Le magazine Discover publie dans l’article Map: Science’s Family Tree une « carte des Sciences » due à W.B. Paley, Kevin Boyack et Dick Klavans de l’Université de Columbia. Ils ont représenté les références entre 80’000 articles scientifiques répartis en 776 domaines dans ce superbe graphe (cliquer dessus pour l’agrandir) :

Les 776 domaines de recherche y représentés par les cercles de couleur de taille proportionnelle au nombre d’articles correspondants. 2 domaines sont d’autant plus proche qu’il y a beaucoup de références d’un domaine vers l’autre. Ils définissent ainsi des zones colorées selon les principaux domaines scientifiques (sciences sociales, médecine, biologie, chimie, physique, informatique.
On y voit entre autres (points numérotés):
- que les « sciences sociales » (en jaune) sont très connectées à la médecine (en rouge) et à l’informatique (en violet), mais pas à la chime (en bleu, près du point 4)
- les « plumes » grises qui entourent tout le graphe sont en fait les noms des 776 domaines de recherche. Ils ne sont malheureusement pas lisibles, même sur l’image agrandie
- les domaines où la recherche est la plus active (du moins par les publications…) couvrent une plus grande surface, comme la médecine (en rouge). Les maths, près du point 3, sont beaucoup moins actifs.
- aucune science n’est une île, sauf peut-être la chimie organique (à l’extrémité droite du continent bleu) qui ne se réfère à aucune autre science « majeure », mais uniquement à d’autres disciplines de la chimie.
- l’informatique est plus liée aux sciences sociales qu’à la physique appliquée qui réalise les puces.
Les graphes permettent de visualiser la structure émergeant de très grosses quantités de données. Plus à ce sujet très bientôt.
5 commentaires sur “Carte des Sciences”
Je ne découvre qu’aujourd’hui ce très bon article sur le sujet : http://www.knowtex.com/blog/cartographier-sciences/
J’ai hésité un peu avant d’approuver le commentaire précédent, qui ressemble à un autre déjà reçu pour un autre article et refusé car il me semblait à première vue hors de propos et destiné surtout à créer des liens vers le site de l’auteur.
Mais en fait tant ces commentaires que le site sous-entendent une remise en question de l’approche scientifique dont la force est (ou devrait être) d’accepter ces remises en question, donc j’accepte, je réfléchis et je réponds:
Oui, la construction du monde (scientifique) repose sur un nombre minimum d’axiomes, et changer d’axiomes fout tout par terre. Le problème est de proposer un nouveau système au moins aussi complet et cohérent que l’actuel.
Toute projection de données complexes sur un plan cartésien implique un point de vue, donc une « subjectivité ». Dans le cas présent, la carte ne tient effectivement pas compte du « poids » des contributions scientifiques, juste de leur nombre. Donc si un scientifique réputé (sur quelle base objective?) a établi un lien entre chimie et les sciences sociales mais que 100 ignares l’ignorent, le lien ne sera que d’1%, bien plus faible que celui qui lie la chimie à la physique par exemple.
Je ne crois pas que cette carte ait l’ambition de cartographier les sciences, mais plutôt les publications scientifiques récentes. La même carte réalisée disons tous les 10 ans et animée (le long de l’axe du temps…) montrerait que les liens entre sciences évoluent au cours de l’Histoire, et je suis prêt à parier qu’elles se rapprochent et s’interconnectent rapidement.
En particulier, l’informatique a créé et renforcé des liens entre maths+physique et sciences sociales, disciplines considérées comme très distinctes il y a quelques décennies encore.
C’est très heureux, et je dirai que l’ambition des scientifiques est probablement de faire ressembler cette carte à un disque homogène complètement interconnecté.
Dans ce cadre, l’effort de letime.net d’élargir la notion de temps en dehors de la physique me parait louable. A priori je ne vois pas pourquoi il faudrait remettre en question les bases de la démarche scientifique pour ça.
Je me permets cependant de répéter un avertissement que j’adresse souvent à ceux qui ont une vision « scolaire » de la science : il s’est passé beaucoup de choses au XXème siècle. La science n’a plus la vision « positiviste » et rigoureusement « déterministe » de la fin du XIXème. Comme le relève d’ailleurs le commentateur, le père de la chimie moderne (à qui pensez vous ?) a très bien pu remettre en question le système de Descartes, établi au XVIIème, mais Einstein, la physique quantique et Gödel en logique on carrément bouleversé non seulement leurs domaines propres, mais tout le mode de pensée scientifique depuis près d’un siècle. Attention à ne pas l’ignorer …
la construction du monde se fait à l’aide d’une base logique, changer cette base et le monde devient différent.
En d’autres termes,la présentation de cette carte est subjective surtout que le père de la chimie moderne a remis en cause le système Cartésien ce qui aurai du impliquer des liens forts entre cette science particulière et les sciences sociales.