C’est assez facile de faire rire des scientifiques ou des ingénieurs, car ils sont sensibles à de nombreuses formes d’humour.
Blagues
Il y a bien sur les histoire classiques comme « Dans un jeu télévisé, un ingénieur, un physicien et un mathématicien doivent construire une clôture tout autour d’un troupeau de moutons en utilisant aussi peu de matériel que possible.
- L’ingénieur fait regrouper le troupeau dans un cercle, puis construit une barrière tout autour.
- Le physicien construit une clôture d’un diamètre infini et tente de relier les bouts de la clôture entre eux jusqu’au moment où tout le troupeau peut tenir dans le cercle.
- Le mathématicien, voyant ceci, construit une clôture autour de lui-même et se définit comme y étant à l’extérieur. »
Vous en trouverez de nombreuses autres de ce genre ici.
(Auto)-Dérision
Les désormais fameux prix igNobel récompensent les recherches les plus étranges, republiées dans le « Journal of Improbable Research« . Je vous avais parlé ici des prix 2007, les 2008 ne vont pas tarder à être décernés, préparez vos zygomatiques. Ce qui me surprend le plus, c’est de voir la plupart des lauréats accepter leur prix avec le sourire et gratifier l’assistance d’une présentation en bonne et due forme de leur sujet de recherche farfelu, diffusée largement en video.
L’autodérision est également très appréciée dans la communauté scientifique. En particulier, le « Journal of Irreproductive Results » publie des articles parodiques voire délirants, mais respectant scrupuleusement le formalisme formellement formel des publications scientifiques de plus haut niveau.
Dans le même ordre d’idées, quelques aménagements du système international d’unités ont été proposés pour étendre le domaine d’application de la science tout en intégrant de quelques expressions du langage populaire dans le formalisme scientifique. Voir en particulier la norme NF UNM 00-000 dite des « unités pifométriques » dont je vous ai déjà parlé ici
Lois Universelles
Un moyen assez simple de faire coller la dure réalité expérimentale aux belles théories scientifiques consiste à tenir compte de quelques lois universelles additionnelles, complétant voire supplantant occasionnellement la logique pure.
Les lois de Murphy sont les plus connues puisqu’elles sont absolument fondamentales en ingénierie et dans la plupart des sciences expérimentales
les devises Shadok
Depuis 1968, les extraterrestres surréalistes de Jacques Rouxel continuent d’émailler les conversations de scientifiques et d’ingénieurs avec leurs devises célèbres, comme:
- pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? (oui, c’est bien des Shadoks, à l’origine …)
- s’il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème.
- il vaut mieux pomper même s’il ne se passe rien que risquer qu’il se passe quelque chose de pire en ne pompant pas.
- pour qu’il y ait le moins de mécontents possible, il faut toujours taper sur les mêmes.
Pour notre plus grand bonheur, certains épisodes aussi épiques que surréalistes des Shadoks sont disponibles sur le web, et d’autres en DVD. Voici par exemple une merveille de mixture cours de maths + délire :
Les informaticiens
L’humour des informaticiens est particulièrement caustique car leur discipline repose sur essentiellement sur un sur-ensemble des lois de Murphy faisant qu’un ordinateur exécutant sans erreur un programme réalisant la fonction pour laquelle il a été conçu tient du pur miracle.
De ce fait, les informaticiens sont des mystiques assez prompts aux blagues métaphysiques, mais aussi aux blagues à connotation religieuse voire racistes visant les minorités comme les adeptes de Fortran ou les Cobolistes.
L’humour informaticien est notamment très présent dans les Perlisismes, tels que « Il y a deux manières d’écrire des programmes sans erreurs. Seule la troisième marche. »
N’hésitez pas à mettre en commentaire d’autres références que vous pourriez connaitre!
10 commentaires sur “Science et Humour”
article repris sur knowtex : http://www.knowtex.com/blog/science-et-humour/
Les deux commentaires suivants ne servent effectivement à rien.
Les publicités sont choisies par Google, c’est assez savoureux parfois de voir les télescopages qui en naissent.
Comme vous, je ne pense pas que SoA ait vocation à être drôle.
@Abbot Hamm : le premier commentaire de chaque auteur est modéré donc en effet, votre commentaire a été pendant près de 2h en attente, ce qui me semble acceptable, donc je me suis permis de supprimer les 2 suivants …
Ce n’est pas le fait qu’il y ait de la publicité sur Scientists of America qui me gène, mais le type de publicité qui n’est ni en rapport avec l’humour ni avec la science.
Bref, je suis pour une liberté totale sur le web et donc je vous souhaite bien du plaisir et du succès avec votre site, qui jouit d’ailleurs d’une audience bien supérieure à Dr. Goulu, donc je suis mal placé pour faire la leçon.
Cela dit, j’estime tout à fait personnellement qu’il y a en effet encore du boulot avant que SoA devienne une référence de l’humour scientifique.
Nos oreilles sifflent, un ami nous signale cette discussion.
@Gredin : Monsieur Goulu a parfaitement raison, il y a des publicités sur Scientists of America, et à cause de l’argent, ce qui est morlament douteux.
En revanche, il ne faut pas en vouloir à « Nature », « Science et Vie » et autres revues scientifiques à comité de lecture de servir de support à des publicités, car elles ne font pas cela pour l’argent mais parce que ça fait « crédible », il semble que le projet soit d’entretenir une certaine confusion avec des modèles tels que « Scientists of America ». En un mot, la pub sert à faire vrai, car tous les grands médias en diffusent et servent, du reste, principalement à assurer cette diffusion. Avoir de la publicité, c’est être « comme un vrai » et un média sans pub est un média douteux.
Une autre problématique évoquée ici : quel est le degré de drôlerie du site Scientists of America ? Il est faible. Ce site, sous des dehors souriants, cherche à amener la recherche vers une certaine rigueur, une certaine pureté, en se refusant presque totalement à recourir à des facilités telles que la citation de travaux préexistants ou le rapport à la réalité et à l’épistémologie. Ce choix déroute certains membres de la communauté scientifique, tels que « Mario » qui, sur le forum Gamkult expliquait sa position : « C nimport koi ce site, lol, mdr ». Nous entendons bien ces critiques et nous ferons notre maximum pour nous améliorer.
Bien à vous,
Abbot « Abbie » Hamm, rédacteur en chef.
Un autre lien, sur Youtube, je ne sais pas du tout ce que c’est : http://uk.youtube.com/watch?v=57eh-Ty65u4
J’ai une blague particulièrement trash de matheux :
http://tomroud.owni.fr/2008/02/19/blague-trash-de-matheux/
Je pense que c’est bien un site d’humour, mais tous les articles ne sont pas drôles.
C’est vrai, il y a des pubs, mais je ne vois pas les mêmes que vous, j’ai des téléphones portables. Je me demande comment c’est ciblé, mais c’est bien fait car j’ai déjà une charmante slave à la maison tandis que je n’ai toujours pas de téléphone.
Sur Libération, Le Monde, le Figaro, Science et Vie, Nature, le Scientific american, etc., il y a des pubs aussi ! Je comprends que ce soit rédhibitoire.
Je trouve que les ignobel font un travail très sérieux, c’est vrai, et dans un sens ils parlent de la dure condition de chercheur. C’est bien.
Que pensez-vous du blog de bande dessinée de la demoiselle ? Je ne sais si elle a une culture scientifique solide mais elle s’intéresse au sujet, c’est original. Son collègue Boulet tient sous forme de livres une série nommée « rubrique scientifique » qui est amusante, très « dingodossier » ou « rubrique à brac » mais sans véritable intéret pour la science elle même.
Il y a eu une série nommée « La famille hachedeuzo » dans Science et Vie découverte, par des auteurs dont le nom m’échappe, ce n’était pas trop mal comme bd d’humour scientifique (mais léger).
@Enro, oui l’explication sur l’acceptation des igNobel est très intéressante, et je partage tout à fait l’avis que les « improbable research » sont avant tout de la recherche, le fait que leur thème déclenche l’hilarité n’est qu’un effet de bord.
J’aime bien aussi l’idée de planquer des petits gags dans les textes ou figures d’articles pour voir si quelqu’un les remarquera. J’ai moi même utilisé ceci dans la rédaction d’un rapport. J’en avais fait une première version très condensée de 3 pages destinée à mon chef, lui disant que je savais que son temps était précieux et qu’ainsi il aurait l’essentiel. Mais il ma rétorqué qu’après des semaines de travail je devais faire quelque chose de plus consistant. Au milieu des 30 pages que je lui ai pondu figurait une phrase du genre « en estimant la dérivée de la choucroute à l’aide de saucisses, on obtient une pression de 132 bars ». le rapport à circulé jusqu’à la direction générale, j’ai reçu des éloges pour la synthèse de la conclusion, mais jamais personne n’a relevé la phrase 🙂
@Rémi : comme Enro, je ne suis pas sur que Scientists of America soit un site d’humour. En tout cas il ne me fait pas rire et la colonne de pub pour de charmantes célibataires slaves m’incite à ne pas créer de liens vers ce site suce-pets. C’est pourquoi je me suis permis d’éditer ton commentaire. le blog cité ne vole pas beaucoup plus haut, mais bon, rien à en redire à ce stade …
Science et humour sont incompatibles, c’est scientifiquement prouvé ici (lien vers scientistsofamerica.com enlevé pour la raison expliquée plus bas) à moins que ce soit sur ce blog-là.
J’ai publié sur mon blog quelques articles sur l’humour scientifique.
Un billet, en particulier, essaye d’expliquer pourquoi les lauréats des Ig-nobel se prêtent au jeu avec plaisir…