Warning: Undefined property: stdClass::$cover in /home/clients/35666af5317ba4b26577e5dc7df1a2a0/web/wp-content/plugins/openbook-book-data/openbook.php on line 165
Houlà, je prends des risques en écrivant une page sur ce sujet sensible… La raison en est mon goût pour les « idées non standard ». Ici, je vais tenter de démontrer:
- que le « terrorisme » est une tactique communement utilisée par le belligérant faible dans le cas de conflits asymétriques
- que cette tactique est vieille comme le monde, et pas du tout liée aux conflits « religieux »
- que les attentats sucide, ou kamikaze sont liées au désespoir des auteurs, plus qu’à leur endoctrinement éventuel.
- que de ce fait il existe de très nombreuses définitions incompatibles du terrorisme
Les conflits asymétriques
Lors d’un reportage TV, un leader palestinien disait en substance « si nous avions des armes anti-char et des missiles sol-air pour nous battre à la loyale, les palestiniens n’auraient pas besoin de se faire exploser au milieu des civils israéliens ». Si ceci vous choque, par exemple si vous êtes israélien, vous pouvez vous demander si David n’aurait pas préféré être aussi grand et fort que Goliath plutôt que de l’affronter avec une fronde. Il est clair que tout combattant préfère combattre à armes inégales lorsqu’il est le plus fort…
Que faire si on est le plus faible, qu’on est en train de perdre ou même que notre ennemi pense avoir gagné ?
- reconnaitre sa défaite, capituler. A quelles conditions seriez-vous prêt à le faire ? Probablement comme moi : seulement si on peut sauver ce que l’on considère comme le plus précieux et qui dépend de chacun, mais en gros sa vie, sa liberté, sa famille, ses valeurs… Mais si notre ennemi ne nous laisse aucun espoir ?
- frapper un coup « quitte ou double » comme la fronde de David : envisageable contre un ennemi individuel ou ayant un point faible
- monter des opérations « coup de poing » pour causer des dégats ponctuels qui obligent l’ennemi a payer un prix élevé, qui diminue l’intérêt de sa victoire ou le démoralisent. C’est l’approche traditionnelle de la résistance à l’occupation, ou de la guerre d’indépendance (ce qui est souvent la même chose…), par exemple:
- Les « Résistants » français, que les nazis appellaient « terroristes »
- les Vietnamiens, que les français puis les étatsuiens ont aussi appellé « terroristes »
- les sionistes contre les Anglais qui occupaient la Palestine…
- faire de la « résistance passive », ce qui cause des dégats économiques à l’adversaire également dans le but de rendre la victoire couteuse. Exemple le plus connu : Ghandi face aux Anglais.
- faire un maximum de dégats à l’adversaire, même en payant un prix très élevé, pour tenter de le convaincre de négocier.
- en désespoir de cause, tenter d’entrainer l’ennemi dans la mort par des attentats sucide.
Attentats sucide et désespoir
Un attentat sucide marque beaucoup plus les esprits qu’un attentat « normal » faisant le même nombre de victimes. Pourquoi ? Il n’y a pas de raison objective. Mais subjectivement, la détermination du kamikaze joue un rôle psychologique important. Au lieu d’un adversaire qui piège des voitures et les fait « lâchement » exploser après s’être mis à l’abri, on est face à un ennemi qui justifie son acte par des valeurs supérieures à sa propre vie. Il est alors tentant de considérer que le « fou » est un « extrémiste » ayant subi un « lavage de cerveau » pour le persuader que son « martyr » l’emmènera tout droit au Paradis. Il est certain que certains mouvements, notamment islamistes, pratiquent le recrutement et l’endoctrinement de personnes plus ou moins fragiles, mais il faut aussi reconnaître:
- que les kamikazes japonais ne sont apparus que lorsque la supériorité américaine dans le Pacifique soit devenue évidente. Dans le livre « J’étais un kamikaze » Nagatsuka explique comment l’idée de l’action sucide est apparue presque normalement dans le contexte du Japon de l’époque
- que le « record » des attentats sucides au XXème siècle appartient aux « Tigres de l’Elam Tamoul », qui n’est pas un mouvement religieux
- que de nombreuses cultures ont des « martyrs » ou « héros sucide ». En Suisse nous avons Winkelried Dans le nulissime film « Independence Day », même un américain devient kamikaze contre un envahisseur extra-terrestre…
Références
- Jacques Baud, Christine Lorin de Grandmaison "La Guerre asymétrique ou la Défaite du vainqueur" (2003) Editions Du Rocher ISBN:9782268044996 WorldCat Goodreads Google Books
- Ryūji Nagatsuka "J'étais un kamikazé: les chevaliers du Vent divin." (1972) Stock ISBN: WorldCat Google Books
- http://www.preventionsuicide.be/zfdcnet/textefdc/attentat.htm
- Site israelien de statistiques de l’Intifada retrouvé le 5/5/2013
- Statistiques de B’Tselem trouvé le 16/2/2008
6 commentaires sur “Terrorisme”
J’ai souvent été très critique sur d’autres sujets que vous avez traité, mais ici je partage entièrement votre point de vue, sans aucune réserve.
Face à un ennemi comme les USA qui fabrique pour les médias tous les documents à montrer et cache tous les autres, le plus faible n’a guère d’autres moyens que le « terrorisme », soit l’usage de n’importe quelle arme, n’importe où, pour atteindre n’importe quelle valeur traditionnelle, pour se faire entendre.
Bonsoir,
Aucune cause ne peut justifier que l’on égorge de sang froid un bébé de 2 mois, ces deux freres et soeurs et leurs parents (famille juive installée à Itamar – en Samarie – Israel). Comparer cet acte de grande bravoure avec une lutte d’un David et d’un Goliath est une aberration totale. David ne s’est pas attaqué à des bébés. Il a provoqué Goliath seul et l’a vaincu grâce à sa supériorité intellectuelle.
La barbarie ne demande pas d’intelligence. Lutter pour sa survie dans un milieu hostile qui cherche à vous éliminer en permanence demande et des valeurs morales et de l’intelligence. Peut-être le comprendrez vous dans quelques siècles…
« Lutter pour sa survie dans un milieu hostile qui cherche à vous éliminer en permanence » ça s’appelle la guerre et malheureusement ça tue aussi les bébés. D’ailleurs si vous n’aimez pas l’histoire de David et Goliath, je peux la remplacer par celle de la dixième plaie d’Egypte avec la même morale : face à l’injustice, le petit ne peut pas se battre avec les armes du grand. Ca n’a rien à voir avec une cause particulière et ce n’est en aucun cas une justification, c’est un constat.
La seule issue, c’est de rétablir la justice. Arrêter et condamner les auteurs d’actes criminels, c’est le niveau 0 de la justice. Le niveau 1 c’est de supprimer les causes qui les ont poussés à commettre ces actes. Et le niveau 2, c’est les commissions « Vérité et réconciliation » que ce terroriste de Mandela a instauré en Afrique du Sud.
Mais je vous rassure, Israël restera au niveau 0 tout comme Goliath ou le Pharaon : pourquoi faire des concessions lorsqu’on est le plus fort ?
Pour aller plus loin dans cette « idée non standard » :
En même temps ( exactement la même période) que :
Les nazis appelaient les « Résistants » français, des « terroristes »
Les occupants français appelaient les « Résistants » Algérien, des « terroristes »…
Deux poids, …N mesures…..
C’est la logique floue
Intéressant article dans « The Economist » qui montre que malgré la capture massive de ses membres et la décapitation régulière de ses chefs, Al-Qaeda ne montre aucun signe de faiblesse.
Ceci amène de l’eau au moulin de ceux qui soutiennent qu’Al-Quaeda est très peu structurée et opportuniste, peut-être même pas une seule organisation en réalité.
Dans ce contexte, tuer les chefs ne sert à rien: la seule issue est de supprimer les raisons qui font que des gens « normaux » soutiennent, puis adhèrent au mouvement.