La notion d'obsolescence programmée est à la mode. Autrefois cantonnée aux milieux « progressistes », la cause est entendue notamment depuis le documentaire « Prêt à jeter » : les industriels contraignent les ingénieurs à limiter la durée de vie des produits pour en vendre plus et maximiser leurs profits, ce qui provoque gaspillage, déchets et autres catastrophes. Certains vont jusqu’à qualifier cette pratique de crime contre l’humanité [1] ! Aujourd’hui les média ne prennent plus aucune précaution oratoire lorsqu’elles abordent ce sujet, et même une association de consommateurs que je considérais comme sérieuse l’affirme sans sourciller [2]:
L’obsolescence programmée contamine nombre de secteurs, de l’automobile en passant par l’électronique, les appareils électroménagers, les vêtements, les accessoires de mode, le mobilier, les jouets, etc., où les produits sont conçus pour une durée de vie toujours plus courte!
Pourtant, j’ai des doutes. Je sais que l’obsolescence programmée a été théorisée et même prônée [3]. Mais ne sais pas si elle existe réellement. Je précise d’emblée que mon doute est motivé par ma curiosité scientifique et rien d’autre : je comprends que vous puissiez y croire, mais moi je veux savoir. Donc je formule cet article comme une question : « L’obsolescence est-elle programmée ? »
Références s’il vous plait.
Car après avoir vu « Prêt à jeter » deux fois, analysé et compris la raison de la limitation de la durée de vie des ampoules fréquemment citée comme preuve, lu et contribué à plusieurs forums et discussions sur le sujet, et entendu Serge Latouche face à Alexandre Delaigue à la radio [4] je n’ai toujours trouvé aucun cas documenté d’obsolescence volontairement planifiée pour accroître la consommation.
Et je ne suis pas le seul. Dans un article récent dans « Pour La Science » [5], Alain Geldron de l’ADEME confesse:
Ces exemples (NdG : ampoules, bas nylons…) sont toutefois anciens et l’obsolescence programmée ne semble pas être la règle aujourd’hui. De nombreux témoignages d’utilisateurs font peser de sérieux soupçons sur quelques produits, telles des imprimantes qui tombent systématiquement en panne après un certain nombre d’impressions, mais ces cas restent rares et aucune stratégie des industriels pour limiter la durée de vie des produits n’a pu être prouvée.
Même la Wikipédia manque de références sérieuses sur l’obsolescence programmée :
- L’article francophone « obsolescence programmée » affiche cette bannière (qui va et vient au fil des éditions de l’article…):
- L’article anglophone « Planned obsolescence » en a une aussi depuis plus de 2 ans malgré une discussion animée:
Donc je me suis mis en quête de publications scientifiques sur le sujet. Je confesse n’avoir pas lu tous les articles in-extenso, mais j’ai lu les abstracts des 100 plus référencés environ, et parcouru une vingtaine de ceux qui me paraissaient intéressants. Voici mes deux principaux constats après ces lectures:
1 : Manque de consensus sur la définition.
Premier constat à la lecture de ces articles : le manque de consensus sur la définition même d’obsolescence programmée, que l’on discerne déjà dans les définition des deux articles Wikipédia mentionnées ci-dessus.
- Pour certains auteurs la notion est plus ou moins celle de la wikipédia francophone : « techniques visant à réduire la durée de vie ou d’utilisation d’un produit afin d’en augmenter le taux de remplacement ». Cette définition « stricte », suppose des actions volontaires de la part des concepteurs du produit lui-même.
- Pour d’autres, la notion recouvre un domaine plus large correspondant à la définition de la wikipédia anglophone : « policy of planning or designing a product with a limited useful life, so it will become obsolete, that is, unfashionable or no longer functional after a certain period of time. » Cette définition « large » inclut d’autres types d’obsolescence concernant des aspects partiellement liés au comportement des consommateurs (comme l’obsolescence esthétique, la mode), au business model du produit (vendre de l’encre plutôt que des imprimantes par exemple), ou carrément aux sauts technologiques.
Il est clair que l’obsolescence au sens large existe : rien que là sous mes yeux il y a deux laptops, une mini-chaîne, deux appareils photo numériques et trois téléphones portables non utilisés depuis des mois, en état de marche ou réparables « facilement ». Mon galetas regorge de livres comme « Programmer en Portal » ou « la Bible de Windows 3.1 ». Et les armoires de mes filles contiennent encore quelques fringues de l’année passée, immettables cette année parait-il.
Mais cette obsolescence est-elle programmée, au sens strict ?
2 : Beaucoup de théorie, très peu de cas concrets
La très grande majorité de la centaine d’articles les plus référencés sont des études théoriques analysant si l’obsolescence programmée est économiquement payante dans tel ou tel modèle de marché. En gros:
- Selon [6], une entreprise en situation de monopole a effectivement intérêt à raccourcir la vie de ses produits. Mais jusqu’à un certain optimum lié aux coûts de production
- En situation d'oligopole les entreprises ont intérêt à allonger la durée de vie de leurs produits jusqu’à un autre optimum, pour éviter que les clients n’essaient le produit concurrent, juste pour voir.
- Toutefois, [6] montre aussi que la meilleures stratégie en monopole et en oligopole consiste souvent à louer un produit plutôt que le vendre, et l’illustre par les données de Xerox (mono- puis oligopole des photocopieuses) et d’IBM (mono- puis oligopole des ordinateurs)
- Dans des marchés de concurrence plus ouverte, les théoriciens se heurtent au problème de la modélisation du comportement des utilisateurs : on ne sait pas bien comment vous choisissez un produit parmi une dizaine*, et comment vous décidez plus tard de le remplacer par un autre. (voir [7] par exemple)
Très peu d’articles analysent des cas concrets. Sur 100, je n’en ai trouvé que 3 ou 4:
- Un article de 1971 [8] sur le « style » des voitures américaines dans les années 1950. Selon les auteurs, si les fabricants avaient continué à produire les mêmes voitures pendant toute la décennie 1950 au lieu de lancer des nouveaux modèles, les consommateurs auraient payé $700 de moins pour leur voiture en 1960.
- Un article sur un appareil photo japonais dont la durée de vie a été étendue. Auteurs : des employés de la marque…
- Deux articles analysent la fréquence de réédition des manuels de cours (textbooks). C’est intéressant ça : un marché où des produits durables ne sont utiles qu’un an, avec une forte concurrence du marché de l’occasion. Et bien, données à l’appui, l’auteur conclut que « les révisions fréquentes par les éditeurs ne peuvent être attribuées uniquement à l’obsolescence programmée. » [9]
- plusieurs articles (concernant plus l’éthique comme [7] que l’économie) se réfèrent pour des exemples au livre [10] dont le documentaire « Prêt à jeter » s’inspire clairement, mais ce n’est pas une publication scientifique, basée sur des données expérimentales et évaluée par les pairs.
Voilà, c’est tout ce que j’ai trouvé, et j’ai pourtant pas mal cherché. Mais si vous connaissez une autre étude de cas scientifique (avec données expérimentales ou mesures ) sur le sujet, je vous serais vraiment reconnaissant d’en mettre la référence en commentaire.
Ce que je retiens de cette recherche bibliographique, c’est que les exemples communément cités d’obsolescence programmée au sens strict remontent à plusieurs décennies et/ou correspondent à des situations de marché particulières. Et surprise, il y a 14 ans quelqu’un était parvenu aux mêmes conclusions [11].
Alors, si c’était un mythe ?
Voici maintenant quelques arguments qui me font penser que l’obsolescence programmée est en grande partie un mythe:
- En plus de 20 ans d’expérience d’ingénieur R&D dans plusieurs entreprises, on ne m’a jamais demandé de limiter la durée de vie d’un produit, et je n’ai jamais entendu un collègue mentionner une telle directive. Mais j’admets que parfois, autour de la machine à café, on s’est demandés si le fait que d’anciens produits étaient « trop bons » ne limitaient pas les ventes actuelles.
- Certains sites prétendent que les produits sont conçus avec un composant qui en limite la durée de vie en flanchant systématiquement après un certain temps. A mon avis, si c’était volontaire, ce serait idiot car on aurait pu économiser sur le coût des autres composants. On se retrouve avec un produit cher, et la défaillance systématique du même composant risque de donner une mauvaise image du produit, voire de la marque.
- D’autres prétendent que les produits sont fabriqués de manière à ce que ce soit chaque fois un autre composant qui défaille. Quiconque a vu une usine de production moderne ne peut que sourire : il est techniquement irréaliste de produire en série des pièces différentes les unes des autres de manière contrôlée. Le fait que ce soit des pièces différentes qui cèdent indique que le produit a été bien conçu, avec des composants ayant environ la même durée de vie.
- Donc oui, je le reconnais, les produits sont conçus pour une certaine durée de fonctionnement. J’ai même reçu un cours là dessus, donné par un ancien ingénieur de Bolex, entreprise qui fai(sai)t de remarquables caméras dont je reparlerai plus bas.. Mais ce n’est pas de l’obsolescence programmée au sens strict parce que:
- la durée de vie perçue par le consommateur est souvent très différente de la durée de fonctionnement réelle **.
- le prix de revient du produit dépend fortement de la durée de fonctionnement prévue. Un moteur qui tourne 1000 heures ou 10’000 n’ont pas du tout le même prix.
- Or un nouveau produit, c’est très souvent une cible marketing définie par un prix. Il s’ensuit que la durée de vie, la réparabilité, la garantie etc. sont des conséquences du prix. Exemple spectaculaire: la Swatch. Or je note que l’argument du prix apparaît très rarement dans le « débat » sur l’obsolescence programmée. Et si l’obsolescence était une conséquence de l’apparition de produits bon marché plutôt qu’une cause ?
Ma chaîne hi-fi sans fusibles
Au début des années 1990, j’ai eu l’occasion d’acheter une chaîne hi-fi censée être haut de gamme (à l’époque) avec un bon rabais universitaire. En branchant les hauts-parleurs, l’ampli claque (bon, ok j’aurais du l’éteindre avant…) Je cherche les fusibles des HP : je n’en vois pas. Le truc pesant quelques kg de radiateurs, j’appelle le service de dépannage où le technicien paniqué me dit « ah, ces amplis j’en ai jusqu’au plafond. On a mis des résistances de 1 Ω à la place des fusibles pour économiser quelques centimes… Si vous vous y connaissez je vous envoie des vrais fusibles à souder à la place, ça m’arrangerait…« . Je l’ai fait, mais ensuite les éléments de la chaîne sont morts l’un après l’autre au bout de 3-4 ans. Ce n’était pas de l’obsolescence programmée, c’était de la camelote. En vertu de l’argument No 2 je n’ai PLUS JAMAIS RIEN acheté de cette marque.
L’Electrolux de ma maman
Grâce à ce commentaire, zelectron m’a remémoré l’increvable aspirateur de ma maman, et de la sienne entre de nombreuses autres. Cet aspi Electrolux est tellement costaud qu’il a survécu jusqu’à YouTube:
Mais il y a une chose qu’on oublie, c’est que ces merveilleux aspirateurs immortels coûtaient très cher. Ma maman a retrouvé la facture de son Electrolux Z325 acheté en 1976 : CHF 648.- , soit environ 1125 Euros actuels en comptant une inflation de 2%. Selon [12], seuls 50% des ménages avaient un aspirateur à la fin 1968; si on extrapole la baisse de prix de 30% en 8 ans de l’électroménager (soit 4.5% par an), on trouve que les aspirateurs coûtent aujourd’hui environ 7.5 fois moins cher qu’en 1968. Comme un aspirateur Electrolux coûte maintenant dans les 200 Euros, celui de nos mamans coûtait l’équivalent de 1500 Euros actuels. Alors, quel aspirateur revient moins cher ? L’Electrolux à 1500 Euros sur 25 ans ou l’autre à 200 sur 4 ?
Si vous préférez le « durable », alors payez 1000 Euros pour un aspirateur dit « professionnel », dimensionné pour une utilisation quotidienne intensive, et ne l’employez qu’une fois par semaine : il durera des décennies Et oui, on trouve des sacs pour ces aspirateurs pendant tout ce temps, parce qu’on a payé pour.
Corollaire : vous voulez une loi pour allonger les garanties et forcer les fournisseurs à garder des pièces de rechange en stock ? Pas de problème, mais quelqu’un va devoir payer pour ça. Vous.
La Bolex de mon papa
Mon papa possède encore une caméra Super 8, une Bolex 7.5 en parfait état de marche. Elle a filmé mon enfance et la vie de la famille à la fin des années 60, début des 70, puis les méchants japonais ont flanqué par terre notre belle industrie mécanique [13] avec leurs vidéos et autres gadgets électroniques bon marché.
Dans une caméra mécanique, il y a un mécanisme qui fait avancer le film par saccades de 24 images par seconde, et un obturateur qui s’ouvre et se ferme à la même cadence. Donc des pièces qui bougent avec des accélérations assez fortes pour se déformer un peu et causer de la fatigue des matériaux, des frottements qui les usent etc.
Au cours sus-mentionné, le prof nous avait demandé quelle durée de fonctionnement prévoir pour ce mécanisme. Par comparaison, un moteur de voiture tournant en moyenne 3000 tours par minute à 60 km/h de moyenne fait dans les 300 millions de cycles pour 100’000 km sans qu’on doive changer les soupapes. Rien de surprenant donc à ce que Bolex ait développé un mécanisme de caméra capable de prendre 1 million d’images sans panne. A 24 images par seconde, ça fait presque 700 heures de fonctionnement, soit un mois non-stop. Pas assez pour un ingénieur suisse des années 60, mais si le chef dit que ça suffit…
En fait ça suffit amplement : une bobine de film 8mm durait 3 minutes qui revenaient à environ 100 Euros avec le développement, donc on filmait avec parcimonie. Je dispose ainsi d’1h30 de film réalisé par mon papa entre 1968 et 1975. 13 minutes par an. Bon, disons qu’avec les chutes et les ratés il en a tourné le double : 30 minutes par an. Disons même qu’il n’était pas un cinéaste passionné, et que d’autres filmaient leurs gamins faisant les idiots dans la piscine une heure par an.
Reste qu’avec 700h de fonctionnement de sa partie la plus délicate, l’espérance de vie d’une caméra Bolex normalement utilisée se compte en siècles! D’ailleurs le boitier est fraisé dans l’alu, recouvert de cuir, doté d’un objectif de qualité : tout est mis en oeuvre pour que les archéologues retrouvent l’engin en parfait état de marche.
« Il y a trois façons de se ruiner : le jeu, les femmes et les ingénieurs. Les deux premières sont les plus agréables, la troisième est la plus sûre » ( Auguste Detœuf
J.M. Folz)
Comme sa chère Bolex chère (sic.) était flambant neuve lorsque les modèles sonores sont apparus, mon père n’en a pas changé. Et même lorsque les premières caméra vidéo sont apparues, il n’en a pas acheté vu que sa Bolex marchait très bien. Et Bolex a coulé, tellement ses clients étaient contents de leur achat, ou sont passés à la vidéo. Certes, les premières caméra vidéo ne duraient pas 700h. Peut être 70 à tout casser, mais c’était assez pour les quelques saisons de vacances avant la HD. Et le coût de la minute de vidéo a chuté, chuté …
Pour le prix de deux films super-8 de mon papa, je peux acheter une caméra actuelle sans aucune pièce mobile, supportant les chocs, l’eau et la neige et fonctionnant certainement plus de 7000 heures.
La Deuch’ de ma soeur
Vous ne le savez pas, mais je vous épie. Je peux savoir sur quel lien vous avez cliqué pour arriver sur cette page, et aller voir ainsi qui parle de cet article. C’est ainsi que je suis remonté de mon article sur l’ampoule de Livermore à une discussion sur « Forum 2 Pattes intitulée « Quand on construisait quelque chose pour que ça dure… » et vantant l’indestructible 2CV. J’y ai posté le commentaire suivant (légèrement édité ici):
L’exemple de l’automobile m’intéresse. Prenons… la Charleston Bordeaux 1980 de ma sœur, qu’elle sort encore une ou deux fois par an. Selon ce site elle coûtait 24800 NF soit 3780 Euro soit 1853 heures de boulot au SMIC de l’époque (2.04 Euro/h en 1980)
L’équivalent de cette 2CV de l’époque serait donc une bagnole valant 1852 x 9.4 = 17418 Euros actuellement, donc dans cette gamme. Ca m’inspire quelques remarques:
- Il y a aujourd’hui sur le marché des voitures à 10000 Euro qui n’avaient pas d’équivalent à 4 roues en 1980 : la voiture est devenue accessible à plus de monde, peut-être en sacrifiant un peu de qualité
- Encore que : même en oubliant la différence manifeste d’équipement, de sécurité et de consommation, je me demande qui gagnerait un match fiabilité ou durée de vie (en km) entre la 2CV de ma soeur et une Polo ou une Yaris actuelle (de même prix actualisés, je le rappelle…)
- Est-il vraiment plus économique de faire durer une voiture au maximum ? Je me pose la question chaque fois que je fais le plein de ma Merc classe C, comme neuve à 260’000 km au compteur, mais qui consomme 9.2 l/100 km …
Conclusion.
L’obsolescence au sens large existe manifestement, mais je ne suis toujours pas convaincu qu’elle soit « programmée », au sens strict. Bon nombre des exemples communément cités sont anciens et peu ou mal documentés. Les trop rares études de cas spécifiques publiées ne démontrent pas l’existence de l’obsolescence programmée.
Personnellement, je pense qu’on attribue communément à l’obsolescence programmée des réalités économiques parfois mal comprises, entre autres:
- Qu’il arrive que des produits aient des défauts. Pour un nouveau produit, c’est même très fréquent. Dans tous les cas, ça coûte très cher au fabricant, soit en frais de garantie, soit en terme d’image. Renseignez-vous avant d’acheter, et sachez que vous prenez plus de risques en achetant un produit qui vient de sortir.
- Qu’un produit indémontable et irréparable est beaucoup moins cher que le produit réparable, mais il peut aussi souvent être plus résistant, étanche etc. On ne peut pas ouvrir un iPhone, mais quand il tombe il ne s’ouvre pas en éjectant la batterie… Choisissez, mais ensuite ne réclamez pas le beurre et l’argent du beurre.
- Que certains produits « vendus » sont en fait loués : lorsque vous achetez une imprimante à 100 Euros, si vous enlevez la TVA, la marge du distributeur, les frais de transports etc, vous comprendrez qu’on vous la donne. Ensuite vous payez l’encre, proportionnellement au nombre de pages que vous imprimez, donc on vous empêche de les remplir ou d’acheter des cartouches de contrefaçon. Mais c’est vrai, les fabricants n’expliquent pas le deal clairement.
- Que les systèmes de production modernes se caractérisent par un écart type de plus en plus faible (Six Sigma), donc des durées de fonctionnement beaucoup plus constantes que par le passé. Un produit actuel conçu pour durer 1000 heures a peu de chances de fonctionner 1200 heures, mais pas moins de 800 heures non plus. C’est vrai que dans le passé, on pouvait « tomber sur un bon numéro » qui fonctionnait très, très longtemps. Mais il ne faut pas oublier les « mauvais numéros » qu’on revendait en vitesse à la brocante de la paroisse…
- Que surtout, on ne réalise pas à quel point les prix des « biens durables » ont chuté en monnaie constante: les produits de nos parents coûtaient l’équivalent du haut de gamme actuel, donc il faut comparer ce qui est comparable. Et justement, il n’y avait rien de comparable à nos produits bon marché actuels.
Notes :
* ça me rappelle un cours de marketing ou le prof disait : « quand vous achetez une voiture vous comparez le prix, la puissance, la consommation, le volume du coffre. Et puis vous prenez celle qui vous plaît : l’acte d’achat est un acte irrationnel. »
** ce qui fait qu’il est très difficile de définir une garantie en années ou, du point de vue industriel, de déterminer une durée de fonctionnement correspondant à n années de possession par le client. Par exemple un aspirateur conçu pour 1000h durera 20 ans en étant utilisé 1h par semaine, mais seulement un an si un professionnel du nettoyage l’utilise 20h par semaine… En pratique on essaie de faire en sorte que seuls les quelques clients qui utiliseront le produit le plus intensivement bénéficieront d’une garantie en plus de ceux dont le produit est réellement défectueux. Donc la durée de fonctionnement prévue doit être largement supérieure à l’utilisation moyenne.
Reférences
- Stéphanie Marthely-Allard « L’obsolescence programmée contre l’humanité« , 9 septembre 2012
- « Conditionnement: le coût de la flemme« , FCR.ch, 2011
- Bernard London »Ending the Depression Through Planned Obsolescence« , 1932
- « L’iPod de nos grands-mères était-il vraiment plus solide ?« , Emission « du grain à moudre » sur France Culture, 3 octobre 2012
- Alain Geldron, « L’obsolescence programmée est-elle une stratégie répandue ?« , 2013, Pour La Science No 425
- [altmetric doi= »10.2307/1884176″ float= »right »]Jeremy Bulow (1980). An Economic Theory of Planned Obsolescence Quarterly Journal of Economics, 101 (4), 729-750 DOI: 10.2307/1884176 (pdf)
- J. Guiltinan, « Creative Destruction and Destructive Creations: Environmental Ethics and Planned Obsolescence« , 2008, Journal of Business Ethics, vol. 89, no. S1, pp. 19–28, Aug. 2008.
- R. Sherman and G. Hoffer, “Does Automobile Style Change Payoff?,” Applied Economics, vol. 3, no. 3, pp. 153–165, 1971.
- T. Iizuka, “An Empirical Analysis of Planned Obsolescence” Journal of Economics Management Strategy, vol. 16, no. 1, pp. 191–226, 2007.
- Giles Slade "Made to break: technology and obsolescence in America" (2006) Harvard University Press ISBN:9780674022034 WorldCat Goodreads Google Books
- Steven E. Landsburg « Planning for Obsolescence- Not everything should last forever. », 1999, Slate
- « L’équipement des français en biens durables fin 1968 » Economie et statistique , Année 1969, Volume 3, Numéro 3, pp. 65-68
- Urs Maurer « Paillard – Bolex: il ne reste que le mythe » swissinfo.ch 2004
112 commentaires sur “L’obsolescence est-elle programmée ?”
A propos de « Mais il ne faut pas oublier les “mauvais numéros” qu’on revendait en vitesse à la brocante de la paroisse… », je viens de découvrir la page biais du survivant qui relie cette (possible) perception de l’obsolescence programmée au fameux problème du blindage des bombardiers de la seconde guerre mondiale !
Maintenant, un indice va permettre de séparer l’ivraie du bon grain:
https://www.zdnet.fr/actualites/obsolescence-vers-un-indice-de-reparabilite-des-produits-en-2020-39870692.htm
Ah ces français … J’ai répondu ceci sur ZDnet :
Lapsus intéressant dès l’introduction » les partisans de cette théorie, qui pensent que certains constructeurs favorisent les produits ayant une fâcheuse tendance à fonctionner après quelques années » 😀
Ce qui est systématiquement oublié dans ce débat, c’est LE PRIX. Donc cet « indice de réparabilité », il dit le prix de la pièce de rechange qu’on va me vendre dans X ans ? et le prix de l’heure de travail du gars qu’on devra avoir gardé formé pendant tout ce temps pour tous ces produits ?
L’obsolescence existe, et heureusement sinon on roulerait tous en Ford T et on s’enverrait des télégrammes. Mais est elle « programmée » ? ça reste à démontrer.
Erratum: Il existe désormais un délit d’obsolescence programmée depuis cet été en France. C’est donc que le délit a été correctement défini légalement 😉
http://www.lefigaro.fr/conso/2015/07/25/05007-20150725ARTFIG00002-l-obsolescence-programmee-est-desormais-un-delit-passible-de-prison.php
Exact. La bonne nouvelle est que vous n’avez plus de problème plus important en France puisque votre gouvernement a le temps de légiférer sur des délits hypothétiques 😉
Il faut bien l’occuper cette ministre, il ne manquerait plus qu’elle écrive un livre elle aussi 😀
Vous ne prenez pas le problème dans le bon sens: personne n’a jamais dit que toutes les entreprises usaient de l’obsolescence programmée; certains pensent que certaines entreprises y font appel!
Et ca change tout dans le raisonnement à tenir: dans ce cas, multiplier les contre exemples d’entreprises « sérieuses » ne sert à rien, sinon à conforter la règle.
Toujours dans cet esprit, comme vous semblez rouler en voiture allemande, je vous laisse trouver le nom d’un constructeur automobile d’outre-Rhin et d’un de ces sous-traitant. Pensez vous que la déontologie de ces entreprises les empêcherait de vendre des produits à un niveau de qualité falsifié pour en vendre plus? Pensez vous qu’un jour toute la lumière sur cette affaire sera faite et trouvable sur Internet? Et l’on peut trouver des exemples à foison: fabricant de cigarettes, électronique, labos pharmaceutiques… En voici un donné par Arté bien réel et avéré:
http://www.macworld.com/article/1045105/ipodsuit.html
Vous remarquerez dans cette exemple pourquoi est difficile de définir l’obsolescence programmée avec cette phrase: « the company misrepresented the capabilities of the iPod’s built-in rechargeable battery ». En effet, il est légal de mettre intentionnellement (ou pas) des composants pourris dans un matériel. Ce qui est interdit, c’est la tromperie sur la marchandise ou les ententes illicites entre firme. Donc, comme pour le cas des ampoules électriques, il est légal de vendre des ampoules qui durent 1000 heures en disant qu’elle vont durer 1000 heures! Difficile de reprocher quelque chose à une personne (physique ou morale) qui n’est pas interdit!
C’est pourquoi je vous invite à modifier votre conclusion en: « l’immense majorité des entreprises fait de l’excellent travail et ne trompe pas délibérément ses clients », et c’est sans doute dans ces entreprises que vous avez travaillé, et c’est tant mieux 😉
Indices: Vous n’avez pas roulé avec cette marque de voiture depuis quelques années pour le premier, l’autre fait du travail de Pro (sic!)
Je le prends exactement dans le même sens : je « n’a jamais dit que toutes les entreprises usaient de l’obsolescence programmée; » malgré que « certains pensent que certaines entreprises y font appel ».
En sciences (même économiques ou sociales) c’est à celui qui fait une hypothèse de la valider expérimentalement, donc ici à ceux qui « pensent » que l’obsolescence programmée est une réalité de le démontrer. Mes exemples ne sont en aucun cas des réfutations mais des « expériences personnelles pour illustrer ces différents arguments », arguments listés dans ma propre hypothèse « et si c’était un mythe ».
Le cas des batteries d’iPod me semble correspondre aux arguments 2+5. D’une part les iPod sont indémontables (donc ne s’ouvrent pas s’ils tombent, sont presque étanches etc) donc fournissent certains avantages par rapport à un mp3 japonais d’époque, et d’autre part les plaignants ne se plaignent QUE de la batterie, composant manifestement faible du système. Apple a donc perdu en image de marque etc. soit pour avoir mis une batterie trop bon marché, soit pour avoir survendu ses capacités. Si c’était calculé, c’était un mauvais calcul.
Puisqu’il existe des humains malhonnêtes, il existe des entreprises malhonnêtes, j’en conviens volontiers. Ce dont je ne suis toujours pas sur c’est qu’il existe des « techniques visant à réduire la durée de vie ou d’utilisation d’un produit afin d’en augmenter le taux de remplacement », pour reprendre la définition stricte.
Non, ma conclusion détaillée est très bien comme ça 😉
C’est là où je ne vous suis pas très bien:
1) Il est extrêmement difficile de prouver et de faire condamner une entreprise qui a vraiment fait n’importe quoi, lorsqu’un délit a été commis et que la vérité est criante.
Vous n’ignorez pas quand même que l’on vend sciemment en France des médicaments toxiques et des sucettes à cancer du poumon depuis 70 ans (et en mentant 50 ans!) ou que l’on transporte du pétrole dans des épaves? Partant de là, tout est permis, vous ne croyez pas? Quand on est capable de tuer ses clients, on peut avoir une stratégie de vente perverse pour des produits non vitaux…
2) Apple se positionne sur du haut de gamme. Au prix de vente élevé des produits avec des processus qualité drastiques et sur 3 générations d’iPod (au moins 2 ans de vente), 5) ne parait pas recevable. Personne ne se serait jamais rendu compte de rien pendant 2 ans? Jamais d’audit dans les usines en Chine? Jamais de tests de produits sur chacune des séries? Jamais de tests de conformité au cahier des charges? Pas d’ISO 14001 ou 9001?
Vous me rétorquerez peut être que je rêve un peu les méthodes de travail d’Apple…
3) L’argument 2) ne passe pas non plus. On est tout sauf idiot chez Apple, avec 15 ans de recul après cette affaire… Ses équipes de R&D et de marketing ne sont elles pas les meilleures du monde?
4) On peut prendre une décision pour plusieurs raisons. Dans le cas de l’iPod, quel coup de génie: vendre un produit solide, un peu moins cher à produire, qui tombe en panne puis revendre éventuellement une seconde fois en majorant l’éventuelle indemnité en bons d’achats! Pourquoi donc s’en priver? Alors, une stratégie aussi audacieuse doit bien avoir quelques risques comme vous le faites souligner à juste titre…
5)
> En sciences (même économiques ou sociales) c’est à celui qui fait une hypothèse de la valider
> expérimentalement
Exact. L’exemple d’Apple me semble avéré: situation de monopole sur les produits high tech, défaite en justice, R&D et management de la qualité totalement défaillants pendant 2 ans avec peu de réduction de couts, meilleur entreprise au monde en terme de stratégie de vente et de marketing. Que vous faut il de plus?
L’OP n’est donc pour moi pas un mythe car prouvé une fois.
1) non, pas d’accord. Lorsqu’une entreprise a commis un délit et que la « vérité est criante », elle est condamnée (et/ou ses dirigeants) dans un tribunal, ou au minimum elle et ses assurances indemnisent les victimes. C’est vrai pour les médicaments foireux, les marées noires, les banques suisses, ce sera vrai pour VW etc.
Je trouve le cas des cigarettes très intéressant. Les fabricants ont payé des amendes fabuleuses pour avoir contesté leur nocivité, et aujourd’hui le produit est taxé à mort (sic), mais les clients l’achètent toujours. Pourquoi n’interdit-on pas les cigarettes ? Parce que les clients en veulent. Et ils (=nous) voulons aussi des bagnoles avec lesquelles nous tuons des piétons et des cyclistes. Et des médicaments qui ont des effets secondaires dangereux si nous jugeons que les avantages l’emportent. etc.
Dans l’économie de marché, le client a toujours le choix ultime d’acheter ou pas. Ce qui importe c’est que le contrat de vente soit clair. Or un contrat de vente est asymétrique : le client n’a qu’à payer, ensuite il peut faire ce qu’il veut du produit. Par contre le vendeur/producteur doit le garantir (en années qui n’ont rient à voir avec l’utilisation effective), fournir du support et des pièces de rechange (pendant 30 ans dans la boite où je suis…), se conformer à une chiée de normes de sécurité, de traçabilité, ne pas utiliser de matières dangereuses ni d’enfants via le sous-traitant de son sous-sous traitant au Bangladesh etc.
Je ne plains pas ces pauvres industriels, je dis juste qu’un client responsable devrait être conscient de la complexité de ceci qui fait qu’il y a un peu / pas mal / beaucoup de bugs selon la perception qu’on en a.
2-5) Apple se positionne sur le haut de gamme par le marketing, le design ( « stratégie de différenciation » ), mais utilise les mêmes composants que les autres. La durée de vie des batteries au lithium est de l’ordre d’un millier de cycles charges/décharges, donc effectivement 2-3 ans en utilisation intensive. Mais ma femme a toujours un iPod Shuffle de 2005 qui fonctionne toujours très bien vu qu’elle ne l’utilise qu’en vacances. En 2001 Apple n’avait aucun moyen de savoir à quel rythme les iPod seraient utilisés, ni aucun moyen technique de leur donner une durée de vie supérieure sans rendre la batterie remplaçable, ce qui rend le produit plus cher, demande un service supplémentaire etc.
(Sur ce genre de problématique je recommande vivement la conférence d’Elmar Mock sur la Swatch https://drgoulu.com/2012/07/01/innovation/ . je viens de la trouver en vidéo je l’ai ajoutée dans les commentaires de cet article)
Apple a mesuré les risques, maximisé le profit (ou plus exactement l’espérance du profit) car c’est ce que les entreprises doivent faire pour survivre.
Aujourd’hui ils remboursent une partie des clients, mais c’était peut-être tout à fait prévu dans un scénario. Sur des millions d’iPod vendus, il est « normal » d’en rembourser tôt ou tard quelques milliers pour une raison ou une autre.
Rétrospectivement, ils auraient du indiquer dans la description du produit « the IPod can be reloaded 1000 times » et ajouter un compteur de recharges, comme ça ils étaient protégés.
Pas d’obsolescence programmée avérée ici non plus.
Bonjour!
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Je n’ai pas encore lu toute cette page mais mon petit avis général sur la question…
Personnellement la première fois que j’avais entendu parler de l’obsolescence programmée c’était il y a + de 15 ans sur Canal+, par Jérôme Bonaldi, et depuis j’y croyais sans me poser de question.
Personnellement toujours, je suis assez écolo, mais depuis un moment, l’évidence s’est imposée à moi que l’écologie est à 90(?)% un ramassis de mythes, de rêveries, de confusions, d’anti-science, de fausse spiritualité pour ne pas dire de sectes, d’ignorance, de mensonges, etc y’a de quoi se pendre. Dont les motivations sont souvent l’envie d’être un « rebelle », un « pur » (plutôt de la pureté des extrémistes religieux), de se placer au dessus des autres, j’y ai vu beaucoup d’ego malades entre autres, mais aussi des gens paumés, ce qui est + triste.
MAIS je ne jette pas le bébé avec l’eau du bain comme on dit, et même s’il ne reste qu’1% à sauver, je le trouve fort bon, ce serait 3 choses: la santé (une certaine forme, pas exactement la médecine), la protection animale, et la préservation des conditions de vie pour les humains et les animaux.
Et tout le mauvais je le traque je le note j’en fais des listes, pas pour le plaisir mais pour essayer d’identifier les problèmes pour faire réussir une écologie « normale ».
Et bien sûr cette histoire d’obsolescence programmée me semble bien tomber dans la catégorie des mythes, les 2 articles de ce blog m’en ont bien convaincu jusqu’à preuve du contraire (et tous les noms d’oiseau que je venais de donner ci-dessus à l’écologie ne sont aucunement des arguments scientifiques ou économiques bien sûr).
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2 petites questions:
1/ Y a-t-il des exemples d’objets qui durent + longtemps qu’avant? Je n’en trouve pas dans l’immédiat, mais il me semble que s’il y en a ce serait des contre-exemples qui renforceraient la version mythe.
2/ Une augmentation générale des salaires ou plutôt des impôts et taxes des entreprises existe-t-elle et serait-elle alors à prendre en compte pour une qualité moindre à prix égal?
Car les bas prix, ça existe, une bonne façon de les faire baisser par exemple existe depuis longtemps ça s’appelle l’esclavage et il a toujours plus ou moins cours.
Mais quand pour fabriquer un objet, une entreprise donne des salaires un peu + décents (surtout si ensuite ils sont diminués par les cotisations sociales), et/ou que le gouvernement augmente ses taxes et impôts pour les retraites, la sécurité sociale, les hôpitaux ou autres services publics, ou les normes de sécurité du lieu de travail, cela a priori se répercute sur le prix de l’objet, alors soit cela le fait augmenter soit il baisse ou se maintient au détriment de sa qualité (??).
Il me semble (???) que bien souvent, il y a 40 ou 50 ans en France, les salaires des ouvriers et leur protections étaient bien moindres. Par exemple un jour en discutant juste avec quelqu’un, il me disait qu’il était courant à cette époque que des vieilles personnes finissent leur vie sous les cages d’escalier des immeubles (à cause a priori de manque de retraite ou de « minimum vieillesse »).
Pour des objets qui durent plus longtemps qu’avant, je propose les caméras (GoPro / Super8 ou video), les voitures (je pourrais parler de ma Merc qui doit servir de taxi en Afrique maintenant, mais il y a https://fr.finance.yahoo.com/actualites/allongement-duree-vie-voitures-081136106.html qui va dans le même sens), je dirais aussi le CD par rapport au microsillon même si les lecteurs sont devenus obsolètes rapidement grâce à la mémoire flash etc.
Le Japon a essayé d’augmenter les salaires récemment pour combattre la crise et ça n’a marché qu’à moitié. Un problème est qu’il faudrait que les gens achètent des produits plus durables, alors que beaucoup préfèrent consommer plus de bon marché…
En fait l’économie fonctionne plutôt « grâce » à la dévaluation constante de la monnaie (un peu d’inflation) voir https://drgoulu.com/2009/04/03/combien-vaut-1-franc/
d’accord sur tout (évidemment) 🙂
Sur les bas nylons il y a http://econoclaste.org.free.fr/econoclaste/?p=7583 qui démonte ça ainsi:
Un problème des longues garanties, c’est que ça coûte. Si le client/citoyen/écolo est prêt à payer pour qu’on garde en stock pendant 5 ou 10 ans des pièces de rechange de son produit, ou la capacité de les produire, pas de souci.
Le problème principal, c’est qu’une durée de garantie en années ne correspond pas à une utilisation donnée d’un bien de consommation. Un aspirateur garanti 5 ans, c’est pour vous qui l’utilisez 1h par semaine dans votre studio (250 h en 5 ans) ou pour l’entreprise qui nettoie des bureaux 2h chaque soir, 10 heures par semaine, 2500 heures en 5 ans ? La voiture garantie 5 ans, c’est pour aller au boulot dans les bouchons, pour le représentant qui fait 1000km d’autoroute par semaine ou pour le fermier namibien qui fait 300km de piste caillouteuse pour emmener ses enfants au pensionnat chaque week-end (vécu…) ?
Pour une durée de garantie « courte » on arrive à couvrir les différentes utilisations avec un même produit, pour une durée plus longue il faudra interdire de vendre des aspis ménagers aux pros, et faire une voiture avec boite à vitesse / moteur / amortisseurs adaptés à l’utilisation du client…
Ou alors on met des puces espion/compteur et la garantie devient « 100’000 passages de vitesses, ou 3000 heures moteur, ou 10 millions d’oscillations de plus de 1cm de l’amortisseur » … Compter 3 pages pour une voiture standard…
Je ne savais pas ce qu’était une situation d’OLIGOPOLE alors j’ai donc cliqué pour voir la définition : une situation où la demande est plus importante que l’offre.
Dans votre article, vous dîtes que dans une situation oligopolistique, le vendeur doit augmenter la durée de ses articles afin que l’acheteur n’aille pas acheter ailleurs…
Mais si la demande est plus importante que l’offre, l’acheteur aura eu du mal à se procurer le produit, alors comment ira-t-il voir la concurrence si le nombre d’articles à vendre est limité ?
Sur Wikipédia, il est écrit que la demande étant plus forte que l’offre, elle assure à une entreprise la vente de ses produits, quel que soit le prix ou la qualité… A moi d’ajouter, certainement, la durée de vie également…
Ai-je tort de raisonner ainsi ?
Est-ce que quelqu’un peut m’expliquer ?
Effectivement, en oligopole toutes les entreprises vendent leur produit (s’il n’est pas trop pourri), mais si le produit A a une durée de vie (qui est un critère de « qualité » selon moi) trop faible aux yeux des consommateurs, ils iront (ou essaieront d’) acheter le produit B lorsque leur A sera fichu (et reviendront peut-être vers A s’ils constatent que B n’est pas meilleur). Les fabricants A et B ont donc intérêt soit à s’entendre pour réduire la durée de vie (ce qui est interdit, et correspond à la situation reprochée au « Cartel de Phoebus » pour les ampoules mais qui n’a pas été retenu contre eux), ou au contraire à augmenter la durée de vie (et le prix) pour ne pas perdre des parts de marché.
En fait ce n’est pas moi qui le dit mais la référence [6] que vous pouvez lire (en anglais) ici : https://faculty-gsb.stanford.edu/bulow/articles/an%20economic%20theory%20of%20planned%20obsolescence.pdf la deuxième page traite de l’oligopole en texte assez lisible, la page 737 est consacrée à l’ « Oligopolistic Optimization Problem » et malgré les maths qui peuvent faire peur, on peut lire que si l’allongement de la durée de vie réduit les ventes des concurrents dans la « seconde période » qui suit la phase transitoire où les produits sont lancés sur le marché, alors on a intérêt à augmenter la durée de vie, sinon à la diminuer. Je vois maintenant qu’il cite un autre article ( http://www.dklevine.com/archive/refs4232.pdf ) qui démontre qu’il existe en fait plusieurs couples prix/durée de vie optimaux en oligopole. Donc effectivement il se pourrait que A soit cher+durable et B bon marché+jetable et que les deux s’en sortent en oligopole, mais à mon humble avis ils visent alors de segments de marché différents…
Dommage, encore un article ou on mélange défaillance programmée et obsolescence programmée. Le mot obsolescence a un sens très précis en français et ne signifie pas qu’on ne peut plus l’utiliser parce qu’il ne fonctionne plus, mais qu’on ne peut plus l’utiliser car il est dépassé (exemple : une imprimante avec port parallèle en état de fonctionnement sur un ordinateur actuel qui ne propose plus ces ports. On dit alors que l’imprimante est obsolète). L’obsolescence programmée c’est le fait de penser à un changement technologique ou réglementaire qui n’apporte aucune amélioration pour le particulier mais qui nécessite de se rééquiper ou de mettre son matériel à la poubelle et acheter un produit de substitution.
Exemples :
-Le passage de DVI à HDMI pour la vidéo
-le changement de la norme son de la TNT HD en France au dernier moment afin de rendre les tuners HD vendus avant la première diffusion HD incompatible
-le changement de norme de cryptage mediaguard / viaccess des décodeurs CANALSAT propriétaires
-le changement de connecteur chez Apple à partir de l’Iphone 5
-les nouvelles réglementation anti cheminée à Paris qui vont amener les gens à s’équiper en insert en banlieue et dont l’interdiction suivra celle du centre ville dans quelques années
-Tous les formats propriétaires de média à durée de vie très limité dont certaines marques se sont faits les spécialistes. Souvenez vous du bétamax, de l’UMD, du mini disc, du memory stix, du HD DVD, des lecteurs de ZIP « IOMEGA »,
etc…
En fait « obsolescence programmée » c’est juste pour faire de l’audience, car les éventuelles recherche de « défaillance programmée » mènent principalement à vos commentaires sur d’autres sites, wasabi 😉
Mais l’Académie Française vous donnerait certainement raison, ce qui est communément appelé « obsolescence programmée » recouvre en fait la « défaillance programmée ».
Et l’obsolescence est bien réelle telle que vous la décrivez. Dans les « etc ». on peut remonter sans problème à la machine à vapeur, aux moines copistes, aux chiffres romains voire au silex, obsolète depuis l’age du bronze…
La question est de savoir si toutes ces inventions étaient volontairement « programmées » pour devenir obsolètes. Je doute que les concepteurs du betamax (Sony) et ceux du V2000 (Philips) se soient dits « on lance ça au niveau mondial avec des milliards, des accords colossaux avec studios de cinema et d’autres marques, mais on sait que c’est le VHS de JVC qui va devenir le standard… ». Il y a des batailles à répétition pour devenir le standard du marché, et c’est le marché, c’est à dire vous, chers consommateurs, qui élisez le vainqueur.
La victoire n’est que provisoire, jusqu’à la prochaine bataille. Vous avez acheté un perdant ? Dommage, il fallait vous renseigner, ou attendre…
On peut éventuellement discuter du cas de certaines normes, voire de systèmes qui ont été mis en place pour bloquer le piratage. Effectivement, ils n’apportent « aucune amélioration pour le particulier », si ce n’est d’assurer une rentabilité suffisante aux fournisseurs de contenu pour qu’ils continuent à vous fournir du nouveau contenu…
Restent les standards et réglementations nationaux dont vous avez le secret en France, genre phares jaunes, secam ou alcootests obligatoires dans les voitures. Là je ne dis rien, parce que je suis Suisse : je rigole en silence.
Je poste ici en réponse au commentaire sur PCinpact
J’apprécie la démarche scientifique, elle permet de rester rigoureux dans le développement d’une idée sans se disperser. En revanche, je ne pense pas que la méthode utilisée dans l’article soit la bonne. Loin de moi l’idée de discréditer ce billet que j’ai lu 3 fois pour être sur de ne rien rater. Mais il utilise finalement les mêmes procédés que les défenseurs de l’obsolescence programmée. A savoir un retour d’expérience par rapport au passé mais campé du coté de l’ingénieur si je puis dire.
Je dois l’avouer, la première foi j’ai lu en diagonale. A chaque nouveau paragraphe je pouvais déjà en déduire sa conclusion, pour moi c’est mauvais signe. Lors de ce genre de lecture je procède toujours de cette façon pour 2 raisons :
– le temps
– et également pour vérifier si la démarche sort des sentiers battus. En utilisant une rigueur scientifique (mais pas trop nos ne somme pas des machines) mais en faisant abstraction de son métier et du contexte plus ou moins polémique.
Je sais d’avance que j’aurais à faire à un billet rédiger par quelqu’un qui a de l’expérience en la matière. En aucun cas je ne la remets en cause. Par contre, à l’image du « mythe du survivant » ce qui survit ici c’est l’expérience et la vision du coté : « 25 ans de carrière d’ingénieur R&D » et qui est le résultat de mon expression « trop honnête », c’est a dire qu’a partir du moment où je lis ça, je ne peux pas m’empêcher de penser que vos conclusions sont basées sur votre expérience passée d’honnête ingénieur dans son métier. Comme celle des utilisateurs qui adulent les vieux produits… parce qu’ils sont encore là. Eux aussi sont honnêtes quand ils constatent malgré eux que certains produits lâchent trop rapidement. A cela vous y avez appliqué des critères de comparaison avec les mêmes produits récents. Ils sont tous implacables, notamment l’exemple de la 2CV et de la Bolex. Dans ce cas, je sais déjà quel sera la conclusion de l’article à savoir :
« L’obsolescence au sens large existe manifestement, mais je ne suis toujours pas convaincu qu’elle soit « programmée », au sens strict. »
Sauf que, tout comme les fanatiques de l’obsolescence programmée vous ne comparez que par rapport à de l’ancien. Ce qui me semble logique au vu de la définition concrète (par les faits) de ce qu’est l’obsolescence programmé. Je ne vais pas vous mentir, je suis beaucoup plus du coté de la définition du wiki français. C’est à dire au sens strict. Au contraire, je ne suis ni pour la décroissance (ce qui serait un comble dans mon métier) ni un fanatique écolo. Les clichés des uns sont parfois les vérités des autres. Si les utilisateurs pensent tous que les industriels sont des vendus, alors que de l’autre coté on trouve des ingénieurs persuadés que l’obsolescence programmée est forcement soutenu par des écolo-décroissant… Heureusement il existe un juste milieu.
Mais l’obsolescence programmée, contrairement à votre postulat de départ basé sur la doxa de ce concept (comparaison ancien / nouveau produit) est faut. L’obsolescence programmée ne concerne pas la comparaison de l’ancien et du nouveau. Mais un état de fait sur certains produits spécifiques, plus précisément dans le domaine de l’électronique et de l’informatique grand public et uniquement dans ces domaines. Puisque ces produits n’existaient pas ou peu il y a 15 ans, donc pas de comparaison possible.
En tant qu’ingénieur R&D vous savez quelles sont les contraintes qui aboutissent à de la camelote. Mais est-ce cela réfute pour autant l’existence d’une volonté, sur certains produits, de limiter leur durée de fonctionnement ? Votre expérience et votre expertise apporte des éléments en termes de conception selon certaines contraintes (le prix). Votre article dresse de manière claire et précise cette corrélation entre l’utilisation, la durée de vie et les conditions de fabrication de l’appareil. Mais encore une fois cette démonstration est faite depuis le piédestal de l’ingénieur honnête avec son métier et surtout totalement agnostique par rapport aux composants à utiliser. Ainsi, si tel composant est neutre avant son intégration dans un appareil, il peu très bien servir à fin de limitation de durée de vie. L’exemple des efuse, fusible software est flagrant par exemple.
Toutefois, le problème avec l’obsolescence programmée c’est qu’elle ne concerne pas les produits du passé. Mais les produits modernes d’aujourd’hui. Le problème du documentaire d’Arte est qu’il a vulgarisé l’obsolescence programmée en faisant une comparaison foireuse avec d’anciens produits censé être plus robuste (le coup de l’ampoule est débile au possible). Votre article reprend ce canevas mais du coté de la réalité industrielle. Ce que je reproche a votre article, et quasiment à tout ceux qui doutent (ce n’est pas péjoratif au contraire même) de l’obsolescence programmée c’est qu’ils sont tous basés sur la comparaison ancien/nouveau. Ils sont le reflet opposé (avec plus de rigueur certes) du docu « Prêt à Jeter » et de ce que les utilisateurs ressentent selon leur vécu. Tout ces articles fustigent le vécu de l’utilisateur (quand il ne l’insulte pas carrément de débile) et sa façon de voir les choses au lieu de se pencher sur une véritable étude technique des produits suspectés d’être limités dans leur cycle de fonctionnement. Commençons par décompiler et étudier le fonctionnement des imprimantes suspectées d’être vérolée par exemple…
On recherche dans, l’obsolescence programmée la preuve flagrante d’une limitation de durée de vie. Or, elle n’est pas une limitation de la durée de vie, mais une panne bloquante. L’appareil n’est pas arrivé en fin de vie (usure générale). Il est fonctionnel, sauf qu’un de ses éléments l’empêche de fonctionner. Le système de production / réparation est ainsi fait que l’achat d’un appareil neuf est plus valable en terme de prix que la réparation. La cause de la panne étant plus difficile à trouver. On remarque dans ce cas que les pannes sont toujours les mêmes et sont rarement matérielles. Certaines imprimantes font un bon exemple pour cela puisque la plupart des pannes sont logicielles.
La où je vous rejoins c’est sur les exemples tel que celui du fusible qui est simplement un défaut de conception. Mais comment, dans ce cas différencier le défaut de conception d’une limitation volontaire de durée de vie ? A ce jour, je n’ai trouvé aucun article concernant une étude du fonctionnement software des produit connu qui tombent en panne systématiquement après un certain nombre de cycles (notez que je n’emplois pas le mot « temps ») ou qui sont conçus pour une forme d’autodestruction (pas au sens explosion mais au sens désactivation).
Je prends l’exemple d’une imprimante laser. Le tambour de cette imprimante est équipé d’une eeprom qui enregistre le nombre de cycle qu’à effectué ce tambour. Dans le firmware de l’imprimante un algo vérifie ce nombre de cycles. Arrivé à un certain stade il préviendra qu’il faut changer le tambour. Puis, à un stade plus avancé il bloquera le fonctionnement de l’imprimante. Ce procédé est naturellement fait pour protéger l’imprimante d’un dysfonctionnement du à l’usure du tambour, c’est une sécurité. Il n’est pas là pour limiter le fonctionnement de l’imprimante dans le temps. Ca c’est l’usage normal. Et généralement, un effacement des données de l’eeprom du tambour permet de le réutiliser.
Mais alors toute les imprimantes seraient devenues ultra sécuritaires ? Se bloquant à la moindre poussière ? Les fabriquants reprochent aux utilisateurs d’utiliser leur matériel de façon alternative ou carrément de les maltraiter, pour je ne sais pas… payer moins cher leur cartouche d’encre. Changer la batterie d’un téléphone portable lorsqu’elle est usée. Faire réparer sa TV sans en changé toute la carte mère, fournir les documents nécessaires à une réparation précise. L’exemple de Sony et de sa Playstation 2 qui avaient de réels défauts de calibration de la lentille optique qui ne lisait plus CD et/ou DVD). Sony a eu le culot de dire que c’était du a une mauvaise utilisation de la console par les utilisateurs ! L’obsolescence programmée c’est tout ça. Le prix bas d’un produit ne justifie pas le fait qu’ils doivent tomber en panne, et je ne parle pas de petits constructeurs chinois éphémères mais bien de grandes marques qui ont les moyens de fournir la documentation nécessaire au maintient en vie des produits qu’ils vendent.
L’obsolescence programmée au sens strict, n’est pas que la volonté de limiter intentionnellement la vie d’un produit, c’est aussi et surtout le fait d’entraver sa réparation, et de freiner le phénomène DIY apporté par internet. L’obsolescence programmée au sens strict est une attitude des industriels pour maitriser la vie de leur produit une fois lâché dans la nature. Cette attitude est comparable à celle des maisons de disques qui râlent parce qu’elles n’ont plus la maitrise des œuvres qu’elles distribuent. L’obsolescence programmée n’est pas née d’une intention, mais du système économique dans lequel nous sommes. Les industriels qui la dénient sont les mêmes qui en profite mais qui trouvent comme alibis le contexte économique. Distribuer la documentation nécessaire à la réparation de leur produit ne les ruinera pas.
Les fait sont là, les appareils grand public électroniques ou contenant du soft lâchent plus que de raison. Ce fil de commentaire regorge de témoignages, mais on en trouve aussi sur le web et non pas parce que l’on trouve tout et son contraire sur le Web. Alors, c’est un fait que des appareils de grandes marques tombent en panne systématiquement d’une certaine manière. On appel ca comme on veut, obsolescence programmée ou camelote, mais c’est là. Et même si la cause n’est pas directement humaine (systémique dans ce cas, mais j’en doute) elle est tout de même gênante matériellement, écologiquement et surtout déontologiquement. Alors, l’obsolescence programmée, appelons ça comme on veut, n’est qu’un moyen de défense contre des procédés de fabrication douteux et qui se moquent totalement de l’utilisateur final. En tant que tel, la méthode est sans doute discutable et à ras les pâquerettes, mais ce n’est pas plus sale que de produire des biens périssables en connaissance de cause en prétextant la crise et le cahier des charges.
Merci pour ce long commentaire, je ne vais pas répondre à tout, juste aux principales idées que j’ai repérées.
Effectivement cet article traite de l’ « histoire » parce que c’est en quelques sorte une réponse aux histoires sur l’obsolescence programmée souvent rabâchées (ampoules, bas nylons etc). Et aussi parce que les études scientifiques prennent du temps, se réfèrent entre elles etc, donc concernent effectivement le passé.
Vous dites « A ce jour, je n’ai trouvé aucun article concernant une étude du fonctionnement software des produit connu qui tombent en panne systématiquement après un certain nombre de cycles ». Moi non plus, et c’est bien le problème. Tant qu’il n’y aura pas un test montrant un pic de pannes d’un appareil donné dans la distribution normale de la durée de vie, ça restera une impression, pas un fait.
Mais ça tombe bien, j’ai écrit pas mal de soft embarqué pour des machines industrielles et je vois assez bien un certain nombre de problèmes qui peuvent survenir « à la longue ». Le principal est le compteur de cycles de x bits qui va retomber à 0 après 2^x cycles. Ou les piles qui maintiennent une petite mémoire RAM active même quand l’appareil est éteint, ou, plus vicieux, les mémoires flash qui ne supportent qu’un nombre limité d’écritures. Et effectivement, un gros problème est qu’on ne peut pas tester un appareil en utilisation normale pendant sa durée de vie prévue avant de le mettre sur le marché. Donc on vend un produit peu testé, c’est vrai.
A mon avis le marché de l’électronique actuel est caractérisé par deux aspects : la production de masse et l’évolution technologique.
La production de masse permet d’obtenir des prix de production très bas grâce aux énormes quantités produites. Effectivement, ça conduit à des appareils irréparables, ou réparables à des prix prohibitifs.
L’évolution technologique provoque en effet l’obsolescence dans les domaines qu’elle touche. Tout comme la Super8 de mon papa, un appareil qui dure au delà de la durée d’utilisation réelle est un gaspillage encore plus grand que de jeter un gadget au bout de deux ans : on a payé trop cher trop de matière et trop de travail humain pour le service rendu.
Donc sur le fond il me semble que nous sommes assez d’accord : on vit dans un monde de fous, mais il n’y a pas de cas vraiment établi où on a « raccourcit délibérément la durée de vie ou d’utilisation potentielle de ce produit afin d’en augmenter le taux de remplacement. ». Or c’est bien de cela qu’il est question dans la loi votée à l’Assemble Nationale
Merci pour cette synthèse bien intéressante de la littérature sur l’obsolescence dite programmée.
Mais qu’en est-il de ces vis aux têtes toujours plus originales, parfois de formes différentes sur le même appareil ? Et il faut aussi disposer de la version longue des tournevis car ces vis sont parfois profondément encastrées.
L’argument d’une fabrication plus économique par l’usage d’outils plus ergonomiques me paraît douteuse (voir photo). Et l’argument de la sécurité du consommateur est certainement très discutable. Qu’en penseraient des associations de consommateur.
Qu’en pensez-vous ?
Louis
http://www.quelfutur.org
Je dirais que ça n’a pas grand chose à voir avec l’obsolescence programmée : si il y a des vis, c’est que quelqu’un peut ouvrir, sinon ce serait collé, soudé etc.
Entre parenthèses il existe des produits ouvertement irréparables, comme la Swatch par exemple. C’est intéressant d’écouter un de ses créateurs expliquer les raisons et les conséquences énormes de ce choix.
Personnellement je me rappelle très bien des premières vis « de sécurité » que j’ai vu. C’était sur un le McIntosh que j’ai sorti du carton en 1984 dans une boutique qui vendait aussi des Apple ][ qui étaient toujours ouverts, avec des cartes plantées dedans , des câbles qui sortaient, et des miettes de pain dans les circuits. L’idée était que vous n’aviez aucune raison d’ouvrir le Mac si vous n’étiez pas le service après-vente de Apple, puis ils ont donné des tournevis spéciaux aux revendeurs agréés, et maintenant on trouve des tournevis partout si on a une bonne raison d’ouvrir…
Cher Dr Goulu,
Merci de faire la lumière, littérature scientifique à
l’appui, sur le fait que l’obsolescence programmée ne semble pas se trouver du côté
de la conception des produits manufacturés. Cela ne permet cependant pas de conclure à l’inexistence du phénomène, qui se trouve simplement ailleurs: dans la fabrication du désir que les consommateurs ont de se procurer de nouveaux objets alors que les anciens remplissent encore leur fonction.
Une sphère d’activité très importante, en essor constant depuis les années 1920, est entièrement vouée entièrement à la création de cette demande: c’est la technique du marketing. Il n’est pas nécessaire, pour une entreprise, de prendre le risque de se donner une mauvaise image en fabriquant des produits qui brisent très rapidement; elle peut tout simplement convaincre le consommateur que le produit qu’il possède déjà n’est plus adéquat et qu’il lui en faut un nouveau.
C’est le concept de la « destruction créatrice », théorisée par Joseph Schumpeter, et dont les dangers sont brillamment exposées le philosophe Bernard Stiegler.
Si l’obsolescence n’est pas mécaniquement programmée par les ingénieurs, il ne fait cependant aucun doute qu’elle est entièrement fabriquée par la science moins exacte du marketing.
Samuel
Selon la wikipédia, la destruction créatrice ne correspond pas à ce que vous dites : c’est » l’innovation portée par les entrepreneurs (qui) est la force motrice de la croissance économique sur le long terme ». Donc c’est l’innovation qui rend les anciens produits obsolètes pas la « création de la demande ».
Je ne voudrais pas trop m’écarter du sujet, mais le fait qu’on puisse « créer une demande » est pour le moins contesté. En marketing on distingue en effet le « marketing de la demande » et le marketing de l’offre qui « cherche à créer une demande non exprimée. » Notez le « demande non exprimée ». Personne n’avait besoin de téléphones portables, car la demande de communiquer avec quelqu’un n’importe où était une « demande non exprimée » car on ne pensait pas que c’était possible. De même, la voiture n’était pas une demande exprimée. Comme le disait Henry Ford « “Si j’avais demandé aux gens ce dont ils ont besoin, ils auraient demandé des chevaux plus rapides », mais la vraie demande était de pouvoir aller vite n’importe où.
Et c’est là qu’on retrouve la « destruction créatrice » : les innovations qui ont permis la satisfaction de ces besoins non exprimés a mis sur la paille les fabricants des jolis câbles spiralés qui reliaient les combinés téléphoniques d’antan et les maréchaux-ferrants.
Dommage, il me reste encore un combiné téléphonique de 1953 et un fer à cheval en parfait état : je les ai donc payés trop cher, je ne ferai plus la même erreur 😉
Dr Goulu, gardez-le précieusement votre fer à cheval et donnez-le à vos enfants. Un de ces jours il risque de servir…
J’ai acheté un lave vaisselle il y a deux ans. Le dessous de 4 piques qui permette de tenir les assiettes du panier du bas on vu leur revêtement se décoller au niveau de la pointe (pas du haut mais du bas). Le métal c’est mis à rouillé. Il ne faut pas être ingénieur pour savoir qu’une matériau oxydable dans un environnement plein de flotte est soit idiot, soit une escroquerie … soit de l’obsolescence programmé.
« L’obsolescence programmé » c’est l’autre nom pour « On vous vend de la merde ». Et le problème c’est que mettre le prix n’est absolument pas un gage de qualité, même une « grande marque » de nos jour ça ne veut plus dire quand chose (ma chaine hifi Philips ne me dira pas le contraire avec sont lecteur cd qui c’est mis rapidement à galérer pour lire des CD-R).
Pour compléter ma petite histoire :
Pour mon souci de panier qui rouille, que j’ai constaté par hasard quand remettant du sel, j’ai nettoyé et mis de la colle qui tiendra le temps qu’elle tiendra … et qui m’a couté 10€, j’aurais largement préféré mettre 10€ de plus dans une machine avec un panier inoxydable ! Mais curieusement c’est écrit nul part …
Quand j’ai cherché des solutions, j’ai cru comprendre que les paniers peuvent s’acheter … au prix d’un demi lave vaisselle … si ça c’est pas pour faire tourner le business …
« Aucun de vos arguments ne s’oppose à l’existence de l’obsolescence programmée » Vous avez parfaitement raison, et si vous avez lu l’article vous n’avez pas pu passer à côté du paragraphe :
donc inutile de vous énerver, d’autant plus si vous avez des réponses à mes questions.
« de par votre formation d’ingénieur je suppose que les considérations d’investissements et de ROI n’existent pas ». Vous devriez vérifier alors 😉 Je ne sais pas dans quel monde vous vivez, mais le ROI (ou d’autres indicateurs similaires) est juste la 3ème question posée au lancement de n’importe quel projet, et j’en ai vécu quelques uns… Or justement je n’ai jamais vu la durée de vie d’un produit dans des specs ni un dans un calcul de ROI. Dans les specs ou calcul de ROI, il y a un prix cible et un volume : on veut faire 100’000 aspirateurs à €100, combien ça coûte et combien ça rapporte ?
« Une camera aujourd’hui n’est qu’un agrégat de technologies éprouvées et rentabilisées depuis longtemps. » Depuis combien longtemps ? Depuis les premières CCD et mémoires flash ou depuis le super-8 ? Je ne comprends pas ce que vous voulez dire avec le Dyson (j’en ai eu un, c’est le plastique du raccord du manche qui a pété. La deuxième fois je l’ai balancé et pris un Elecrolux beaucoup moins cher)
Si mon calcul de la valeur actuelle d’un bien en tenant compte de l’inflation n’est pas sérieuse, je serai ravi de connaître votre calcul à vous pour m’expliquer pourquoi seuls 50% des ménages avaient un aspirateur en 1968 contre la quasi totalité aujourd’hui …
N’importe quel aspirateur peut durer 60 ans si vous ne l’utilisez pas. Les appareils électro-mécaniques de l’ampoule ont une durée de vie en heures. Evidemment, si un produit lâche juste après la garantie on est pas content, mais il y en a aussi qui durent beaucoup, beaucoup plus longtemps que la garantie. Alors soit certains fabricants sont tellement stupides qu’ils n’ont pas encore compris qu’ils pouvaient gagner plus en faisant de la camelotte, soit il faut peut-être envisager la possibilité que la durée de vie d’un produit ait une distribution assez étalée, avec un tout petit pourcentage dans la garantie sinon on se plante avec le ROI, et un gros pourcentage bien après la garantie pour que les clients soient contents et rachètent la marque. Mais pour accepter cette hypothèse, il faut connaitre un peu les statistiques …
Concernant votre PS3, je ne sais pas si c’était ce problème (un lien est toujours si pratique et facile, pourquoi ne pas en faire plus ?) Effectivement, ça sent mauvais. C’est volontaire ? Imaginez le scandale si un ingénieur de Sony ou un document rendait ça public. Ca coulerait la boîte. Vous pensez qu’ils prendraient un risque pareil ? Surtout qu’apparemment ils perdent de l’argent en vendant des PS3 (ils le récupèrent sur les jeux). Expliquez-moi donc l’intérêt de Sony de faire de l’obsolescence programmée pour perdre plus d’argent en remplaçant des PS3 vendues à perte … Est-ce que je mérite vos noms d’oiseaux parce que j’ose prétendre que c’était peut-être une réduction de coûts qui a mal tourné et qui a coûté très cher à Sony ?
Pour les imprimantes, je ne comprends pas non plus pourquoi les fabricants arrêtent de produire des cartouches vu que c’est justement sur les cartouches qu’ils gagnent, et pas sur les imprimantes qui sont « données », voire vendues à perte aussi. Ni surtout pourquoi ils font des cartouches différentes à chaque nouvelle imprimante. Je pense que c’est pour limiter la contrefaçon des cartouches, mais si quelqu’un a des infos fiables, ça m’intéresse.
Je note que vos exemple sont du même type que les miens : choisi pour illustrer différents types d’obsolescence parce qu’il n’y a toujours absolument aucune étude scientifique qui démontre que l’obsolescence programmée (au sens strict cf. article) existe. Qu’y-a-t’il donc de mauvais à ma « prise de position » qui consiste à dire que puisqu’il n’y a pas de preuve d’existence, c’est peut-être que ça n’existe pas ?
Pour les aspects environnementaux, je vous rejoins à 100%. Si tout le monde utilisait des Mercedes, Rolex, Miele etc, il y aurait beaucoup moins de déchets. C’est embêtant tout ces gens qui ne sont pas millionnaires et qui veulent aussi une voiture, une montre, de l’électroménager et plein d’objets que leurs grands parents n’avaient pas. Et bientôt les chinois, les indiens et les africains suivront …
Vite ! Introduisons des taxes écologiques et de recyclage, et augmentons les durées de garantie pour que les fabricants répercutent les coûts sur les produits, comme ça les indiens ne pourront pas se les payer et auront plus de temps pour se trier de vraies puces sur la tête plutôt que celles en silicium dans les décharges…
(oui, ok, je l’admets, des fois je provoque un peu…)
Passionnant. Bravo docteur, et bravo à tous les commentateurs.
Envoyé ce message à l’émission A Bon Entendeur de la RTS à propos de leur émission d’hier soir:
Bonjour,
votre émission sur l’obsolescence programmée était… moyenne.
Vous l’avez commencée par une erreur factuelle : le « cartel Phoebus » n’a pas été condamné pour avoir limité la durée de vie des ampoules à 1000 heures, mais seulement pour entente sur les prix. Il existe une raison physique pour laquelle les ampoules sont les plus économiques lorsqu’elles durent 1000 heures, je l’explique ici : https://drgoulu.com/2011/10/16/la-veritable-histoire-de-lampoule-de-livermore/
De plus, votre expert qui a dit que l’obsolescence programmée est impossible à prouver aurait du vous inciter à la prudence. En effet, il n’existe pratiquement aucun cas documenté dans la recherche scientifique. ( https://drgoulu.com/2013/05/01/lobsolescence-est-elle-programmee-2/ )
Comment se fait-il donc qu’une pratique supposée généralisée dans l’industrie ne soit pas mieux documentée que cela ? Votre émission a touché plusieurs fois des aspects de la réponse, mais sans jamais les creuser :
Entre les lignes vous touchez le fond du problème : le prix. Les produits durables existent toujours, mais ils sont plus chers. En étendant la durée de garantie ou exigeant des produits réparables, ils deviendront simplement plus chers, donc moins accessibles à autant de consommateurs, donc encore plus chers en raison de facteurs d’échelle défavorables. Les produits d’antan visaient quelques millions de consommateurs aisés, ceux d’aujourd’hui visent des milliards de fauchés : ça ne peut pas être les mêmes produits.
Donc hélas votre reportage n’a pas évité la tentation facile de reporter tous les maux de notre monde sur ces vilains industriels manipulateurs et avides de profit, comme tout le monde le sait, plutôt que d’expliquer les divers mécanismes de l’obsolescence, réelle pour tout un tas de raisons, mais probablement pas « programmée ».
A votre disposition pour faire mieux la prochaine fois.
Meilleures salutations
Je n’avais pas vu passer ça : Arrêt sur images a fait une émission de 1h30 sur le sujet : http://www.arretsurimages.net/emissions/2013-04-26/Apple-est-le-champion-du-tout-soude-tout-ferme-id5793 et aussi un texte intéressant http://www.arretsurimages.net/articles/2013-04-23/Obsolescence-programmee-ou-sont-les-preuves-id5789. Ca ne coûte qu’un Euro (de s’abonner pour un jour) et ça vaut le coup.
Un exemple qui me vient tout de suite, je ne sais pas si on peut vraiment rattacher à l’obsolescence programmée, mais on détériore sciemment un produit à un niveau inférieur de qualité.
La fabrications des composants informatiques : on grave une puce avec 4 cœurs, 8mo de mémoire cache, on désactive au laser la moitié de la puce et on crée artificiellement le bas de gamme (qui peut exister naturellement avec les aléa de la gravure, j’en conviens)
C’est en tout cas ce qui existe avec Intel, Nvidia, AMD.
Oui, juste. Alors il faudrait faire quoi ? vendre toutes les puces au même prix, donc un peu plus cher les processeurs pour le PC d’entrée de gamme de votre grand-mère et un peux moins cher ceux dans les PC des banquiers ? Le problème des puces, c’est que l’investissement pour une chaîne de production est colossal et les économies d’échelle telles qu’il ne faut produire que 1 ou 2 puces différentes dans une usine. Et le coup de laser permet d’adapter l’offre à la demande…
Mais votre exemple m’en rappelle un autre qui m’avait scié : la laine. Vous vous rappelez comme les habits de laine de votre enfance piquaient ? Maintenant il ne piquent plus parce qu’on use artificiellement la laine dans des machines qui altèrent les fibres pour qu’elles deviennent plus souples. Mais moins résistantes. Et elles pompent plus l’eau. Mais les clients sont prêts à payer plus pour que ça ne pique pas, quitte à ce que ces fringues durent moins longtemps…
Je suis resté sur l’idée que la laine pique et démange… Depuis 20 j’ai pas acheté un seul pull en laine ! Merci de l’info je vais essayer la laine « programmée obsolescente » qui ne gratte pas 🙂
Bonjour Dr,
Article passionnant, comme la majorité de vos articles que je consulte de plus en plus souvent. Mais cette fois, j’ose commenter.
En passant : la qualité des commentaires est également remarquable (propos et orthographe soignés, respect des autres…). Comme quoi la qualité est contagieuse.
C’était pareil pour votre blog foilers…
Au point 2 , « Beaucoup de théorie, très peu de cas concrets », je pense que vous avez omis une hypothèse : en situation d’oligopole, la possibilité d’ententes entre concurrents. D’ailleurs les cartels sont évoqués dans les commentaires….
J’ai également des éléments à apporter, complémentaires à tout ce qui a été dit précédemment, et qui selon moi expliquent le sentiment de « camelote » que nous ressentons en tant que consommateurs. Elle provient me semble t-il de la sous-traitance débridée (bridée devrait t-on dire, considérant qu’elle se fait en Asie ☺ )
J’ai 3 exemples vécus :
– Dans mon domaine professionnel (Médical pour simplifier), je représente un fournisseur qui est dans le top 2 mondial. Nous avons des machines dont les cartes étaient, jusqu’à peu, fabriquées en Europe. Depuis que ces cartes sont faites en Chine, avec prétendument les mêmes spécifications, leur durée de vie a drastiquement diminué. L’une d’elles par exemple passant de 2 ans à 6 mois! Et pourtant, cette carte est vendue toujours le même prix au client…
– Pratiquant le windsurf depuis 35 ans, j’ai un certain recul sur le matériel. Je peux vous certifier que, même sur du haut de gamme, la qualité a nettement diminué ces 5 dernières années, depuis que les fournisseurs ont délocalisé leurs productions d’Europe vers l’Asie. Cela m’a d’ailleurs été avoué par un distributeur France qui m’a expliqué le mécanisme : les marques définissent un cahier des charges pour leur nouveau modèle de produit (chaque année çà change). Elle le soumet à différentes usines d’Asie, qui renvoient un prototype, et une offre de prix. Sur cette base, la marque passe une commande d’un lot de « x » unités, pour l’année. Puis lorsque le lot commandé arrive en Europe, c’est parfois la grosse surprise avec des Inox, des stratifiés, des colles qui , à l’usage, sont de qualité bien moindre que ceux qui composaient le prototype présenté…
– Toujours dans le domaine du windsurf, je peux vous dire que 90%* des flotteurs de planche à voile stratifiés (probablement 99%* du marché est basé sur cette technologie), sont fabriqués chez COBRA, en Thaïlande, « World leader in Composite fabrication ». C’est à dire qu’ils sont sous-traitant pour toutes les marques mondiales. Qui pourtant sont concurrentes!
Cela rejoint la première hypothèse de votre point 2 « Beaucoup de théorie, très peu de cas concrets ». J’ose le néologisme « monopole d’oligopoles »
Donc même sans passer par « l’obsolescence programmée » stricto sensu, ce sont pour moi des arguments démontrant que c’est la pression économique qui joue en défaveur de la qualité des produits.
Sauf qu’avec les mécanismes que je décris, le consommateur final se retrouve à payer des produits à des prix identiques, pour une qualité se dégradant, alors que les grandes firmes augmentent leurs marges au passage.
Je peux ajouter que ce consommateur se fait de plus en plus rare, puisque son boulot a été délocalisé en Asie….
* Ce ne sont pas forcement les chiffres exacts, mais l’ordre de grandeur y est.
Merci
Si vous pouvez vendre le même produit au même prix en réduisant vos coûts via une production de camelote en Asie, pourquoi vous en priver ? Pensez-vous vraiment que « c’était mieux avant » parce que les entreprises faisaient exprès de petites marges pour offrir de meilleurs produits à leurs chers clients ?
En fait les prix ont aussi chuté (j’en donne quelques uns dans dans l’article, mais rappelez-vous du prix des premiers téléphones portables ou de ceux d’un vol Paris New York dans les années 70…) Ne pas oublier de tenir compte de l’inflation ! Je me rappelle que quand j’avais envisagé m’acheter une planche à voile, avant que ça s’appelle le windsurf, ça coûtait un mois de salaire suisse moyen. Aujourd’hui on doit être près de la semaine pour l’entrée de gamme.
Le consommateur européen (ou français) se fait rare, mais en Asie ça boume ! On a un deux milliards de mangeurs de riz qui rêvent de se mettre à la planche à voile, acheter des Mercedes , manger du chocolat etc.
En Europe, et je pense que les fabricants de bagnoles allemands et les horlogers suisses l’ont compris, nous devons faire des produits de qualité voire de luxe, quitte à ce qu’ils ne soient accessibles qu’aux quelques % de la population qui préfèrent payer un peu plus pour ne pas être embêtés et bénéficier d’un service impeccable.
En passant, ce sont plutôt les distributeurs qui ont maintenu, voire augmenté leurs marges. Les industriels sont sous une pression de prix incroyable depuis l’ouverture des marchés. Lire « Les nouveaux pouvoirs » d’Alvin Toffler à ce sujet.
En 4 ans de R&D, j’affirme que 90% des produits commerciaux utilisant des batteries Li-Po/Li-ion limitent la charge à 4.2V alors qu’une limite à 4.1V permet de doubler la durée de vie au détriment de 5% d’autonomie. Au delà de 4.2V, on tue la batterie à une vitesse folle. On trouve maintenant des produits avec un plafond de charge à 4.36V… Chacun en tire les conclusions qu’il veut.
Les machines à laver modernes utilisent des roulements à billes en PLASTIQUE alors que les roulements inox sont PLUS FIABLES et MOINS CHERS. Quelle conclusion ?
Autre point crucial qui est souvent oublié : on (ceux qui font du dev) fait tous de l’obsolescence sans le savoir : les commerciaux mettent la pression pour sortir les produits au plus vite, alors qu’il faudrait du temps pour faire des choses fiables. Dans le spatial et le militaire, y’a pas de soucis ça marche plus de 10 ans dans des conditions extrêmes… Le nombre de retour constructeur sur la 307 en est bien une preuve. Alors que des 205 ont plus de 200000km, et roulent encore sans avoir eu trop d’encombres.
Sur les batteries, il y a effectivement un lien peu documenté entre la tension de charge et la durée de vie : http://www.powerstream.com/lithuim-ion-charge-voltage.htm . Apparemment on perd plutôt 10% d’autonomie que 5%, mais il y a peut-être un marché là : vendez des chargeurs à 4.1 V, et vous verrez tout de suite si les consommateurs sont prêts à payer pour doubler la durée de vie de leur batterie. Apparemment certains modélistes le font parce que leurs packs de batteries coûtent cher. Et ça sera surement le cas pour les batteries de voiture si on les loue.
Sur les machines à laver, attention à deux choses. 1) comme pour les aspirateurs, vous pouvez mettre le prix pour une machine « pro » ou de qualité (marque M….e citée dans des commentaires, j’en ai une qui tourne 3j par semaine depuis 18 ans sans aucun problème). Et puis il y a des machines moins chères pour ceux qui n’ont pas le cash sous la main
2) c’est pas parce que c’est du plastique que c’est de la camelotte. Il y a des plastiques fantastiques avec lesquels on fait plein de choses impossibles ou alors beaucoup plus chères à faire en métal. Comme je ne connaissais pas les roulements à bille en plastique, j’ai trouvé http://www.boschrexroth.ch/country_units/europe/france/fr/produits_applications/translation_montage/rep_download/lt_catalogues/RF82930.pdf , mais pas de comparaison avec de l’inox. je ne doute pas que l’inox soit plus costaud, mais à quoi bon un roulement indestructible si le reste de la machine (moteur, pompe etc) ne tient pas la distance ?
Absolument d’accord sur le dernier point. Mais encore une fois les retours constructeurs + réparations sous garantie coûtent extrêmement cher. Je ne vois en aucun cas comment ça pourrait bénéficier au fabricant, donc ce n’est certainement pas de l’obsolescence programmée.
J’ai découvert un truc : les roulements plastiques, donc je me permets de rebondir dessus.
1 Les éléments roulants ne semblent pas être en plastique mais en verre. Question coût ca doit se tenir entre une bille en verre et une en acier, et le verre supporte des contraintes et températures plus élevées que le plastique (quoique ca reste à vérifier).
2 Je trouve un net avantage pour le roulement plastique dans cette utilisation : la résistance chimique et à la corrosion. Un roulement acier décède en quelques heures pour la moindre défaillance d’étanchéité alors que le roulement plastique n’en a que faire. Serait-ce un moyen économique de faire survivre nos machines à une bête usure de joint?
Bonjour,
un peu d’huile sur le feu, ou de piquant, c’est selon ?
« si le reste de la machine (moteur, pompe etc) ne tient pas la distance ? », vous le dites vous-même.
En fin de compte, ce qui semble accaparer l’attention, c’est le mot « programmée », et on peut en comprendre l’importance, mais au fond, l’émergence de l’obsolescence « rapide » (j’évite de dire accélérée) et de ses conséquences ne serait-elle pas plus problématique, et par pragmatisme, ne devrions-nous pas moins focaliser sur le mot « programmée » ? (plus du domaine de la justice, qui s’en occupe à la hauteur de ses moyens)
C’est précisément le sens de mes commentaires : je n’aime pas le mot programmée, parce que dans la majorité des cas, « nous » (les concepteurs) ne savons pas le faire (mais il est certain que si nous en étions capables nous aurions une pression en ce sens). Heureusement pour le consommateur la fiabilité est quelque chose de tellement dispersé (statistiquement parlant) qu’un fabricant qui prendrait le risque que ses objets défaillent _en moyenne_ peu après la fin de garantie le paierait _très_ cher en coûts de garantie.
Par contre je suis d’accord pour dire que dans certains cas, la longévité est loin d’être la qualité la plus recherchée, la faute en incombant à la fois aux consommateurs avides de nouveauté, et aux marketeux qui savent les convaincre qu’il leur faut absolument la dernière version sortie. C’est ce que j’appelle « l’obsolescence marketée », dont les preuves me semblent bien plus évidentes.
Il incombe à chacun de changer ses arbitrages, de marteler aux vendeurs que, oui, on cherche avant tout un produit robuste, et petit à petit l’info remontera aux oreilles de ceux qui, dans les boites, ont pour mission de sortir des produits qui répondent aux attentes des clients.
Si Nokia a vendu plus de 120 millions de 3310 entre fin 2000 et fin 2005 (comme je parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre, il s’agit de chiffres comparables à ceux de l’iPhone, qui a mis 4 ans pour dépasser les 100 millions), ce n’est pas un hasard.
Sur ce point :
« Sur les batteries, il y a effectivement un lien peu documenté entre la tension de charge et la durée de vie : http://www.powerstream.com/lithuim-ion-charge-voltage.htm . Apparemment on perd plutôt 10% d’autonomie que 5%, mais il y a peut-être un marché là : vendez des chargeurs à 4.1 V, et vous verrez tout de suite si les consommateurs sont prêts à payer pour doubler la durée de vie de leur batterie. »
– 5%, 10%, en fait c’est très variable d’un modèle à l’autre. Mais grosso-modo, pour une réduction mesurable mais acceptable de l’autonomie, la durée de vie double presque.
– Pour le marché du 4.1V : les puces électroniques « chargeur Li-x » sont intégrés dans le produit et non dans le « chargeur » (le « chargeur » d’un tél portable n’est qu’un convertisseur AC 220V => DC 5V), donc il n’y a rien à faire à part démonter le portable et dessouder la puce 4V2 pour la remplacer par sa petite sœur 4V1. Les puces sortent généralement dans les 2 versions 4.1V et 4.2V, au même prix. C’est uniquement un choix de designer de prendre l’une ou l’autre. Par exemple : http://www.ti.com/lit/ds/symlink/bq2057.pdf
J’apporte un peu d’eau au moulin. Certains mentionnent plus en avant que l’obsolescence n’a pas de fondement puisque qu’un consommateur lésé ne rachètera pas la marque incriminée, ce qui est en partie faux, puisque ce problème est maitrisé ‘en partie’ par les industriels. je m’explique :
Je sais de source assez sûre (un prof d’ergonomie cognitive qui a suivi assez ‘scientifiquement’ la conception de la Renault 19 dans le cadre de ces ‘recherches’ puisque ce dernier était aussi ‘chercheur’ dans cette matière qui consiste à comprendre l’interface machine/humain dans toutes ces composantes, y compris les plus subjectives, dont l’attachement, l’appropriation d’image etc…Je rajoute que le bonhomme est un des profs les plus bluffant d’intelligence et de finesse d’analyse que j’ai pu avoir)
Je vais essayer de relayer son propos de l’époque sans le dénaturer :
La renault 19 intégrait dans son cahier des charges une forme d’obsolescence qui consistait à fabriquer une voiture faite pour durer dans ces composantes essentielles (mécaniques notamment) mais tout en s’assurant d’envoyer des signaux clairs au propriétaire sur le vieillissement de sa voiture par le biais d’un vieillissement recherché des composantes secondaires. De façon simple, votre Renault 19 ne vous lâchera jamais (elle ne fumera pas, démarrera toujours bien etc.. les pubs de l’époque allaient dans ce sens) mais tous les plastiques de l’habitat se mettrons progressivement à vibrer de façon insupportable en prenant de la vitesse ou sur route un peu dégradée. L’apparition volontaire, pour ne pas dire programmée, de bruits parasites dans l’habitacle, était couché noir sur blanc dans le cahier des charges.
L’objectif pour Renault :
Que le consommateur soit pleinement satisfait de sa Renault, a qui il n’a jamais rien eu ‘à reprocher’, mais dont il perçoit, plus ou moins consciemment, qu’elle commence à se faire vieille… par comparaison avec les modèles plus récents et ‘encore silencieux’. Reste que le bonhomme est très content de sa ‘vieille’ Renault d’à peine 5 ou 6 ans et retournera probablement chez cette marque. Il revendra la R19 à un jeune couple désargenté qui apprendra à apprécier cette marque par le biais de cette voiture increvable mécaniquement mais pas vraiment regardants sur tous les petits à-côtés désagréables mais anecdotiques à leurs yeux car le but premier était de trouver une voiture fiable.
Pour l’anecdote, mon père a eu un R19, dont j’ai hérité quelque temps. J’ai pu vérifier par moi même les bruits parasites en question sur une voiture de 8 ans à l’époque. Renault avait bien maitrisé son sujet.
@Cedric : c’est bien raconté, mais cela relève malheureusement du fantasme. Je sais de source encore plus sûre, puisque c’est mon métier, que vous nous attribuez (je bosse sur ce sujet, chez le constructeur cité) des compétences que nous sommes très loin d’avoir. J’avais écrit un billet sur le sujet de la prévision de la durée de vie, déjà linké par Goulu (http://eric.cabrol.free.fr/dotclear/index.php/2013/05/02/1296-obsolescence-programmee). La thématique des « bruits parasites » est encore plus complexe, et moins maitrisée. Ces bruits sont dûs à des phénomènes vibratoires, qui entrainent des contacts entre pièces (plastiques le plus souvent), d’où les nuisances sonores. Nous essayons de faire au mieux pour qu’ils n’apparaissent pas, mais nous sommes parfaitement incapables de quantifier leur évolution dans le temps, ni par la simulation numérique, ni même par les essais car il est impossible « d’accélérer » (de manière réaliste) la prise en compte du vieillissement réel des matériaux (leur comportement évolue en fonction des cycles thermiques subis, notamment …). Il y a encore des thèses chez nous sur le sujet des bruits parasites, alors penser que c’était un phénomène maitrisé il y a 30 ans, cela me fait bien rire 🙂
Bonjour,
peut-être que d’arrêter de rire et de regarder autour de vous ferait changer un peu d’avis, d’opinion … qui est en plein fantasme, je me le demande ?
Ahh, le net et ses formidables interlocuteurs anonymes, toujours prompts à un petit mot doux et spirituel, mais parfaitement dénué d’argument, pour clouer le bec à ceux qui amènent des éléments concrets dans la discussion …
Sur ce sujet là, je pense avoir les yeux ouverts : je regarde ce que fait la concurrence, je lis des articles sur le sujet (un petit exemple ici, à peu près accessible à des non-spécialistes, et qui laisse entrevoir le boulot qui reste à faire pour maitriser le sujet : http://memagazine.asme.org/Articles/2011/October/Whats_Noise.cfm).
J’aurais du mal à fantasmer quoi que ce soit, c’est mon quotidien …
Sur d’autres sujets, le premier exemple donné par gibrocksonne dans le commentaire suivant est typiquement qqchose qui me semble plus convaincant (d’autant plus facilement que je ne connais pas le domaine)
Bonjour,
je reste anonyme si vous le voulez bien, et d’ailleurs, je ne tiens pas à vérifier si le nom avec lequel vous signez est un pseudo ou non. Je m’intéresse plus à ce que vous écrivez.
D’ailleurs, j’en profite pour glisser quelques excuses sur la forme de mon propos précédent. Non seulement je vous lis, mais je peux aussi me mettre à votre place.
Sur le fond, toutefois, je reste en désaccord, comme je l’écrivais en réponse au Dr des lieux dans ce commentaire de l’article:
https://drgoulu.com/2013/05/01/lobsolescence-est-elle-programmee-2/#comment-3060
Au fond, l’obsolescence est à mes yeux sans doute programmée dans beaucoup de cas, mais quand ce n’est pas le cas, émerge une situation aux conséquences comparables, alors qu’importe: le résultat est là, et le plus important, c’est de le reconnaître pour se donner la chance de changer de modèle.
Bonjour,
Un grand merci pour cet article très instructif.
Je n’ai pas de preuve à proposer pour démontrer que l’obsolescence programmée existe. Je souhaite cependant partager ici une expérience personnelle récente.
J’ai décidé il y a un an et demi d’investir dans l’achat d’un bon casque audio. Partant du principe que je voulais de la qualité et quelque chose qui dure, je n’ai pas lésiné sur le prix et j’ai opté pour un casque de marque Bose à 180€.
J’en ai pris soin. Pourtant après moins de 18 mois d’utilisation régulière, un faux contact s’est produit dans le cable au niveau des écouteurs. Bricoleur, j’ai sorti mes tournevis avec l’idée de démonter cela et de remplacer le cable. Quelle ne fut pas ma surprise de me rendre compte qu’il n’était pas possible d’accéder facilement aux connexions du câble. Je cherche une solution sur internet, je ne trouve rien et pour cause : il n’est tout simplement pas possible d’accéder à ces connexions.
Faisant jouer alors la garantie, je rapporte l’objet au service après-vente qui 3 semaines plus tard me rend un casque totalement nouveau.
Sensibilisé à ce problème de câblage, j’observe ce nouveau casque de plus prêt et il devient clair que c’est clairement conçu pour céder : le câble est extrèmenent fin (beaucoup plus que dans la pluspart des autres marques) et fragile, il n’est pas remplaçable, la connexion elle-même est très fragile. Je ne crois pas à un défaut de conception. Ce semble un choix volontaire : conçu pour céder et ne pas pouvoir être réparé.
La logique qu’il y a derrière ce choix ne manque pas d’interpeller. Peut-on être gagnant sur le long terme en trompant ses clients de manière aussi flagrante ? Jamais (plus) je ne conseillerai d’acheter Bose, jamais je n’achèterai plus Bose …
Peut-être avez vous une autre explication à cette situation ?
Michel
Non, je n’ai pas d’autre explication que celle que vous donnez vous-même : puisque vous n’êtes pas content de votre achat et que vous n’allez en aucun cas racheter un produit de la même marque, ce n’est pas de l’obsolescence programmée puisque le but de celle-ci est justement de vous faire remplacer le produit dans la même marque…
Comme pour mon ampli, la « réduction de coût » de votre casque a été très mal faite puisqu’une économie de bout de chandelle a pour résultat :
Bonjour,
là encore, vous semblez Docteur omettre un point important.
C’est un avis personnel, et sans lister de longues listes illustratrices, je pense que la marque en question, comme les autres, font un calcul différent, et si vous me le permettez, bien plus réaliste.
Précisément, Midou fait figure d’exception. La plupart du temps, le client n’est pas surpris de l’obsolescence, ne s’en offusque pas, la trouve normale puisque généralisée, et ne remettra pas en cause la marque en question. Il en aura d’autant plus de mal que le marketing pèse de plus en plus lourd dans son raisonnement.
Je fréquente des jeunes toutes la journée. Ils sont sur-équipés, ne prennent pas soin de leur matériel puisque de toute façon, il est prévu par eux, je souligne: par eux, d’en changer dès que possible, à la première nouveauté.
C’est un tour de force: le client s’auto-discipline lui-même à suivre les désirs des marques.
Les rumeurs sur un complot des trusts industriels ont bonne presse dans certains milieux non scientifiques. Par exemple l’invention d’un moteur (à eau ou autre) ne consommant pas de pétrole que les pétroliers tiendraient cachés pour conserver leurs profits.
Votre article est bien documenté, il est bien écrit et le propos est clair. Une fois sa lecture (et la lecture des commentaires) achevée, ce qui me gêne, c’est que je ne suis pas sûr d’en comprendre la morale. Quel est le message que vous cherchez à faire passer? L’obsolescence existe mais comme elle n’est pas programmée c’est pas grave? Si elle existe c’est pas de la faute des ingénieurs car ils font tout ce qu’ils peuvent pour créer le meilleur produit possible?
Ce que je devine, c’est que vous êtes quelqu’un de compétent, qui doit aimer son métier et essayer de le faire consciencieusement, Je devine aussi qu’à mesure que le concept d’obsolescence programmée se « démocratise », vous entendez dans les dîners de plus en plus de gens s’en saisir à tort et à travers et en quelque sorte attaquer l’intégrité de votre profession, ce qui vous pousse à réagir, à vous documenter (ce qui est tout à fait sain), et finalement à écrire cet article.
Cette démarche est bien humaine mais au final, ce que vous faites c’est « défendre votre bout de gras ». Et quand quelqu’un défend son bout de gras, il a du mal à être totalement objectif,
Effectivement, je défends le « bout de gras » qui est l’approche scientifique des problèmes.
Ce que j’essaie de faire passer, c’est qu’il y a trop peu de données établissant l’existence de l’obsolescence programmée pour pouvoir affirmer qu’elle existe.
Donc avant de légiférer sur des délais de garantie ou de briller dans les dîners en prouvant l’obsolescence programmée par la longévité de la machine à laver de grand-mère, je suggère juste que les gens connaissent les faits.
Et s’il n’y en a pas (assez), qu’ils les cherchent avec un esprit critique plutôt que de faire les moutons après un reportage sur ARTE… Mais c’est vrai que c’est plus difficile, alors bravo pour votre effort !
Moi, j’ai un exemple très clair d’obsolescence programmée qui date d’il y a 20 ans environ:
La première imprimante laser du bureau avait des cartouches toner qui possédaient un fusible capacitif pour faire tomber en panne l’imprimante avant que le toner ne soit complément utilisé.
Mais effectivement, après avoir trouvé l’origine de la « panne préventive « , nous avons changé de marque.
Mais on est d’accord, la plus part du temps, il s’agit surtout de conception « good enough » alias tirer au mince pour des raisons de coûts. Et là, le consommateur à aussi sa part de responsabilité: à vouloir toujours moins cher, il dégrade implicitement la durée de vie.
J’ai hérité du taille crayon de ma grand mère, acheté 48.–CHF en 1956, soit un prix que personne ne payerait actuellement. Mais après avoir raboté des milliers de crayons, il taille toujours aussi bien que le premier jour, et a moins d’un incendie, je ne vois pas ce qui pourrait le casser.
Ceci dit, je pense que le business Model « service » est l’avenir : ce deviens la responsabilité du fournisseur de service de trouver l’optimum entre durée de vie et augmentation de performance pour un service donné.
Bonjour,
Votre réponse me fait réagir car elle illustre bien « mon » obsolescence programmée. L’impression que j’ai, et ce que je déplore, ce n’est pas tant qu’ « on » limite les durées de vie, mais plutôt que je n’aie que peu la possibilité de mettre le prix dans quelque chose qui soit conçu POUR durer. Par exemple, j’aimerais pouvoir acheter, neuf, dans le commerce classique, à défaut d’un coupe chou, un rasoir à l’ancienne entièrement en métal duquel on pouvait changer les lames. Ecologiquement, c’est mieux, niveau confort, c’est pareil. Dans le même ordre d’idée, et dans ce qu’on peut difficilement se procurer, des stylos billes en métal (je marche souvent dessus, ils se brisent) . En réfléchissant pendant que j’écris je me rends cependant compte qu’il y a dans la manière dont nous achetons une grande part d’éducation au sens large du terme: je ne sais pas où trouver un sac à main dont je sois sûre qu’il tienne, pourtant ça doit bien exister…Je suis habituée à les changer souvent, comme si « c’était comme ça ». Une piste donc, référencer les fournisseurs d’objet « durables »…
Enfin pris le temps de lire cet extraordinaire article et je me sens nettement moins con à l’arrivée qu’au départ. J’imagine même pas le temps que ça t’a pris de nous mijoter tout ça. Un immense merci, sincèrement!
Mon expérience :
J’ai longtemps crû à l’obsolescence programmée tellement je changeai les ampoules de mon lustre fréquemment ainsi que ma cafetière et mon fer à repasser … puis je suis tombé sur un article sceptique et j’ai changé mon lustre au lieu d’incriminer mon distributeur , chinois de surcroît .Depuis je n’ai plus changé d’ampoules .
Pour ma cafetière , premier prix , et mon fer , je me suis mis un jour au thé et donc faisais bouillir l’eau du robinet dans une casserole .Résultat : gros dépot de calcaire dans le fond .Remède : vinaigre blanc .
A se demander si cette histoire n’est pas une invention du lobby industriel pour me dissuader de chercher à régler des problèmes simples .
Sont forts ces industriels .
L’iPhone est entièrement démontable, et on peut changer n’importe quel composant interne (l’antenne ou le vibreur, si ça vous chante).
Bon, il faut des petites mains, quelques heures et un peu de matériel (le tournevis étoilé et la ventouse, notamment), mais c’est carrément faisable.
Ok, c’est pas comparable avec une pauvre trappe arrière. Mais vu que même en les faisant durer le plus longtemps possible, j’ai jamais eu besoin de changer la batterie parmi tous les téléphones que j’ai eu, je trouve que c’est un très bon choix de conception de la part d’Apple.
Bonjour,
votre article est intéressant, comme d’habitude,
toutefois, il me semble que d’une manière générale, vous omettez un paramètre, un paramètre de taille à mon avis: un objet ne se limite pas à lui-même.
Plus clairement, cet objet, il faut le concevoir, le fabriquer, le distribuer, le vendre, le recycler à la fin de sa vie.
Cela a un coût, et peut même rapporter, objecterez-vous. Seulement voilà: il arrive que nous payons un objet bien moins cher que ce qu’il coûte.
Cela n’est pas rare, je parierais même que cela est très fréquent.
Il suffit pour cela que dans un seul maillon de la chaîne, nous vivions à crédit. Concernant l’énergie nécessaire à la fabrication d’un objet, à sa distribution, concernant la pollution que cela occasionne, concernant son recyclage, je crois bien que nous arrivons haut la main à vivre à crédit, et à payer moins cher un objet qui objectivement, coûtera à nos enfants, ou petits-enfants.
C’est l’obsolescence, de la planète au pire, du porte-monnaie de nos descendants au mieux.
Si vous faites peu de route, continuez de rouler dans votre voiture actuelle, même si celle-ci consomme plus qu’une récente, ou prenez en compte ce que va consommer la fabrication de la récente. Par exemple.
Alors ensuite, il y a la question autour du mot « programmée ».
C’est sur ce point que j’apprécie le plus votre article.
Pourtant, contrairement à vous, je suis persuadé qu’elle a une réelle existence, que les ententes sont nombreuses, parfois débusquées, souvent non, et qu’il n’y aucune raison pour que cela change puisque même condamnées, les entreprises concernées ne semblent pas en souffrir. (cf téléphonie et FAI en France par exemple). Que ces ententes concerne aussi bien les produits, leur prix, certaines étapes de fabrication, ou d’approvisionnement, etc.
Vous vous doutez bien qu’il est compliqué de faire la preuve de telles ententes, et que celles qui ont été pointées du doigts et punies sont la partie émergée de l’iceberg.
Et que quand ce ne sont pas des ententes, ce sont des décisions unilatérales prises dans une situation proche du monopole, visant à limiter la durée de vie d’un article. Apple qui double cette stratégie avec un marketing agressif et un renouvellement des gammes régulier en est un bon exemple.
Pour autant, cela ne disqualifie pas, à mes yeux, vos arguments, et dans une certaine mesure, je les partage aussi. L’obsolescence résulte aussi de choix de société, de la réduction des coûts, et relève dans une certaine mesure de l’émergence plus que du complot.
La prise de conscience concernant le recyclage et la pollution fait qu’aujourd’hui, nous avons beau jeu de condamner les décisions prises il y a 30 ans, mais en revanche, aujourd’hui, nous ne pouvons plus ignorer ou passer sous silence cet aspect-là des choses: elles coûtent plus que ce qu’on a bien voulu croire.
on ne peut aps convaincre si vous avez envie d’y croire.
concernant l’entente, c’est illégal et les entreprises sont punies. L’exemple du trio SFR-Orange-Bouygues par exemple.
Elles ont payé l’Etat (y a bon pour financer rouroute) et elles ont été forcées de laisser faire Free, ce que Free s’est empressé de profiter.
Alors le but n’a jamais été de tuer ces 3 entreprise, de mettre en pilori les patrons et de détruire les carrières des employés.
Si vous n’avez pas vu de Destruction Spectaculaire, c’est peut être dommage, mais ce n’était pas le but.
Le but est de détruire un oligopole pour ouvrir le marché à +
On est donc passé de 3 à 4 (haaaa mieux..) vivement 5 ? 😉
« les entreprises concernées ne semblent pas en souffrir »
SFR a licencié nombre d’employés récemment.
C’est ce qu’on appelle Souffrir.
Les 3 façons de se ruiner ne sont en tout cas pas de M. Folz mais seraient attribuées à Auguste Detœuf qui aurait lui même cité Rotschild http://www.aufildemeslectures.net/?P=d&au=626
Comme disait Abraham Lincoln « sur internet, toutes les citations sont fausses. »
D’après http://fr.wikipedia.org/wiki/Ing%C3%A9nieur#Dans_la_litt.C3.A9rature tu as absolument raison cher confrère, c’est dans un livre d’Auguste Detœuf. Je corrige, merci !
J’ai travaillé comme consultant dans de nombreuses entreprises et j’ai vu UNE fois une stratégie ouvertement basée sur l’obsolescence programmée. Il s’agit d’une société qui fabrique des chariots élévateurs. Les chariots sont vendus à perte et la totalité des bénéfices est réalisée sur les services d’entretien et de réparation. Tout est conçu pour se dégrader à moyen terme et de manière que le client ne puisse rien remplacer ou réparer par lui-même. Tout ça pour dire que l’obsolescence programmée existe bel et bien de manière isolée, que ce n’est pas seulement une théorie du complot. Ceci dit, les 5 raisons que vous évoquez pour expliquer la méprise me semblent tout à fait correctes.
Sur le manque de preuves concrètes, je l’explique ainsi : Cette stratégie marketing n’est pas illégale. En revanche, un employé est passible de poursuites judiciaires s’il copie et diffuse des documents privés appartenant à l’entreprise. Les conséquences seraient particulièrement graves s’il s’agissait des spécifications qui décrivent les types de pannes et les délais souhaitées. Puisque peu d’employés ont accès à ces documents confidentiels, retrouver la source de la fuite serait réalisable.
A propos des appareils électroniques en général, le cahier des charges spécifie le plus souvent un critère du genre « Taux de défaillance maximum pendant la période de garantie = 1000 ppm ». Il n’y a donc pas d’objectif en terme d’obsoloscence programmée volontaire, mais le niveau de fiabilité n’est requis que pour une période très courte (typiquement un an). Si on ajoute à cela la pression mise sur les équipes de R&D pour réduire les coûts, cela donne des produits à la durée de vie vraiment réduite.
Exactement ce que je voulais dire (en mieux).
Dr Goulu, excusez mes termes inadéquats sur le post précédent. Vous comprendrez alors que mon contact ne peut déposer son travail ici. Il est evident qu’on ne lui demande pas un délai de panne mais des coûts bas et une fiabilité « minimum ». Mais calculer une durée de vie minimum ne revient il pas à calculer (avec plus ou moins de précision) la durée de vie globale du produit?
En attendant, cela reste un débat intéressant.
Bien à vous,
Il y a certainement une dépendance entre coût et durée de vie, à technologie constante. La réduction du coût vise surtout les pièces non critiques : rien ne sert (au fabricant et au client) de payer trop cher des pièces qui ne causent aucun retour en garantie, il vaut mieux transférer une part du coût sur les pièces critiques.
Cet excellent article explique que quoi qu’on fasse, la durée de vie moyenne d’un produit doit être plusieurs fois supérieure à la durée de garantie, et que votre ami ou son chef doit bien maîtriser les statistiques pour ne pas faire de bêtises.
A mon avis, il a plus à craindre pour son emploi s’il réduit une fois un peu trop la qualité de son produit et cause un taux de retour de 10% ou plus qu’en expliquant son job ici. Mais s’il veut garder son job, le mieux est qu’il continue à faire ce que nous faisons tous : essayer d’obtenir le meilleur rapport qualité/prix.
Les derniers problèmes de Boeing avec leur 787 montrent bien que certains arguments d’obsolescence programmée sont limitées. Boeing n’a certainement pas conçu un produit qui prenne feu après 3ans et pourtant c’est arrivé. Vouloir des produits au top de la technologie impose certains soucis que les gens ne veulent plus assumer. Tout doit être nickel en somme, sauf ce qu’on fait soi-même bien sûr…
les problèmes de boeing viendraient de
1: de technologie de pointes
2: d’une dilution des responsabilités au sein de nombreux prestataires, chacun très spécialisés mais permettant aux responsables de se défausser
3: de retard suite à la complexité de ce nouvel avion
4: que c’est un secteur où on ne rigole pas. Ca se compte en milliards, une erreur peut tuer des gens.
Enfin de compte, c’est la preuve que le système fonctionne. Boeing a merdé, mais personne est mort, tout est mis en oeuvre pour améliorer la fiabilité, Boeing ne coule pas pour autant, c’est pas la fin de l’aéronautique. Le marché est fonctionnel, l’Autorité de contrôle a réussi.
Que de réactions à cet articles! J’en attendais pas moins d’un sujet qui fait autant débat.
Pour apporter mon grava à l’édifice, je me suis pas mal intéressé sur le sujet durant les dernières années, et j’en étais arrivé plus ou moins à vos conclusions. Quelques précisions sur ce parcourt:
Lors de mon semestre à Berlin, j’ai pris plaisir à parler avec plusieurs professeurs économistes et/ou ingénieurs qui avaient vécu « le mur », et dont certains parlaient encore couramment le russe.
Pour eux, l’obsolescence technique (je ne parle même pas de mode ou d’hyperconsumérisme volontaire…) était une réalité qu’ils ont senti après la chute du système communiste. Leurs appareils, bien que souvent plus rudimentaires, (j’ai en tête un exemple électroménager) tenaient, d’après eux, bien plus longtemps que les équivalents de l’ouest. Encore une fois, je n’enlève pas le facteur de complexité technique, mais reste que l’Etat n’avait alors aucun avantage à avoir un cycle de vie court, et donc de consommation de remplacement rapide.
Dans un autre exemple beaucoup moins scientifique, j’avais eu une discussion à l’armée avec un officier chauffeur qui m’avait alors parlé d’une marque de camion suisse ayant fait faillite malgré de bonnes ventes et des prix respectables, car une fois le marché saturé, ils ne vendaient pas de services et pièces de rechanges pour ces machines. Cette histoire là est tout de même à prendre avec des pincettes, l’information datant déjà de plusieurs années et la source n’étant pas à considérer comme fiable. A confirmer donc.
Toujours un plaisir de lire votre blog.
Oli.
Les camions, c’est probablement http://fr.wikipedia.org/wiki/Saurer . Leur division camion a été rachetée par Mercedes-Benz. S’il y a un « produit » qui démontre juste l’inverse de l’obsolescence programmée, c’est bien les camions : durée de vie minimale d’un million de kilomètres, service tous les 100’000 kms…
Les communistes faisaient certainement du très bon matériel. D’ailleurs ils continuent à pouvoir envoyer des hommes dans l’espace, eux. Mais ils ne comptaient pas leur coûts. Et finalement c’est tout l’Etat qui a fait faillite…
la Russie et Allemagne soviétique rêvaient de tout le luxe et facilité de « l’occident impérialiste ».
J’ai nombre d’anecdotes d’amis venus habiter en France me disant que gamins ils rêvaient des films starwars dont ils recevaient quelques miettes, des télés, des jouets, etc. Ou de la frustration qu’était la rationalisation du Travail où on te disait « tu feras ces études LA parce que l’Etat a décrété qu’on a besoin de X comptables ».
Nous n’avons pas vécu cet autre monde, nous ne pensons pas qu’il y a un prix à payer et qu’il y a une raison si ces gens en ont eu MARRE. Le Mur de Berlin est tombé parce que finalement, personne en avait plus rien à foutre de continuer comme ça. L’Autorité ayant elle même perdu la motivation.
Alors, attention de ne pas sortir mes paroles de leur contexte. J’ai juste transcrit des bouts de mes discussions, et aucune de ces dernières n’était emplie de nostalgie concernant la période communiste, qu’on soit clair.
Restons donc sur le sujet de l’obsolescence. Toute digression concernant Berlin, le Mur et le communisme pourrait rapidement nous rapporter des points Godwin. 😉
T’en fais pas Olivier, je surveille les commentaires avec l’attention du KGB et tout contributeur qui s’éloignerait de la ligne idéologique « respect et politesse » sera averti, puis envoyé au Goulag en cas de récidive.
J’accepte aussi les dénonciations anonymes.
Olivier J. > Pour eux, l’obsolescence technique (je ne parle même pas de mode ou d’hyperconsumérisme volontaire…) était une réalité qu’ils ont senti après la chute du système communiste
Avec la raréfaction des énergies fossiles sur lesquelles repose depuis deux siècles notre confort, il est tout à fait possible que nous observions la fin de cet hyperconsumérisme dans à peine quelques décennies.
On observe déjà une chute importante des ventes d’automobiles due à la stagnation des revenus + hausse du prix de l’essence, ce qui devrait pousser les constructeurs à proposer de plus en plus la location plutôt que l’achat (payer selon l’usage), avec l’intérêt de fabriquer des voitures encore plus solides.
C’est vrai pour les voitures, mais aussi pour tous les autres produits que nous consommons.
« Le prix du pétrole gouverne-t-il l’économie ? »
http://www.manicore.com/documentation/petrole/petrole_economie.html
Vincent : fabriquer des objets (voitures ou autres) encore plus solides, c’est aussi fabriquer des objets plus lourds, moins économes en matières premières. Le bilan « environnemental » n’est pas aussi simple qu’il y parait : quel % de durée de vie gagné, pour quel % d’augmentation de masse ?
Petite illustration :
Consommation : à peu près égales, environ 5 l / 100 km. L’amélioration du rendement des moteurs a été utilisée pour augmenter la sécurité, le confort, et l’épaisseur de la tôle avec des couches anti-rouille…
La prise de masse des voitures ces 30 dernières années résulte surtout d’une évolution radicale dans le niveau des prestations (sécurité – active et passive-, confort), phénomène qui résulte autant d’une attente réelle des clients que d’un discours marketing les ayant convaincus qu’ils avaient besoin de ces progrès. Heureusement, comme tes chiffres de conso l’illustrent, cette prise de masse a été compensée par les progrès des motoristes.
Mais l’actuelle génération de véhicules montre que le « peak weight » a été atteint, et qu’on entre dans une phase de décroissance chez presque tous les constructeurs, sous la pression du sacro-saint gramme de CO2. Et dans ce contexte, un kilo de plus pour améliorer la fiabilité, ça se chiffre en fractions de gramme de CO2, alors que l’UE impose aux constructeurs une feuille de route toujours plus drastique sur ce sujet …
Tu tiens la meilleure explication pour ce concept: la baisse des prix, qui impose de concevoir du « cheap » avec beaucoup de plastique, etc.
En revanche, tu n’évoques pas « l’obsolescence programmée » des ordinateurs, qui 3 ou 4 ans après leur sortie ne supportent même plus les OS de dernière génération. Que dire de l’iPad 1, qui ne peut plus être mis à jour et plante régulièrement?…
Je ne sais pas pour l’ipad, mais pour l’ordinateur il n’a pas d’obsolescence puisque Windows XP fonctionnera toujours très bien.
Ce n’est pas le cas des mobiles sous Android 2.x qu’il faut remplacer pour passer à Android 4.x
Rien vous force à passer au nouveau « système ».
Les systèmes ont aussi pour client les developpeurs et constructeurs.
Aux developpeurs, ils doivent apporter + de facilités, + de souplesses, + d’outils pour faire des logiciels de qualité
Aux constructeurs ils doivent apporter personnalisation, + de support matériels.
Obligatoirement, quand vous faites évoluer le système, vous finissez par casser sa « compatibilité binaire » : les anciens logiciels se retrouvent face à un système qu’ils ne comprennent plus.
Il est difficile d’améliorer un système tout en se restreignant au passé. Dans les années 80 c’était l’enfer (ça pouvait être en mois).
Avec le PC/Mac on est facilement maintenant sur 8 ans qu’un logiciel va fonctionner avec les évolutions du système d’exploitation
Le mobile est en pleine explosion: Android évolue rapidement, IOS gagne de nombreuses optimisations et ajouts pour intégrer toujours + de fonctionnalités du Mac.
C’est un marché jeune (le « mobile qui est un ordinateur de poche complet »), donc oui ça évolue vite.
MAIS
L’informatique est très normalisée : vos logiciels pour android 2.x ou ios 1 peuvent toujours utiliser le WEB
Ils peuvent toujours ouvrir les jpeg et mpeg4, les rtf et les docs.
Ils sont toujours fonctionnels
Rien ne les force à exploser.
Nul n’a « upgradé » le web en web 5.41beta4 qui oblige tout le monde à utiliser le navigateur android 4.x.
Même les évolutions de HTML 5, CSS 3, couteuse en temps machine et nouvelles fonctionnalités n’ont rendu le site de la sncf, wikipedia, facebook et mes blogs favoris incompatible avec le navigateur de l’iphone 1 ou des premiers android.
En clair: Vous êtes libre de ne pas suivre la Mode Informatique.
C’est votre passion d’avoir l’Etat de l’Art du logiciel qui vous motive, mais pas la rationalité.
Mon macbook air de 2009 mange toujours comme au premier jour les vidéo et documents que je lui envoie.
Bien sur il n’est pas de taille face à The Hobbit en 4K 48fps.. ha ben choupinou là… il saccade et il chauffe.
et après ? son écran n’est PAS 4K, et the hobbit est dispo en 1080p.
Peter Jackson ne m’a pas dit » « pas de the hobbit pour toi, tu es obsolète, va acheter le nouveau mac , muhahhahaha ».
–
Accessoirement, vous ne voulez PAS de l’informatique d’il y a 10 ou pire 20 ans. elle est TARTE.
–
Vous sous-estimez combien l’informatique est maintenant normalisée (protocole internet, format de fichier, protocole de communication) et nous a rendu moins dépendants des évolutions de systèmes d’exploitation que lors de ma folle jeunesse (année 80 aka le Far West, suivi de l’Age Noir du clone PC)
Oomu > Avec le PC/Mac on est facilement maintenant sur 8 ans qu’un logiciel va fonctionner avec les évolutions du système d’exploitation
Beaucoup plus que ça. Je serais curieux de savoir combien de logiciels écrits pour MS-DOS ou Windows des annnées 90 sont encore utilisés dans les entreprises.
Dans le cadre de mon travail, il y a une suite logicielle DOS pour le maintient des contrôleurs de trafic, datant de 1995. Comme ces machines sont prévues pour 18-22ans, la dernière posée en 2001… Et aussi un programme de lecture de compteur de trafic. Ceux-ci datent des années 1988… 1991; mais en cours de remplacement.
Mais pourquoi donc mettre à jour l’OS d’un ordinateur qui donne satisfaction ? Tu ne vas pas changer le moteur de ta bagnole lorsqu’un nouveau moteur plus économe sort, à moins que tu sois un mécanogeek. Si tu comptes le temps nécessaire à réinstaller un OS et tous les softs + le prix des upgrades softs, tu as meilleur temps d’aller acheter un autre PC ou iPad. Mais rien ne t’y force : c’est toi qui décides de rendre ton ancien achat obsolete.
À Dr Goulu : Parce que ce qu’il y a autour de l’OS évolue (applis, plugins, formats…). Par conséquent, un ordinateur non mis à jour peut ne plus être capable d’accomplir une tache simple qu’il pouvait exécuter à son achat. L’exemple d’un ordinateur qui ne peut plus lire les vidéos Dailymotion : http://bit.ly/12cuYCX
Je viens de découvrir l’excellent article de Tom Roud « La reine rouge de l’obsolescence » qui traite exactement de cette situation avec une idée qui me paraît nouvelle: c’est le changement de l’environnement qui force à « courir pour rester à la même place ».
Ce type d’obsolescence ne me semble pas figurer dans ceux listés dans les articles wikipédia, et en plus il faudrait montrer qu’il est volontaire. Est-ce que Dailymotion a changé de format pour obliger les utilisateurs à changer d’ordi ? Ou est-ce qu’ils avaient fait des choix technologiques qui se sont révélés mauvais (dangereux, coûteux, eux-mêmes prochainement obsolètes) et qu’ils ont eux aussi souffert de devoir changer ?
Et merci pour le lien vers http://www.ouinon.net/index.php?2013/04/29/487-le-mythe-du-mythe-de-l-obsolescence-programmee bon article, réfléchi, pas dogmatique, j’aime !
non. Dailymotion n’a PAS changé de « format » ni choisi un mauvais format à l’origine.
Dailymotion a suivi les meilleures pratiques et techno disponible sur le moment.
Flash avec le codec propriétaire VP6 puis Mpeg 4 puis html5+mpeg4.
Bref, ce sont des formats adaptatifs: avec l’évolution des machines, on peut proposer une meilleure qualité
Actuellement vous avez le choix souvent entre 1080p (ligne vidéo) jusqu’à 240p
Jamais votre machine d’il y a 10 ans était faite pour avaler du 1080p et ca n’existait pas à l’époque, mais elle peut manger du 240p et +
–
Accessoirement, les nouvelles machines ont de l’électronique dédiée pour le mpeg4.
Cela les a rendu à la fois beaucoup + rapide pour le lire, + économe en énergie et a poussé tout le monde à mettre en ligne des vidéos de meilleure qualité, pour le plaisir des spectateurs (explosion de l’usage de youtube et dailymotion: EXPLOSION, au point de devenir un enjeux politique pour Orange, Free et SFR)
Comprenez donc bien que :
– oui , c’était le bon choix technique
– non, vos vielles machines ont encore accès à du contenu d’actualité à leur hauteur. Itunes store propose des vidéos en « SD » à coté du « HD 1080p »
– non l’industrie n’est pas concertée de bout en bout. Quand Apple a bazardé (refusé de l’intégrer) Adobe Flash (et donc VP6) de ses iphones et ipad, youtube et dailymotion se sont retrouvés bien emmerdés. Ca les a poussé à rendre Mpeg4 incontournable.
– l’industrie est bourrée d’idées. Vous avez nombre de logiciels opensource ou commerciaux pour palier aux manques des industriels, possibilité de « dégrader » des vidéos trop lourdes, etc.
– vous sous-estimez le taux de renouvellement des machines et systèmes par les gens. Lire les blogs de développeurs indépendants est édifiant. Souvent ils passent à la nouvelle version du système pour leur produit parce que:
1 bien + efficace,
2 quasi tous leurs clients intéressés par de nouvelles fonctionnalités (et donc de payer) sont ceux qui sont déjà au nouveau système.
C’est économique, et oui les gens suivent rapidement la nouveauté.
Ceux qui ne sont pas intéressés ont toujours leur ancien logiciel qui marche, et y a toujours des alternative à chaque segment de prix et de compatibilité matérielle.
Un exemple:
Quand Mozilla abandonne les anciens mac powerpc pour Firefox, c’est parce qu’ils voient que plus personne n’utilisent ou prou (on a les chiffres) et qu’il y a au pire un projet alternatif pour ceux qui s’y accrochent.
Pour tout les autres utilisateurs, c’est un gain en performance (nouvelles techniques utilisées) et pour Mozilla moins de frais (de temps perdus) sur de la maintenance (ancienne architecture matérielle) inutile. Assurant que Mozilla peut continuer à rester « gratuit » et indépendant.
Mais nul n’a mis de bombe dans Firefox 1.0 , le protocole HTTP n’a pas bougé depuis la sortie de Firefox 1.0 et oui on peut aller sur amazon et lemonde.fr avec.
Dailymotion fournit toujours les vidéo en basse qualité que votre ordi était heureux d’utiliser avant.
Ce sont des ordis d’il y a 10 ans qui ont du mal à trouver de nouveau contenu en format timbre poste indeo.
À Oomu : je parle bien évidemment de vidéos basse def (je comprends parfaitement le fait de ne pas pouvoir lire de la HD, pas de problème là dessus). Effectivement, l’ordi (que j’ai donné à mon fils) a 8 ans et était, il n’y a pas si longtemps, heureux de lire ces mêmes vidéos, sur ce même site. Aujourd’hui, il ne peut plus.
Pour être précis, Dailymotion demande une mise à jour récente du plugin Flash, qui n’est visiblement pas dispo pour OS 10.4. Le tout en navigation sous Safari car impossible d’installer Chrome ou Firefox. Et bien entendu, en ce qui me concerne, je ne remets pas en cause les choix d’évolution de Dailymotion, qui n’a pas perçu les 2 000 € que m’a couté la machine à l’époque.
Lorsque j’ai commencé à travailler en 1976, une TV couleur coûtait 4000.-; le salaire d’employé était de 2500.-. Une réparation de 100.- à 400.- était rentable. Actuellement, la TV est à 500.-. Une panne, on jette… et on prend un modèle 3D plus grand, avec tout pi tout.
En 35 ans, mon ménage (je n’ai pas dit que c’était moi…) a consommé 3 aspirateurs, chaque fois de bonne qualité. Les petites pannes réparées par moi, la révolution technologique de l’aspirateur etant faible. J’imagine volontiers qu’un non-technicien change d’appareil. Dans le R&D, j’ai remarqué que les appareils médicaux mis au rebut le sont rarement pour cause de panne, mais parce que l’entretien coûte cher et qu’il est obsolète. Impossible de faire le parallèle avec les voitures (8) vu qu’elles ont souvent été achetées en bout de course. Cependant, lorsque les réparations se montent a plus de 1000.- pour 1-2 ans, on commence à réfléchir. Un signe cependant: sur ma première R16, le service était à 5000 km. Maintenant, c’est plutôt 20-30000 km.
J’ai eu affaire une fois à un mauvais choix de composant: des triacs qui ne tenaient que 3 ans. L’entreprise s’est fait racheter par la concurrente, qui a remplacé en échange standard les plaques comportant les triacs faibles plutôt que de les réparer (à 1000.- pce quand même). Quelques années plus tard, l’épidémie de pannes s’éteint. Mais c’est sur des contrôleurs de trafic, très chers, au fonctionnement suivi par un SAV coûteux et nécessaire.
Comme tu le signales bien, tout est affaire de coût/qualité…
Pas sûr que le six sigma fasse que les durées de vie se centrent sur la cible, tout simplement parce qu’elle est souvent définie de manière arbitraire, comme vous le montrez dans le post d’ailleurs. Par contre, ça va diminuer sévèrement les produits retournés qui coûtent très cher au fabricant. Le six sigma cherche à éliminer tout ce qui ne passe pas la barre des specs.
Ensuite, il faut quand même dire qu’il y a toujours des composants plus fragiles que d’autres. C’est pour ça qu’on retrouve un peut toujours les mêmes causes aux pannes. L’exemple du condensateur pris comme exemple dans la dernière poussée de fièvre sur ce mythe le montre bien. Il doit être le dernier composant à subir un vieillissement dans une TV LCD.
Reste que dans une démarche d’ingénieur R&D l’obsolescence programmée est un concept ridicule. Personne ne vous demandera jamais de viser une durée de vie exacte, mais plein de gens vous demanderont de tenir les coûts, les délais et de passer une barre minimale sur le plan technique pour justement éviter les retours.
Là c’est mon côté mécanicien qui s’est aventuré un peu loin, mais en principe si tu assembles de manière très régulière (automatisée) des produits avec des pièces qui ont des tolérances très serrées, leurs durées de fonctionnement seront très proches aussi. Sur une voiture on sait qu’il faut changer la courroie tous les x kms, la pompe à essence tous les y et l’embrayage tous les z. Plus besoin de faire un service tous les 10’000 km pour voir ce qu’il y a à changer.
Je ne suis pas d’accord sur le « leurs durées de fonctionnement seront très proches aussi »
La durée de vie est quelque chose de _très_ dispersé : si tu prends deux pièces, issues d’un même lot d’acier fournisseur, fabriquées sur les mêmes outillages, en leur faisant subir le même essai, tu peux obtenir des durées de vie allant du simple au double. C’est précisément pour cela que prétendre qu’on sait concevoir des pièces pour qu’elles tombent en panne juste après la fin de la garantie est idiot.
Ok, je suis tombé dans le piège que je dénonce souvent : se méfier de l’intuition… J’ai trouvé ce cours http://iml.univ-mrs.fr/~reboul/duree12011.pdf plein de formules comme on aime, avec une référence à la http://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_de_Weibull#Analyse_de_d.C3.A9faillances qui me rappelle de lointains souvenirs, et me ré-intéresse en raison de son application aux éoliennes ( http://www.wind-data.ch/tools/weibull.php?lng=fr )
Bon, reste que j’avais lu quelque part que la durée de vie des moteurs de voiture était d’autant mieux contrôlée qu’on avait resserré les tolérances mécaniques. Faut juste que je retrouve la référence. Mais ça ne veut pas dire que c’est vrai, en effet.
Weibull est la bonne piste à suivre 🙂
Le paramètre β (noté k dans l’article de wikipedia) dépend « des métiers » : dans l’électronique, il est proche de 1, ce qui signifie qu’une fois les défauts de jeunesse passés, les défaillances sont très étalées dans le temps. En méca, on a la chance d’avoir des β plus élevés, qui caractérisent une durée de vie un peu plus concentrée dans le temps. Mais ça reste très relatif, et le facteur 2 que je donnais est ce qu’on peut obtenir sur un essai d’endurance (répétable) en testant 2 pièces aussi simples (…) que des essieux souples (tôles assemblées par cordons de soudure), à cause de toutes les dispersions (matériau, épaisseur, process, géométrie …).
Sur un système complet, la dispersion finale sur la durée de vie résulte évidemment des dispersions de chaque organe pris indépendamment, et de la nature des interactions. Donc il est clair qu’en améliorant les tolérances de fab, on améliore la maitrise de la durée de vie finale. Mais elle reste très dispersée, et ce d’autant plus que le système est complexe (ce qui est le cas d’un moteur)
Je viens d’avoir une conversation avec un collègue plus au fait de la qualité au sujet de la relation entre les tolérances (dimensionnelles mécaniques) et la durée de vie d’un mécanisme. Et il m’a sorti une phrase qui fait réfléchir : « les tolérances, c’est un placébo pour les mecs du R&D. ». Selon lui, les ingénieurs dans mon genre (mais je me soigne…) ont tendance à se sentir mieux en mettant des tolérances serrées partout parce qu’ils se disent que ça a un impact sur la qualité du produit final. Alors que selon lui, non.
Mais je l’ai collé sur un dispositif tout simple que nous produisons en quantités et dont la durée de vie dépend essentiellement d’une lame ressort. Si on fait les calculs de fatigue (qui valent ce qu’ils valent…) on obtient un nombre de cycle qui varie du simple au double entre les tolérances max/min sur l’épaisseur de la lame…
Je crois que c’est le marketing qui gouverne maintenant. Si le client veut du robuste, et est prêt à mettre le prix, la technique s’adapte, cas de la marque Miele par exemple. Si le client veut du pas cher, la technique sait faire aussi mais c’est moins solide. C’est une question de maximisation du profit dans le cadre d’une image de marque.L’obsolescence n’est qu’une résultante des choix de stratégie commerciale, elle n’est pas programmée a priori.
Elle est pourtant bien programmée, sans quoi un bon ami à moi serait au chômage : son job consiste à calculer quels composants mettre dans le materiel (électroménager) afin qu’il tienne environ tant de temps/cycles. En chipotant, on peut dire qu’il nivelle par le bas la qualité de la « camelote ». Or il gère toute la gamme. J’ai le sentiment que la non obsolescence se paie de nos jours, et cher… si elle existe encore.
Et bien demande stp à ton ami de décrire ici en quoi consiste exactement son job. Ou d’envoyer son cahier des charges à wikileaks parce que jusqu’ici aucune preuve écrite de limitation volontaire de durée de vie n’est disponible.
pitié…. http://econoclaste.org.free.fr/dotclear/index.php/?2011/03/07/1773-le-mythe-de-l-obsolescence-programmee
Oui c’est un commentaire de cet article qui m’a mis sur la piste pour écrire https://drgoulu.com/2011/10/16/la-veritable-histoire-de-lampoule-de-livermore/
Pourquoi « pitié » ?
Bonjour, j’avais vu un reportage où un réparateur parisien analysait des écrans plats, et concluait que l’ensemble pouvait tenir 20 ans, mais que pourtant ces écrans lui revenaient continuellement et toujours avec les mêmes pannes. Des résistances bon marché et largement sous-dimensionnées, etc. Il estimait que ces grands constructeurs faisaient de petites économies sur des pièces essentielles, et qu’en moyenne 50€ supplémentaires par écran plat permettraient d’avoir des composants de qualité et d’atteindre des durées de vie de l’ordre de 20 ans.
Économiser 50€ quand on achète une télévision c’est bien, mais si on informe les clients en leur expliquant que les écrans qui coûtent seulement 50€ de plus ont des composants de qualité et sont rigoureusement sélectionnés, et permettent une durée de vie 4 à 5 fois supérieure, j’imagine que tout le monde opterait pour ceux-ci, même ceux qui pensent en changer dans 4 ou 5 ans.
Je pense que les grandes marques font délibérément ces choix, chacune dans son domaine : du bas de gamme sur des composants vitaux, officiellement pour faire des économies, en réalité une panne qui surviendrait 1 an ou 2 après la fin de la garantie leur convient parfaitement. Si la moindre réparation d’une télévision ou d’un ordinateur portable coûte près de la moitié de celui-ci ce n’est pas un hasard.
Que dire de la batterie qu’on ne peut pas démonter de l’iPhone…
Et politiquement, ce serait économiquement suicidaire de s’attaquer à ce problème.
Je pense que le passé à appris à ces entreprises à ne pas planifier et programmer ce genre de panne. Mais qu’elles s’en tiennent à faire le minimum. Pourquoi diable iraient-elles mettre une résistance à 20€ alors que celle à 2€ permet de passer la durée de garantie ?
La guerre des prix dans les TV est terrible, et comme les dalles viennent des mêmes fournisseurs, je ne doute pas qu’il soit possible de faire des téléviseurs plus durables.
Et si vous ne doutez pas que les clients achèteraient des TV durables pour un peu plus cher, allez-y ! Fondez une entreprise qui remplit ce segment de marché, créez de l’emploi, devenez millionnaire, entrepreneur vert de l’année, payez plein d’impôts etc. Go!
Si les grandes marques ne le font pas déjà, c’est qu’il n’y a pas autant d’argent à se faire que ça, d’une part parce que les gens sont beaucoup moins écolos que vous ne pensez, mais surtout parce que personne n’a aucune idée de ce à quoi ressemblera la TV dans 10 à 20 ans. Moi je pense qu’on achètera les m2 d’écran tactile en rouleaux à tapisser, voire en spray de nanoparticules qui font un pixel chacune et se connectent avec leurs 4 voisines, et là vous aurez l’air malin avec vos dalles …
Ce n’est en effet pas un hasard si la moindre réparation d’une télévision ou d’un ordinateur portable coûte près de la moitié de celui-ci. C’est parce que la moindre réparation coûte une heure de travail, et que construire une télé ou un ordinateur en coûte deux. Enfin un peu plus parce que ce sont des petites mains chinoises alors qu’ici, le réparateur a peut-être un diplôme universitaire. Ce n’est pas la réparation qui est chère, c’est l’ordinateur qui est devenu tellement bon marché que ça ne vaut plus la peine de le réparer.
La batterie de l’iPhone est un exemple souvent cité. A mon avis les téléphones sont des produits qui sont loués plutôt que vendus sans qu’on ne le réalise. On ne les achète quasi jamais à prix catalogue, on les paie via un forfait de téléphone de un ou deux ans (en Suisse, je ne sais pas vraiment comment c’est ailleurs). J’en suis à mon 5ème téléphone portable, je n’ai jamais changé la batterie d’un. De plus il y a un avantage à souder la batterie : lorsque l’iPhone tombe, sa batterie ne sort pas en coupant le contact et en obligeant d’attendre quelques minutes que l’engin redémarre… Si vous n’aimez pas ça, n’achetez pas un iPhone, ou faites un procès à Apple pour les obliger à changer les batteries d’iPhone, ils ont déjà été obligés de le faire pour l’iPod.
Pour info, une résistance électronique ça doit coûter dans les 2 millièmes d’Euro plutôt 😉 Et comme indiqué dans l’article, ce n’est pas simple de « passer la durée de garantie » pour des produits qui sont utilisés très différemment par les clients. En fait il faut que la garantie passe pour l’utilisation la plus intensive, donc avec une utilisation normale le produit va durer 2 ou 3 fois la durée de garantie.
Pour le cas des écrans LCD largement cités depuis ce nouvel accès de fièvre, il faudrait vérifier je pense comment étaient fabriquer les écrans en question. Parce que effectivement les dalles sont fabriqués par une poignée d’industriels qui les revendent au fabricants final, et je suis prêt à parier quelques euros que les fabricant finaux après avoir désigné leur produit (écran de telle taille, de telle performance, de telle finesse et de telle épaisseur) ils commandent donc leur dalle chez les fabricants de dalles, ils réalisent l’assemblage final et … Et les carte imprimés pour faire marcher tout ça est commandé en Chine avec des spécifications de taille, et les ingénieurs chinois les dessinent le plus vite possibles, en ne penant pas forcément pas a tout car ils sont presser par le temps, puis fabriquer par des ouvrier chinois qui sont aussi dans les mêmes conditions. Et du coup bizarrement oui les cartes imprimés présentait des imperfections de conception, mais c’est logique quand on cherche a les faire fabriquer au plus cout.
Et comme les fabricants finaux des télé ont surement plus de marge de négociation sur les circuits imprimé car plein d’entreprise sont capable de les faire que sur les dalles LCD, ba …
Ce sont les condensateurs des circuits imprimer qui crament a cause des défauts de conception. Sinon on peut aussi noter que les nouvelles télé du fabricant en question (Samsung si je me rappelle bien) n’ont plus le défaut en question, comme quoi …
10 ans en R&D industrielle. Jamais non plus entendu parler de telle consigne.
Pire : en ce moment je bosse pour ‘rattraper’ un concurrent qui vient de sortir un produit « de rupture » ayant une durée de vie multipliée par 5 !
9 litres aux 100 ? Et vous n’avez pas honte ?
Non pourquoi ? Mais c’est vrai qu’elle commençait à me coûter cher, alors je l’ai envoyée en Afrique où elle roulera encore quelques centaines de milliers de kms, et j’ai pris une BMW. Plus que 8 litres aux 100 et en plus j’ai bonne conscience: j’ai amélioré mon empreinte écologique!
Info constructeur ou retour d’expérience ? Cycle mixte ou ville ? Il y a quand même des voitures qui consomment moins… surtout aux pris d’une BMW… C5 hybride : 88g CO2/100km (peut-être plus chère que votre BMW je ne sais pas)
En tout cas super blog ! Bon l’approche purement scientifique pour traiter une question essentiellement politique me laisse perplexe. Vous faites un peu semblant d’ignorer que le mythe est clairement associé et profite à une idéologie alter-mondialiste portée par des « décroissants » sur l’air de « on nous cache tout on nous dit rien »… Donc évidemment il n’existe pas beaucoup de publication ni de stats sérieuses pour étayer leurs affirmations.
Retour d’expérience sur le même trajet que la Merc (je roule 135 km par jour). Je ne cherche pas à consommer le moins possible mais a rouler confortablement au moins 200’000 km en étant embêté le moins possible, donc voiture allemande ou japonaise, mais pas française, désolé. Disons que je minimise l’énergie grise…
La première phrase de l’article montre que je n’ignore pas que l’obsolescence programmée est née dans certains milieux peu scientifiques. Ce qui a motivé cet article est entre autre que les associations de consommateurs commencent aussi à relayer l’info comme si elle était avérée, et qu’elle atteint le politique.
Là c’est le moment pour le citoyen scientifique de dire « attention! ». J’ajoute que c’était une réelle surprise pour moi qu’il existe une littérature scientifique sur le sujet, mais qu’elle est essentiellement théorique.
Il y a là un sujet de recherche encore bien ouvert.
La réussite commerciale des voitures allemandes : un bel exemple qui démontre que la fiabilité est l’un des premiers atouts dans l’automobile… Mais je vous trouve un peu dur avec Citroën. Ils font des suspensions merveilleuses ! La DS 5 hybride (moteur thermique devant électrique derrière) est hyper confortable et silencieuse : la voiture du président 😉
D’autant que pour un gros rouleur l’hybride est encore plus intéressant. Par contre il y a effectivement peu de recul sur la durée de vie des batteries… surtout si les cycles de décharge journaliers sont profonds.
J’ai un respect total pour l’innovation et le design chez Citroën. Ma femme a une C3 et rêve de DS, nos pères avaient des DS, BX etc. Mais il faudrait vraiment les faire produire par des gens ayant le souci du détail et du travail bien fait, car toutes ces bagnoles souffrent de problèmes congénitaux qui font qu’on en change avant 100’000 km…
Outre les problèmes de jeunesse et de batteries, les calculs montrent que le delta prix entre hybride / essence équivalente ne s’amortit pas sur la vie de la voiture, du moins pas avec l’essence à 1.30 Euro que nous avons ici. Il manque effectivement des batteries à haute densité endurant des dizaines de milliers de cycles, et pas chères…
Prenez une skoda motorisée en TSI (essence), vous arriverez à 5L/5.5L/100 en roulant raisonnablement (je fais 6L/100 en ne faisant que de la montagne), et avec une durée de vie raisonnable (en prenant également en compte l’éventuel coût des pièces de rechange).
En diesel, il y a un record à 2L/100 sur autoroute (fabia greenline).
Votre commentaire sur la DS de votre femme montre bien ce qui vous attire réellement.