résister. « Une vrai démonstration pro-nucléaire » pensais-je alors.
Sauf que 8 mois après, du Japon où je réside, on se rend bien compte qu’un accident nucléaire n’est pas un accident industriel comme un autre. Le seul accident non nucléaire auquel je pourrai comparer ce qui arrive à la région de Fukushima, c’est l’éruption de boue à Java qui rend du jour au lendemain inhabitable une région peuplée et fertile, et ce pour des dizaines d’années, voir des générations. Les comparaisons avec AZF (des morts, des dégâts étendus mais ponctuels) ou une marée noire (plages souillées, écosystèmes fragilisés mais pas plus détruit que par la pollution journalière) s’avèrent bien pauvres.
Comme je connais bien le Japon et la France, je peux me permettre une traduction-fiction. Pour une raison imprévue, qui n’arrive qu’une fois tous les demi-millénaires, un accident semblable a lieu en Bourgogne. Les ingénieurs d’EDF et d’AREVA font de leur mieux, même si on peut critiquer le délais qui s’écoule entre le début de la catastrophe et le moment où ces fleurons de l’industrie nucléaire nationale et internationale se décident à demander de l’aide à l’étranger, sûrement par fierté. Passons sur les messages lénifiants des médias et la panique qui serait sans doute bien pire que ce qui s’est produit au Japon. Au final, les ingénieurs (des héros) ont vraiment très bien fait leur boulot et objectivement le pire a été évité. La centrale est en arrêt froid bien qu’inutilisable et elle sera démantelée en quelques décennies et au total seuls quelques (dizaines de) grammes d’éléments radioactifs se sont échappés.
Mais là la véritable catastrophe commence. Déjà, immédiatement 30km de rayon sont évacués autour de la centrale accidentée (Fukushima I étant en bord de mer, il n’y a eu que la moitié de cette surface d’affectée sur la terre ferme). Je vous laisse compter les hectares de terre arables perdus et le nombre de réfugiés. En une heure, ils doivent quitter leur maison « pour quelques jours par précaution » en emportant le strict nécessaire. Ils ne reviendront jamais, peut-être leurs enfants ou petits-enfants.
Ceux qui vivent plus loin n’ont pas reçu d’ordre d’évacuation, mais que faire ? Faut-il laisser les enfants jouer dehors ? Pourquoi le gouvernement refuse-t-il de [mesure possible pour une poignée de travailleurs du nucléaire mais hors de prix pour tester toute la population d’une région] ? Nous dit-on la vérité ?
Mais les conséquences ne sont pas que locales. Tout autour du monde, les restaurants arrêtent de servir du « boeuf bourgignon ». Le prix des vins de Bourgogne s’effondre, qu’ils aient été produits avant ou après la catastrophe. Toutes les AOC incluant un terroir bourguignon ou d’une région limitrophe deviennent des repoussoirs. L’affichage de la provenance régionale des produits et des mets se systématise, et ce n’est pas pour mettre en valeur la qualité du produit, mais bien pour disculper les soupçons sur une éventuelle provenance depuis la région pestiférée. Les agriculteurs n’ont que leurs yeux pour pleurer, que leur terre ait été effectivement contaminée ou non il faudra des années avant que la confiance puisse revenir.
Bien entendu le tourisme s’effondre dans la région mais plus généralement en France. Les Alpes et le Jura qui se trouvaient dans le sens du vent et ont subit des précipitations importantes les jours qui ont suivit la catastrophe deviennent des destinations sulfureuses. Le flux des touristes n’est pas tari, mais diminue assez pour que qu’un bonne moitié des hôtels et stations de sport d’hiver ferment, en particulier les ceux destinés aux familles. L’eau d’Evian met la clef sous la porte.
Nous ne sommes que 8 mois après, je n’ai pas de boule de cristal pour deviner ce qui va se passer ensuite. J’ai sciemment laissé de côté l’influence du tsunami et du séisme, me limitant au seul accident nucléaire très bien géré. Notez qu’il n’y a pas un mort. Il n’empêche que c’est une situation terrible, un risque très difficile à assumer et impossible à chiffrer ou à assurer.
ça va peut-être surprendre, mais j’adhère totalement à votre vision du risque nucléaire : il s’agit d’un risque économique beaucoup plus qu’humain.
Effectivement, une catastrophe nucléaire rend inhabitable des km2 de surface souvent fort dense pendant des années plus qu’il ne tue, comparativement au charbon par exemple qui cause 6000 morts par an rien que dans les mines chinoises, et on ne compte pas les cancers des poumons (dans des zones tellement polluées qu’il aurait fallu les évacuer ?)
Donc on se retrouve à comparer un très faible risque d’une énorme perte économique (2 accidents nucléaires majeurs sur 440 réacteurs de 24.4 ans d’âge moyen, soit plus de 10’000 ans de fonctionnement cumulé ) à une certitude de perdre des centaines de vies humaines par année.
Pour répondre à la question, il suffit d’évaluer le prix d’une vie humaine en km2*an, or j’ai tendance à considérer qu’une vie humaine à une valeur très élevée…
De même, je crois que nous nous rejoignons. Mais dans la balance il ne faut pas oublier le social, le culturel, le sentimental, bref, tout ce qui fait le « sens de la vie ». Perte d’emplois, déracinement, perte du rôle social, tout cela peut être causé par l’économie. Mais ici ce sont les conséquences directes de la catastrophe, comme s’il y avait eu une invasion soudaine et sans résistance possible, un pillage, une déportation et qu’on avait semé du sel pour que rien ne repousse. L’humanité est capable de se faire ça à elle-même de nombreuses façon, mais je ne peux pas m’empêcher de trouver ça barbare et d’espérer le progrès.
« …j’ai tendance à considérer qu’une vie humaine à une valeur très élevée… »
C’est tout à votre honneur! Malheureusement, cette opinion n’est manifestement que peu partagée parmi nos décideurs. Récemment, je suis tombé sur un site décrivant les 10 boulots les plus dangereux aux USA [1]: 5 sont liés aux énergies renouvelables!
3) Bûcherons: biomasse
4) Monteurs de structures: éolien
7) Paysans: biomasse
8) Monteurs de lignes HT: extension du réseau
9) Couvreurs: capteurs solaires
Et bien entendu… 5) Mineurs de charbon!
Cette mortalité très élevée contribue largement à rendre ces énergies plus dangereuses que le nucléaire [2]. Il est aussi intéressant de comparer aux employés de cette dernière industrie [3], qui montrent un « healthy worker effect » très prononcé – à comparer avec le « dead worker effect » ci-dessus 🙁
Sur cette base, on peut penser que le risque largement partagé d’un accident nucléaire (et ses importantes conséquences économiques et sur la qualité de vie) est paradoxalement la meilleure garantie de sécurité pour cette technologie. Inversement, l’enthousiasme pour le « tout renouvelable » sans le moindre esprit critique cache mal la volonté très égoïste de fourguer le risque sur les seuls travailleurs. Le fait que cette tendance est particulièrement présente à gauche – et même chez les syndicats [4]!!! – est proprement ahurissant.
[1] « The deadliest jobs in America », http://www.cnbc.com/id/24131764
[2] « Lifetime deaths per TWH from energy sources », http://nextbigfuture.com/2011/03/lifetime-deaths-per-twh-from-energy.html
[3] Howe, Zablotska, Fix, Egel & Buchanan, « Analysis of the mortality experience amongst U.S. nuclear power industry workers after chronic low-dose exposure to ionizing radiation », Rad. Res. vol. 162, pp. 517-526, 2004, http://www.cna.ca/english/pdf/studies/radiation_study/radiationstudy10-04.pdf
[4] Position de la centrale syndicale UNIA : http://www.unia.ch/uploads/media/Sortir_du_nucléaire_en_Suisse_maitenant.pdf
Merci de votre réponse, et de votre remarque (production hydraulique). Je ne suis pas d’accord avec vous sur le « sans incident majeur » concernant EDF, puisque cela revient à faire d’une éventuelle occurrence le seul moyen de mettre la production nucléaire en débat (en France), et puisque la nature des dégâts qu’une catastrophe nucléaire occasionne n’est pas acceptable de mon point de vue. Ce ne serait pas un fait comme les autres.
De plus, vous me contredirez si je me trompe, je doute que les recherches sur les énergies renouvelables aient pu bénéficier d’autant de moyens que le nucléaire ces dernières décennies. Cela va changer chez nos voisins, et ailleurs. On peut alors envisager des rendements meilleurs dans la prochaine décennie, on peut envisager aussi une production de ces cellules moins polluante elle-même, on peut tout de même accorder un vrai crédit sur l’apport que peuvent représenter ces productions solaires – idem pour les éoliennes). C’est un peu l’oeuf ou la poule votre histoire de rendements, et de méchants lobbies.
Et puis nier le lobbying nucléaire en France c’est aller loin, même l’avocat du diable devrait s’en garder :).
Dire qu’on est libre d’essayer des alternatives, c’est également oublier que le débat politique est tout simplement confisqué depuis la mise en place de cette production d’énergie, il y a 50 ans, et que rien ne semble pouvoir changer cette donne jusqu’à aujourd’hui. (en France, toujours) C’est oublier également que rien n’incite le contribuable Français à se lancer seul dans l’aventure, ou si peu.
A titre d’exemple, comment expliquer que le coût d’un démantèlement nucléaire n’apparaisse pas à l’achat d’un kWh nucléaire, tandis que d’un autre côté, on défavorise l’implantation d’éoliennes en imposant la mise en dépôt du coût du démantèlement avant même la construction de l’éolienne ?
Pourquoi un tel besoin de biaiser si la solution nucléaire était si performante ?
Vous avez fait vous même ces calculs (dans l’un de vos billets précédents).
Une dernière remarque pour apporter de l’eau au moulin, concernant le stockage pour le solaire ou l’éolien.
On peut aussi envisager de faire comme avec le nucléaire: produire trop, ou pouvoir trop produire. C’est sans doute préférable de couper une cellule ou une éolienne que de forcer un pays entier à s’illuminer toutes les nuits. (au frais du contribuable, et permettant un autre maquillage du prix réel prix du kWh nucléaire)
Cela ne règlerait pas le problème tout à fait, mais permettrait de le lisser sans doute un peu.
Bonjour,
le problème, c’est que pour comme vous dites, « en construire de nouvelles en tenant compte de nos erreurs passées plutôt que de maintenir trop longtemps des antiquités », il faudrait s’assurer aussi que leur exploitation se fait dans un autre esprit que l’enrichissement des classes dirigeantes, avec l’assurance également d’en sortir dès que possible.
La voie que vous préconisez, et vous n’êtes pas le seul, me semble celle attendue des naifs par cette classe que je mentionnais juste a-dessus.
Bref, ce que vous dites n’est pas faux, mais correspond exactement à ce que certains veulent entendre. Ils s’en frottent les mains.
Dilemme.
La transparence, le respect des opinions, le non-fichage, le non-arrosage par canon, le non-tabassage, cela aiderait aussi pas mal à concerner tout le monde.
Ce que vous dites n’est pas faux, si les efforts nécessaires pour mettre en place des alternatives étaient encouragés, soutenus, alors même qu’en France, on en est à pénaliser la mise en place de ces alternatives, et à stigmatiser même nos voisins Allemands, Suisses et Italiens, qui font un choix différent du notre.
Enfin, je voulais juste intervenir sur le sujet du stockage de l’énergie arrivée au mauvais moment, reproche fait aux sources renouvelables. Que penser de son stockage sous forme d’hydrogène ou de méthane ? Cela ne répondrait-il pas, dans une certaine mesure, au manque de souplesse de la production renouvelable ?
Je répète que je ne « préconise » rien, je constate 🙂 Et parmi les faits, je constate effectivement que comme nous sommes beaucoup à consommer beaucoup d’énergie, il y a beaucoup d’argent à gagner… Mais aussi qu’EDF fournit actuellement l’électricité à un prix très bas, en dégageant très peu de CO2, et jusqu’ici sans accident majeur… Si vous voulez changer ça, vous êtes libres d’essayer.
A part ça, pour rappel, l’hydraulique représente plus de 90% de l’énergie renouvelable. Cette source est très prévisible, souvent modulable et parfois même utilisable pour le stockage, mais systématiquement oubliée lorsqu’on parle d’énergie renouvelable, comme dans votre commentaire …
En réalité, ce ne sont que le solaire et l’éolien qui nécessitent une solution de stockage. Et comme de plus elles ne produisent en moyenne que 20 à 25% de leur puissance installée (ce qui fait que les investissements s’amortissent 4x plus lentement que dans une installation produisant du ruban…) on peut très bien comprendre pourquoi on n’a pas investi dans ces technologies sans invoquer les méchants lobbys noyautant le gouvernement…
Je prépare un article sur le stockage d’énergie, où j’expliquerai plus en détail pourquoi je ne crois pas à l’hydrogène et pourquoi il faut développer les SMES.
Pour le pétrole, le début de la fin est très proche :
À quelle vitesse la production pétrolière actuelle décroît-elle ?
Le maximum de production pétrolière, tous liquides, devrait être atteint entre 2012 et 2015. Cela dépend en partie de la situation économique mondiale : moins de demande repousse un peu la date.
Pour le nucléaire, l’Australie a dû faire ses comptes :
Coût des nouveaux réacteurs nucléaires : trop cher
D’autant plus que la production d’uranium va devenir plus coûteuse, du fait de deux facteurs :
– minerai avec un taux d’uranium de plus en plus faible,
– coût d’extraction qui augmente avec le prix du pétrole (voir la consommation des énormes camions et pelleteuses).
Selon la théorie, à laquelle j’adhère parfaitement, le « peak oil » survient au milieu de la consommation de pétrole, Il reste donc du pétrole pour plusieurs décennies, où il deviendra de plus en plus cher. (voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Pic_p%C3%A9trolier, en particulier la figure)
Voilà pour le pétrole « classique », liquide, facile à extraire. Au fur et à mesure de son renchérissement, il deviendra rentable de l’exploiter à plus grande profondeur, dans les océans, en Antarctique, et d’exploiter les schistes bitumineux etc.
Pour le gaz et le charbon, on est loin du pic. Et certains réfléchissent déjà comment exploiter les hydrates de méthane du fond des océans. S’ils dégazent suite au réchauffement, autant les brûler pour transformer le méthane en CO2, pas vrai ?
Pour l’uranium, pas trop de souci non plus. D’abord c’est un élément beaucoup plus abondant qu’on ne l’imagine ) voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Uranium : il y en a beaucoup plus que d’or, par exemple. Le Rhone en charrie, dissous depuis les Alpes, de quoi alimenter quelques centrales si on savait l’extraire. Ou si on remontait à la source… De plus, l’Uranium ne représente qu’une petite partie du prix de l’énergie nucléaire, moins de 10% si je me souviens bien. Donc il peut doubler ou tripler sans influence majeure sur le prix de l’électricité. Enfin, il est très mal utilisé dans les centrales actuelles. On considère que seulement 3% de l’énergie potentielle du combustible nucléaire est récupérée. C’est d’ailleurs une des raisons de la dangerosité des déchets nucléaires : ils contiennent encore beaucoup d’énergie… On a donc un potentiel d’amélioration du rendement de l’uranium énorme. Peut être un facteur 10. En poursuivant le développement de réacteurs nucléaires, ce sont des siècles de production qui sont devant nous. Et il n’y a pas que l’uranium : notre Terre reste chaude car nous vivons sur une centrale nucléaire naturelle combinée Uranium-Thorium, ne l’oublions pas. (en fait la géothermie n’est qu’un circuit artificiel de refroidissement de ce réacteur 🙂 )
Selon les projections les plus optimistes, l’éolien et le solaire produiront environ 10% de l’énergie mondiale vers 2050, un peu plus en Europe probablement. Restent 90% à produire ( https://drgoulu.com/2009/11/08/copenhague-shut-up-and-calculate/ ) Le problème de ces sources, c’est qu’elles ne pas prévisibles (surtout le vent) et encore moins « modulables » : on ne peut pas mettre en marche à volonté une éolienne quand on a besoin de jus. Donc pour comparer le prix du kWh éolien à une source thermique ou hydro, il faut lui ajouter le coût du stockage. Il faut bien réaliser qu’en arrêtant des centrales nucléaires ou thermiques au charbon ou pétrole, on arrête la production « de ruban », qui correspond à la consommation minimale permanente, pour la remplacer par une source très difficilement prévisible (j’aime pas « impossible », donc je dis « très difficilement »…) ça pose des problèmes énormes…
Pour résumer, je ne dis pas qu’il ne faut pas d’éoliennes, je dis qu’elles ne suffiront largement pas. Et je ne suis pas « pour » le nucléaire, je dis qu’on ne pourra pas s’en passer, alors autant en construire de nouvelles en tenant compte de nos erreurs passées plutôt que de maintenir trop longtemps des antiquités.
Radisson dit :SylvainCommentaire #25 20 Juin 2008 e0 12:47 amGaladriel, l’article que vous me pre9sentez est en effet plein de bon sens… mais il ne tend qu’e0 renforcer ma pre9misse : la scneice est impuissante e0 confirmer ou e0 infirmer la causalite9 exacte du re9chauffement climatique. Il faut donc se fier e0 une intuition ne relevant que du bon sens lui-meame.Imaginez TOUT le charbon et TOUT le pe9trole de la Terre accumule9 sous terre pendant des mille9naires et que, soudainement, en quelques sie8cles, nous l’extrayons comple8tement et le brfblons en totalite9 dans l’atmosphe8re. Le bon sens vous dicte que ce sera probablement sans effet sur le climat? Si c’est le cas, probablement que le bon sens n’a pas une forme universelle… Et le bon sens nous dicte justement de ne pas accorder foi aux catastrophistes et aux environnementalistes car le climat de la Terre s’est profonde9ment modifie9 e0 plusieurs reprises et ce avant meame que les eatres humains existent! Et pourtant personne n’e9tait le0 pour garocher dans l’atmosphe8re des surplus de gaz carbonique.Et meame s’ils ont raison et que le climat se re9chauffe, pourquoi devrait-on absolument conside9re9 cela comme une catatrophe? Il y aura e9videmment des gagnants et des perdants. Mais par le passe9 toutes les pe9riodes de la terre of9 le climat a e9te9 plus chaud a e9te9 synomnime de foissonnement de vie! Pourquoi cela serait-il diffe9rent cette fois ci?Quant aux e9nergies fossiles qu’on a utilise9 jusqu’e0 date cela n’e9quivaut sans doute pas en terme de de9gagement du gaz carbonnique dans l’atmotsphe8re aux e9ruptions volcanique qu’on a connu pendant la meame pe9riode.Arreatez de faire peut au monde et de re9pandre votre paranoia.Cessez d’avoir peur de l’avenir!Se soucier et faire des plans pour e9viter une modification climatique the9orique pre9vue pour dans 100 ans est le comble du ridicule! De toute fae7on les environnementalistes sont contre tout.Contre l’utilisation des e9nergies fossiles car cela expe9die des gaz e0 effet de serres dans l’atmosphe8re; contre l’e9olien parce que e7a fait pas beau dans le paysage; contre les grands barrages parce’on fait bobo aux gentils arbres et qu’on modifie le cour des rivie8res; contre l’e9negie atomique dont ils ont une peur panique.P-A-R-A-N-O-I-A aigue!!!Et discuter evec un parano eet essayer de le raisonner est une perte de temps. C’est de soins psys qu’il a besoin et non pas d’arguments rationnels!Et si on les e9coute, c’est le retour inne9vitable e0 l’e2ge de pierre!
Merci Docteur pour ce billet,
A s’en tenir aux faits indiqués, cette « taxe carbone » ne semble pas très incitative..
Mais en réalité, les technologies en développements en Australie concernant le captage du CO2 vont plus loin que ça.
En deux mots, la combustion du charbon rejette bien plus (et bien plus grave) que du CO2 : des cendres/poussières, des oxydes d’azote (NOx) et de soufre (SOx). En France, un travail énorme (sous l’impulsion européenne) est fait pour réduire ces trois nuisances et on commence actuellement à s’intéresser au captage du CO2.
En Australie, l’industrie n’a à peu près rien à faire de ces rejets puisque le pays est un désert, les villes étant largement balayées par les vents de côtes.
Rien à faire ? Pas sûr, cf. Agenda 21 et le reste, et oui la pollution s’est également mondialisée :o)
Les technologies en développement en Australie visent non seulement au captage du CO2 mais également à rattraper le retard accumulé dans la prise en charge de tous les effluents. Le but : une seule installation pour dépolluer complètement les fumées (dépoussiérage, déNOx, déSOx et déCO2). Tout ça reste un beau rêve pour le moment mais leur idée est là. La Chine travaille également sur ces problématiques.
Entendons nous, le but est de développer de nouvelles techniques non pas pour les beaux yeux des écolos mais des raisons bien plus stratégiques : conserver une technologie de production énergétique d’avant-garde. Quoi qu’il en coûtera, l’Australie sera gagnante.
Les taxes à la mormoil’ sont des hochets servant à occuper les foules pendant les affaires se déroulent ailleurs. Notamment, Australie, USA et Chine sont les plus gros producteurs de charbon (en France le charbon provient des USA, d’Australie et D’Afrique du sud essentiellement), donc ils ont le droit de polluer. Voilà.
Aller aller, bon WE à tous !
Greg
Effectivement cette position Australienne est risible. Il est également assez grotesque d’exporter en masse de l’Uranium en refusant des centrales nucléaires sur son territoire. En ce qui concerne les réserves d’uranium, j’imagine que c’est un peu comme pour le pétrole, on ne trouve que ce qu’on cherche, la prospection se fait sur des zones de plus en plus larges/profondes et pour des matières premières de moins pures ou facile d’accès … D’ailleurs dans vos notes « on brulera tout » et « vraiment tout », il faut aussi parler des hydrocarbures dans les schistes ou dans le sable. Ces réserves la, il y a 50 ans on n’en parlait pas. Il y a aussi une limite physique à l’extraction du pétrole, quand il faudra dépenser 0,5 W pour aller chercher un watt et 1 litre d’eau pour 1 litre de pétrole, le prix augmentera naturellement. Donc on ne brulera pas vraiment tout. Il faut à mon avis considérer le pétrole le charbon et l’uranium comme des énergies de transitions qui doivent nous permettre de développer et mettre point les prochaines. Il ne faut pas les opposer et essayer de les rendre concurrentes
Très bon billet, l’affiche australienne tombe à pic pour illustrer ce débat des antipodes assez mal connu chez nous. Merci pour l’info.